vendredi 6 juillet 2012

Surfe sur le vogue.


Une fois n’est pas coutume, parlons d’un sujet tendance : le magazine féminin.
Je sais, c’est convenu pour un mois de juin, mais comme il fait un temps de novembre, ça donne un charme tout particulier au thème.

Pourquoi le magazine menstruel mensuel féminin ?
Je m’intéresse au sujet parce que moult blogueuses que j’admire-avec-les-yeux-qui-brillent-et-un-soupçon-de-jalousie s’insurgent régulièrement sur la bêtise crasse de ce qu’on peut y trouver.
Elles aiment pas beaucoup les torchons-à-grognasses, en général. Mais elles les lisent et ça leur picote la critique et moi j’aime bien le lynchage en règle, alors j’ai envie qu’elles en fassent d’autres et qu'elles crachent encore et ENCOOOORE.

Moi, par principe, j’suis toujours d’accord avec elles… parce qu’elles font ce que je suis incapable de faire : un vrai article critique avec des arguments et sans Monsieur Patate Frite dedans.
Elles sont convaincantes les vilaines, je suis sûre que certaines d’entre elles pourraient me faire bouffer de la fondue savoyarde ou écrire un article sur la sodomie chez les sexagénaires si elles essayaient (qui a dit « ou te sodomiser avec de la fondue savoyarde » ? Pervers à l'imagination fertile que tu es).
Alors je suis d'accord avec elles par principe, pour la forme, mais dans le fond, comme j'en lis jamais... je manque une part de la délectation attendue.

Car hormis les magazines de tatouages et, de temps en temps, un Closer dans les toilettes de chez ma belle-maman (qui sont décorées uniquement à base de grenouilles, un message subtil signifiant qu’en ces lieus d’aisance, tout est permis), je n’en ouvre que bien rarement.
Par contre, les magazines de tatouages, je les achète tous. Et ça fait rire le type du Relais H d’Opéra qui me balance un regard de connivence virile et un sourire goguenard qui signifie plus ou moins « tiens y’a la gouine-à-bottes qui vient se chercher ses revues de SM ». Jusqu’à la claque amicale sur le cul et le "T’aime ça ma cochonne", il n’y a qu’un pas.
Parce que je sais pas si tu sais, mais sur les mag’ de tatouages c'est toujours une gonzesse un peu pin-up qui étale son cul même si c'est son épaule qui est tatouée.
Peut-être même que, comble de l’humiliation, il me proposera un magazine de tuning d'ici peu.
Bref j’suis pas au point DU TOUT.

Pour parler de mon sujet, j’ai donc dû ramener à la maison un spécimen de « Elle » que j’ai récupéré au sport où il est gracieusement offert. J’ai d’abord laissé Monsieur Patate Frite le compulser du début à la fin, sinon je n’aurais pas eu la paix.
Parce que lui, contrairement à moi, il est très préoccupé par ces choses-là : les shampoings bio surtout, hin hin hin.

Déjà, je m’étonne que les blogueuses-que-j’idolâtre arrivent à trouver moyen de le « lire », moi je le commence obligatoirement par la dernière page, du coup à moins d’avoir un « Be » en yiddish je risque pas de biter un seul des articles.
Donc je regarde dans un sens, puis dans l'autre, et en bonne lectrice de roman, ces doubles/triples lectures, polices et couleurs sur une même page ça me file la germoulade et je dois me concentrer pour les lire.
Ma concentration s'arrête là, car pour lire les articles il ne faut pas être grand clerc.

Les articles… Parlons-en, enfin les suites de mots entre deux pubs j’entends, toujours la même rengaine que quand j’étais ado : régimes, les crèmes anti-peau de dindon, les grosses biatch.

Aaah, les régimes de magazine en 2 000 signes à base de protéines de pâquerette, de lavements à la poire et autres jeûnes pendant le solstice d’été.
Personnellement, je compte créer la "méthode O." : le don d'organes et l'amputation des membres inférieurs pour enfin rentrer dans son legging. C'est révolutionnaire : du jamais vu. Et ça fait des économies sur les chaussures.

Trop facile comme sujet pour un être perfide comme moi. De l’or en barre 0%, de la graine complète à mon moulin. Mais versons dans la facilité, y’a pas de raison.
J’imagine même pas combien de fois une femme qui a suivi toutes ces conneries à la lettre a pu perdre et reprendre le poids de la totalité de son corps.
Ce mois-ci, sans aucun problème de conscience ni aucun sens du ridicule, « Elle » titre : « Plus on mâche, plus on mincit ».
Moi je dis vivement le mois d’août, où j’espère lire « Plus on suce, plus on prend du nichon », ou au moins « Facilitez votre transit avec une plume dans le cul ».
Je peux même l'écrire, s’il faut
.
Les crèmes de jeunesse, elles, elles le sont vraiment, moi j'y crois. Tu peux les acheter en toute quiétude : un bébé africain mort de faim pour que tu aies ton essence de fleur du Kenya, un Asiatique de quatre ans pour la mettre en pot, un rat de deux mois pour la tester, une adolescente de 15 ans ukrainienne payée en roubles pour la promouvoir en 4x3… Ça fait une grosse moyenne d’âge qui a un cul de bébé, ça, nan ?


Et puis merde quoi, c’est « antioxydant »... Oui, "antioksiden"... Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que c'est le bien et que ça te permettra d'éviter le sac-à-plaisir sur la tête lors de ton prochain rapport sexuel biannuel...
ANTIOXYDANT = BAISE... En tout cas, pour une équipe marketing qui t’a chié ce terme pendant une biture avec deux chaudasses de l’école de médecine de Paris VI.
Tu savais toi que tu t’oxydais comme un bijou Claire’s… Dans ce cas, suffirait pas de te tremper la gueule 24 heures dans du Coca ? Je dis ça je dis rien.

Et les grosses biatch… Les grosses biatch… Mon sujet préféré.
Visualise : elles sont les quilles et moi la boule de bowling (ouais, je sais, c'est TRÈS imagé). Le strike.

Tu le sais, mon métier consistait, il y a encore peu, à faire de toi une fille horrifiée par son reflet ou un homme horrifié quand la « nana-qu’il-vient-pourtant-de-bien-s’amuser-dedans » se lève…
Oh, la belle existence professionnelle qu'a été la mienne : chez moi, c'est comme dans l'Exorciste, y’a pas de miroir sinon je vomis vert tellement j'ai peur de mon reflet.

Ouais mon chéri… La meuf parfaite sur laquelle tu te tires la craquotte, derrière, il y a moi et toute une équipe de non-biatch que tu serais horrifié de voir se lever.
Ne ricane pas en disant que tu sais bien qu’il y a deux/trois retouches, qu’elles sont pas vraiment comme ça… Joue pas les Illuminati, t’as rien compris à la Conspiration.

Sache, mon loulou, que sous mes ordres tyranniques, n’importe quelle Chantal Perrin devient Katy Perry. 
On n’affine pas : on rabote tout, on supprime des côtes entières, on tranche dans le lard de la cuisse pour en faire un travelo chinois.
On est loin d'être des dessinateurs de planche anatomique. Essaye de replacer une colonne vertébrale dans n’importe quelle silhouette qui sort de mon studio et admire. 
J’ai fait se suicider plus d’un ostéopathe, crois-moi.

Apprends que photographier une fille nue coûte plus cher qu’en sous-vêtements, alors on les prend en photo avec leur Sloggy et on leur rajoute un abricot en post-traitement. Si ça se trouve, la chatte que tu mates, c’est celle de ta mère.

Mieux : la plupart des femmes qui te font lever la choupinette, toi, monsieur, ou te font complexer ta race, toi, madame, n’EXISTENT pas DU TOUT. On prend des morceaux et on assemble, du "Dexter" à l’envers.
Cette femme n'est pas 1, mais 4 ou 5 filles internationalement pillées et découpées : sachez que vos jolies Occidentales, c’est aussi des peaux de Japonaises, des yeux de russes, des jambes d'Africaines, des dents d'Américaines et des cheveux d’Indiennes éclaircis et retravaillés sur Photoshop.
Si ce n'est pas une choucroute bouclée redessinée en 3D par un graphiste pressurisé qui mange du Mac Do’ et ne s'est pas lavé depuis 4 jours pour pouvoir faire mes corrections en temps et en heure.
Glamour, hein ?

Toi, fille, tu peux continuer à boulotter des Nut’s en toute quiétude, tu pourras bien manger Dukan (le diététicien en entier) et courir Laval-Carcassonne tous les week-ends, tu ne ressembleras JAMAIS une seule seconde à mes créations de Frankenstein.
Et toi, homme : ton spaghetti ne connaîtra jamais la parfaite biatch, si tu crois avoir trouvé le Graal, tu te tapes certainement un alien ou un brésilien, crois-moi.
Oui, tu peux noyer ta frustration dans la nourriture...
… Et benh naaaaaaaaan ! Tes pages recettes de fin de magazine (pas compatible avec le régime du mois, amour du paradoxe chez nos amies les rédactrices), c’est pas mieuuux : ta viande elle est vernie, ton fromage un prototype en plastique et la glace : de la graisse colorée au pigment.
Bah ouais ma paupiette : une glace sous les projecteurs, ça n'a jamais été autre chose qu'un milk-shake.
Tu croyais quand même pas que Ducros il se décarcassait à faire ses recettes ?
Tu es mignon.

La retouche n’est pas que dans ta culotte mais aussi dans ton estomac, la retouche c'est aussi et surtout dans ton esprit critique.
Je continue ou t'es gavé par ma morale hypocrite de Parisienne obsédée par son physique et les Twix ?

Allez, maintenant tu es gentil, tu vas lire un vrai livre sans image.
Ou lécher les vergetures des cuisses de ta meuf. Ça, au moins, c'est 100% élevé en plein air.

20 commentaires:

  1. Je ne peux pas m'empêcher de soupçonner bon nombre de bloggeuses d'écrire des articles assassins au sujet de la presse féminine uniquement pour se donner bonne conscience de la lire quand même (un peu comme elles regardent "Secret Story": personnellement, j'ai pas besoin de regarder pour savoir que c'est de la daube, mais il semblerait qu'un certain nombre de mes contemporains s'infligent ce calvaire pour, je cite, "mieux critiquer le concept". Euh...).

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    1. Perso j'ai jamais reussi a aller au bout de mon étude du "ELLE" que j'ai récupéré.
      Ya rien à faire.
      Disons que c'est un sujet tout trouvé et des fois ca fait pas de mal....

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  2. J'avoue m'être livré à mon petit vice en lisant cet article, en souriant toujours plus au fur et à mesure.


    Me frotter les mains en disant "excellent !"



    Sven L.

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  3. Mll O,

    Je suis ravi de retrouver toute votre verve au travers de cet article.
    Rien qu'en le lisant (entre deux fous rires), moi qui n'ai jamais lu de magasines féminin ai réussi à ressentir de la honte, du fait que j'aurait pu en lire !

    Mention spéciale au "Dexter à l'envers" qui m'a fait éclater de rire tout seul derrière mon pc.

    Merci encore pour ce bel article.

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  4. YES ! \o/
    Mlle O. is back ! :->

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  5. J'avoue, j'ai bien ri en lisant ton article !!!
    La presse féminine, j'étais une grosse addict depuis pas mal d'années, pis là, franchement, ça me gonfle de plus en plus, je ne les achetais plus que pour les pages beauté (ben ouais, que veux-tu, moi les anti-oxydants, l'acide hyaluronique, c'est un de mes dadas, mais Jack l'Eventreur aussi, les tatouages aussi, les organes en bocaux de formol aussi, les autopsies aussi, et la liste continue ... =D ).
    Il se trouve même que j'étais blogueuse beauté AUSSI, fût une époque.

    Par contre, merde, je t'envie de pouvoir t'acheter tous les mags tattoos, mensuels, bimensuels et autres ... J'ai dû arrêter cette activité y'a quelques années, pour cause de manque de fric. Depuis, je me rattrape avec le net.
    Et j'suis bien d'accord avec toi concernant la pin-up option big poitrine et cul rond sur la couverture de la plupart d'entre eux. Ça me désole pour l'image de la femme en général, et des tatouées, plus particulièrement.
    J'adorerais un mag' avec des filles "normales", comme nous, genre ce que voudrait faire Alice de Th'ink (http://www.facebook.com/#!/alicethink) (http://www.th-ink.co.uk/).

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    1. J'avoue que j'y laisse des fortunes en magazines mais c'est pour la bonne cause...
      J'ai rien contre les bloggeuses mode, bien au contraire, tant que ça reste artisanal avec des vraies filles... ma foi.

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  6. Ha, Mlle O. est de retour. Un peu de venin dans ce monde de biatch, ça fait du bien. Ça manquait presque.

    Il m'a semblé comprendre que t'avais un nouveau boulot ? (oui, six mois après, je débarque, mais je suis dans le même cas) Félicitations !

    Hâte de rencontrer tes nouvelles collègues sur ce blog.

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  7. T'as repris du poil de la teigne, cool !

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  8. et sinon il y a CAUSETTE
    C'est chouette chez vous Madame Ocytocine (bah oui madame ou mademoiselle il faut choisir) alors je me permet une légère et rapide intrusion , je frappe jamais avant d'entrer

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    1. Intruse donc. On est la pour tous s'introduire dans les blogs les uns des autres.
      C'est sale mais c'est bon.

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  9. Merci Mr OC de m'avoir fait découvrir Melle O. De la belle ouvrage. Bien écrit, drôle. What else ? Je vais aller fouiner dans les archives car les vacances d'été sont longues ...

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  10. Et bien 2 articles plus tard ça passe toujours aussi bien et je réalise que tu as employé dans ces deux articles deux fois "what else" tout comme dans mon commentaire précédent ce qui veut dire que: - soit tu aimes beaucoup le café (moi non, merci de demander) - soit nous sommes dans une sorte de transe qui fait que même avant d'avoir lu tes articles j'avais deviné que c'était chez toi un tic d'écriture et là c'est à proprement parlé foufou.

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  11. Jm'en vais lire le tien et je vois si on commence a songer au PACS tout de suite.

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    1. Tu utilises le mot "facécieux"... je crois que je vais en parler à ma mère.

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    2. M'est avis que Frau Ocytocine est une bien facétieuse personne ...

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  12. Kotan !!!
    J'ai moi aussi un nouveau travaillement, je suis joie, je suis bonheur et stakhanovisme enthousiaste du nouveau venu, huhuhu.

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  13. Sinon pour parler d'une autre illusion que la retouche photo, il y a : http://www.celebrityplasticsurgery.tv
    C'est bien trash à mater, autant qu'un loft story ou des mags girlies.

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