mardi 22 novembre 2011

Régler son complexe d’Œdipe et tourner la page.

Chère Amélie Nothomb.

Un jour, j’ai déniché ton Hygiène de l’assassin esseulé et d’occasion sur une table, on aurait dit une vieille prostituée de la rue de saint-Denis. J’ai eu pitié de ses pages jaunies et déjà trop tournées.
Même si la couverture, que j’avais souvent croisée lors de mes furetages en librairie, n’était pas franchement alléchante, j’ai payé et j’ai consommé mon achat.

Ta description du dégoût de soi et de celle qu’on peut provoquer chez les autres y était fascinante…Tu es la première dont j’ai acheté tous les livres d’un coup.
Tu m’as fait tomber follement amoureuse de Pretextat – ton premier héros – et de son ignominie, de sa voracité et c’est avec sa gloutonnerie que j’ai dévoré tout ce que j’ai pu trouver de toi les semaines d'après.


Amélie, tu es l’amour de mes quinze ans.
Ta biographie en noir et gris, tes multiples visages toujours sombres et un peu fous, ton ego et ton propre personnage déformé, ta famille insolite, tes multiples terres d’accueil m’ont fait voyager plus certainement que n’importe quelle géo. Même ton air burtonnesque me séduisait, moi la gothasse boutonneuse.

Amélie, si tu savais comme je t’ai aimée. Tu fus mon premier amour littéraire, je n’ai pas honte de te le dire. Je pourrais même t’affirmer que si un jour j’ai envisagé d’écrire (dans mes rêves les plus fous) c’est grâce à toi.
Mais aujourd’hui ma décision est prise : je te quitte.

Ça fait déjà quelques années que je te propose de prolonger le break décidé unilatéralement en 2005.
Tous les ans, à la rentrée littéraire où ton éditeur aime te placer en haut de la pile, je te regarde dans les yeux (puisque tu es toujours en gros sur la couverture avec des sabres et des tartines de maquillage, bon goût quand tu nous tiens…) et je te murmure : bon cette année encore je vais te lire à même le rayon, sans te ramener à la maison. Un petit coup vite fait bien fait. Pas de petit-déjeuner à tes côtés demain matin.

D’étrange poupée, tu es devenu clown triste. Le ridicule de ton personnage a augmenté en même temps que la taille de ton chapeau. Le haut-de-forme ne fait pas de toi une magicienne et tu ferais mieux d’écrire que de te décrire dans des émissions racoleuses.
Sur moi, Amélie, tes tours ne fonctionnent plus. Ce qui sort de ton chapeau, c’est de la merde et elle n’a même plus l’audace de prendre des formes d'hirondelles.

Tu n’es plus seulement penchée sur ton nombril, tu en as fait un monde à part. Quand tu en auras étudié toutes les circonvolutions, Amélie, peut-être te rendras-tu compte qu’il n’est pas si différent des autres et que savoir le décrire avec brio n’en fait pas pour autant quelque chose d’exceptionnel?
Dommage que sous cette petite excroissance de chair il n’y ait aucune tripe mais un estomac que tu as trop rempli de fruits pourris (ceux que tu te vantes de manger sans froncer le nez).


Depuis Antechrista notre histoire n’est plus la même. La qualité de ton œuvre s’est réduite avec le nombre de pages. Fort heureusement, sinon mon ennui et ma frustration auraient été abyssaux.
Acide sulfurique c’est qu’un petit sursaut nerveux dans ta lente agonie. J’ose espérer que ta fin approche.

Ton dernier torchon – c’est bien comme ça qu’on appelle un livre qui a été « torché » un soir de lose où tu n’avais personne pour faire la fête nan ? – je l’ai lu comme on lit 20 minutes, dans le métro, un jour où je devais me taper trois quarts de la ligne 8.

Si tu as été l’héroïne de mon adolescence, tu ne seras pas celui de ma trentaine glorieuse.
Au programme dans cette « œuvre » : virginité, magie, danse, poker, drogues initiatiques et bolas.
Grâce à toi Amélie, je pourrais réussir ma prochaine colonie de vacances. Dommage que tu n’aies pas chanté du Brassens et que tu n’aies pas expliqué comment faire un bracelet brésilien, le guide aurait été complet.

Oh, on me dira que la critique est aisée (et arrive trop tard, mais comme tu nous ponds un nouveau bouquin tous les 12 mois, elle est juste un peu en avance sur le prochain) et que l’art est difficile, mais à près de 10 centimes d’euro la page (texte corps douze, au moins tu penses aux malvoyants), on ne parle plus d’art, on parle de commerce.
Amélie, en tant que professionnelle, je sais repérer l’imposture là où elle est.

À défaut de me convaincre avec « Tuer le père », tu m’as permis de tuer la mère.

18 commentaires:

  1. Aaaaaaaah, Nothomb, personne n'arrive à ne rien en dire.
    Pour ma part, je résumerais à une phrase mes quelques expériences avec elle(faute d'autres filles):

    Elle écrit comme un enfant.


    Sven L., peu exhaustif.

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  2. Bon... ben, tu n'as plus qu'à t'affranchir et faire mieux que ta maman littéraire ^^

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  3. Qui aime bien châtie bien et si (tout en ayant largement plus de 15 ans) la dame Amélie a su imposer rapidement un style et une personnalité, force est de constater que la personnalité a pris le pas sur le style...

    Très bonne critique littéraire au passage (cette boulimie des ados dès lors qu'ils trouvent quelque chose qui leur RESSEMBLE - livre ou musique).

    Bon, là, c'est plus "no tomb" c'est "tombstone" !! :D

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  4. Ah oui la fameuse Amélie Nothomb qui ne sort qu'un seul livre dans l'année, au moment de la rentrée littéraire (parce que ça fait bien, parce que ça fait de la pub!!). A vrai dire, il y a encore deux ans, je ne la connaissais que de nom (oui parce que moi, j'aime bien ne pas faire comme tout le monde, et tout le monde me bassinait avec cet auteur, donc pas lu). Oui sauf que lorsque tu es une bibliothécaire, il faut lire de tout. Le premier livre que j'ai lu d'elle m'a fait dire que j'avais loupé quelque chose (les Catilinaires), les autres (les plus récents) m'ont fait dire que c'est du foutage de gueule!! Elle a du talent mais elle est faignante!! "Mais pourquoi s'emmerder à paufiner la fin du livre puisque tout le monde va acheter mon bouquin!!" (effet de mode) Mais merde, elle a de bonnes idées mais elle en branle pas une!! J'avais lu un article où elle disait qu'elle en avait plus de dix livres écrits dans un tiroir donc quand la rentrée littéraire arrive: "pique ni douille, j'en choisi un, je le réactualise un peu et hop, jle balance au bon moment"!! Pfff, bref, ces premiers livres sont bons, les nouveaux...bah va peut-être falloir bosser un peu!!

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  5. Le pop-corn est partout... je suis sûr qu'elle s'entendrait bien avec Maxime Chattam : en as-tu lu, chère Ocytocine ? De l'horreur, du suce-panse, du frisson de poils qui se dressent, des bonnes idées pas assez exploitées, des fins qui partent en eau de boudin, vite lu et vite oublié, et oui, chaque année, il en repond un et je replonge, comme un bon ptit tox du format poche, junkie de la page remplie... Maxime serait-il le fils rebelle littéraire d'Amélie, ce qui en ferait ton frère de plume ?
    Hmmmmm.....

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  6. Bonne critique, ça se lit bien.

    Mais je ne pourrais pas en dire grand chose de plus comme Thaly, on m'a beaucoup parler de cet auteur sauf que je n'ai jamais trouvé le temps/courage/désir de commencer à le lire.

    Heureux soient les ignorants !

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  7. SVEN L. : Tu trouves qu'elle écrit comme une enfant? Tu vas soulever des hauts cris chez les fans.

    DAMIEN : Deja ca va m'éviter deux ou trois sceances chez tonton sigmund, c'est PAS SI MAL.

    ERIC : la style quand il n'est plus littéraire, est... pathétique?

    THALY : tu peux lire tout ce qui a ete publié avant Antechrista, y a toujours du bon a prendre... les deux douzaines d'apres, tu peux t'en servir pour caler ton bureau.

    re-DAMIEN : J'ai lu maximounet et je peux même te dire que je l'ai connu à l'époque ou il dédicacait ses livres ("Maléfice" et compagnie) dans le supermarché a coté de chez mes parents. Un type sympa mais que Indridasson balaye en une phrase, c'est clair!

    Soit dit en passant j'adore les polars, pour ceux qui ont des auteurs a me conseiller... je suis preneuse.

    GG: Mon ptit GG ne perd pas ton temps precieux.

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  8. Ha, le style... j'aurais tendance à dire qu'il est forcément littéraire.

    Même l'imposture (ce dont nous parlons ici, on est tous d'accord pour dire que l'auteur "Amélie Nothomb" est une imposture - du talent mais aucun travail... dans le temps (le mien de quand j'étais une jeune con) on disait fumiste ! un prof un jour m'a traité de fumiste, j'ai mis longtemps à l'accepter, je le prend s aujourd'hui comme une qualité, bref...), même l'imposture, donc, est un style !

    Plus que pathétique, dans le cas de cette surdouée-surparesseuse, je dirais : prostitutique ! :D

    Là encore, tu as parfaitement décris le concept dans cette critique.

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  9. Amélie mérite un détour... par la bibliothèque, que ce soit celle des amis, de la famille ou de la ville, mais de moins en moins par la librairie. Ses bouquins se lisent vite fait, entre le café et le goûter (très important le goûter^^) un dimanche aprem, encore en train de récupérer de la sortie de la veille, sans prise de tête mais sur le porte-monnaie des autres, les fans, ceux qui se ruent dans la fnac la plus proche en septembre.
    Je n'irais pas critiquer ses bouquins, les qualifier de torchons ou quoi que ce soit, d'autant qu'elle a effectivement quelques grosses réussites à son actif (je reste amoureux d'acide sulfurique) mais ça se consomme plus comme un carambar que comme un met de qualité.

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  10. Tout est affaire de style, c'est le plus important dans la vie, selon Bukowski.
    Qui est Indridasson ?

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  11. ROB : moi aussi j'aime bien acide sulfurique.
    Et je suis d'accord, a lire chez les autres pendant qu'ils préparent les pâtes!

    DAMIEN: Arnaldur Idridasson, c'est un auteur islandais (evidement) de polar (j'avais écrit de polaire au début. lapsus). gros succes en librairie. Et je l'aime bien...

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  12. Amusant, c'est exactement ce que je me disais depuis Acide, ou celui d'après dont j'ai oublié le nom.
    Et pourtant, oui, moi aussi, j'ai dévoré ses premiers et j'en faisais même la pub...
    Y'a plus de valeurs ni de repères aujourd'hui !

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  13. j'ai lu "stupeur et tremblements" apres avoir vu le film avec Sylvie Testud (pas sexy pour deux ronds, cette actrice française, mais quel talent ! purée ! enfin une qu'a pas besoin de montrer son cul ou autre pour qu'on ait envie de regarder le film. j'ai meme acheté le dvd de "Sagan" apres l'avoir vu en divx, c'est super rare chez moi !), bien apprécié (le livre de nothomb sur le japon, faut suivre, hein). puis acheté les catiliminaires vu que plein de monde autour de moi en parlait... me rappelle pu si je l'ai fini... picétou... d'après les témoignages ici, j'ai bien fait de ne pas investir plus, hihi.

    et à la bibliothèque, quand j'ai le courage/temps de m'y trainer, c'est plutot pour lire ou relire des choses que j'aurais du mal à acheter (livres épuisés ou pas sortis en poche) : de la SF, principalement, un peu de polars, à l'occasion, ou pour découvrir un auteur quand on me bassine vraiment avec et que je veux pas acheter de livre (meme sur priceminister).

    vala

    (@ M'zelle O : j'oublie pas ton mail, l'est encore dans la case "à répondre", mais j'ai eu un planning un peu rempli (euphémisme) depuis le retour d'Italie, ca va venir, patience)

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  14. Ah tiens, le dernier que j'avais lu d'elle c'était justement "Acide sulfurique". J'ai quitté la France peu après la sortie du "Journal d'une hirondelle". Je crois qu'on l'a ramené d'un de nos voyages au pays (oui, quand on rentre, il y a une valise pour les vêtements, et une pour les livres et les CD), mais les suivants, on ne s'y était pas penchés Zhomme et moi. Vu ce que tu en dis, je crois que je réserverai le peu de place dans la valise à d'autres auteurs. La concurrence est rude.

    Mais je ne pense pas qu'Amélie soit la pire imposteuse qu'on trouve dans les auteurs français. J'ai fait l'erreur cet été d'acheter "Le miroir de Cassandre" de Werber. Le pire livre que j'ai jamais lu de toute ma vie. Vraiment. Écrit par un gamin de 13 ans, tant dans son style que dans son contenu. Bref, un livre que je recommanderais chaudement à mon pire ennemi.

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  15. Sur Amélie Nothomb, je n'ai rien à dire (à part que 15 commentaires sur une critique littéraire, je me prosterne à tes pieds de blogueuse influente, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec le schmilblick, finalement)
    A part ça, si tu veux lire un EXCELLENT polar, je te conseille "La griffe du chien", de Don Winslow. Mais faut pas avoir l'estomac fragile, c'est un peu énervé sur les bords...

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  16. Ocytocine> N'ais peur de rien moi !

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  17. Ah zut, j'ai oublié de signer le dernier comz(qui était de moi, évidemment)


    Sven L, distrait chroniqué

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  18. Ah si journal d'hirondelle, pas pour la qualité de l'histoire, juste parce que le héros écoute en boucle Kid A, Amnesiac et Hail to the Thief de Radiohead...

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