lundi 28 mai 2012

Ma vie est un reportage Arte (en huis clos et sans rebondissement, mais avec une perception qui se veut originale, donc).




J’ai découvert qu’on avait Internet dans les toilettes. Ou plutôt non, je me suis inquiétée très fort sur le bon déroulement de la digestion de monsieur Patate Frite en espérant ne pas entendre des détails triviaux qui auraient tué tous les papillons dans mon ventre aussi sûrement que Fukushima a rajouté un troisième œil aux poissons du coin (t’as cru que c’étaient des œufs de lump dans tes sushis ?).
J’ai fini par lui faire avouer que dans les toilettes on pouvait voler sans aucun souci l’internet du voisin et que de son trône, il se gavait de clips de mauvais métal et de vidéos de chutes en skate, le tout grâce aux générosités de notre camarade de palier.
DES CHUTES EN SKATE ? SANS MOI ?
C’était presque une cause de rupture.

Je t’ai pas encore parlé du voisin, qui élève avec tendresse des plans de marijuana. À chaque fois qu’il ouvre leur berceau pour les nourrir, elles rotent leurs effluves végétaux à travers notre beau couloir rose. Il aurait pu donner dans le furet ou le rottweiler, tu me diras.

Olfactivement généreux, il s’emploie aussi à faire partager ses délices culinaires : trois fois par jour des steaks de putois qu’il grille consciencieusement à l’huile d’olive et au beurre (je crois qu’il les aime carbonisés).

Non content d’être présent d’un point de vue, hum… nasal, il s’évertue aussi à mal jouer de la guitare (ils se donnent le change avec ma Patate, une vraie symphonie) et s’engueule chaque jour avec sa morue, qui lui hurle dessus mais n’a jamais songé à se trouver un autre looser moins jaloux.
Après il claque la porte et va faire un tour. Et puis sonne des heures à l’interphone parce qu’avec toute l’herbe qu’il s’enfile, il a certainement oublié ses clefs. Et elle, pour le faire chier, elle ouvre pas… et dix minutes d’interphone c’est pire que les fausses notes à la guitare, crois-moi.
Un bonheur, ce type.

Autant te dire que j’ai peu de remords à lui sucer la bande passante.
Et puis s’il est pas content, je le dénonce anonymement aux flics dans un grand élan de courage bien français, qui en toutes périodes a fait ses preuves.

Bref, je t’écris de mes chiottes.
Je suis assise par terre sur le tapis de bain, où le chat hésite entre dérouler intégralement un rouleau de PQ (au jasmin, what else ?) et boire l’eau des toilettes.
Point de suspense, il finira par trouver un compromis et faire tomber le rouleau dans la cuvette et par se barrer en miaulant en prévention de la sèche qu’il sait qu’il va se prendre.

À côté de moi il y a un cendrier, un Be et un Oops, et, comble de l’hygiène, une brosse à cheveux.
Bien sûr, un seul de ces objets est à moi, et sachant que je ne fume pas et que je vis avec un « Monsieur Propre », tu devines aisément qui lit des magazines intellectuels tels que « Oops » à la maison.

Sache que le Be de ce mois-ci titre « ULTRA BEAUTÉ : une peau parfaite, des cheveux sexy, un corps pour la plage »…
… Et là je m’interroge sur ce qui a bien pu pousser monsieur Patate à prendre cet ouvrage…

À 24 ans, il a une peau de bébé, il est pas trop emmerdé avec sa crinière, et quant à la plage… Sachant qu’on part en Islande, ça m’étonnerait que cette année il tente le trikini.

Et puis en plus ça veut dire quoi, « un corps pour la plage » ? Il ne manquerait pas un mot genre « PARFAIT » ou « OSSEUX »?
Parce que chez Be, le reste du temps, ils n’ont pas de corps, ils sont purs esprits, tu vas me dire? Ou alors ils en louent un avec poils de belette intégrés pour l’hiver ?
J’ose penser que leurs journalistes ne sont pas des poètes frustrés.

Passer son temps dans les toilettes/salle de bain, c’est devenir humble devant l’existence et le temps qui passe, c’est la régression et le retour dans le ventre chaud de maman, c’est le retour aux fonctions vitales de base. Un coup de pchou-pchou aux pins et on pourrait presque parler de retour à la nature.

C’est aussi tenter de nouvelles expériences ; se défoncer le dos et finir allongée dans la baignoire à fixer les flacons de gel douche en se demandant ce que peut bien vouloir dire « énergisant et stimulant » pour un gel douche à l’herbe du tigre (après le gode, le Dove ?).
C’est aussi envisager de mordre dans le savon au caramel puis se demander si on est victime de troubles alimentaires, si ce lieu ouvre toutes les possibilités ou si on est seulement indécrottablement conne.
En même temps, quelle idée de mettre un truc BON dans un autre qui se MANGE PAS ? Encore un truc de marketing à la con, ça.

On peut même se rassurer sur ses capacités intellectuelles en refaisant cet exercice de maths qui demande de calculer la vitesse à laquelle on remplit une baignoire qui fuit, avec la preuve en image.
Et puis on réalise que la calculatrice de Windows ne nous servira à rien parce qu’on n’a jamais su le faire et que c’est pas maintenant qu’on a un portable et qu’on est en mesure d’appeler un plombier (ou son père) qu’on va faire l’opération.


Sans déconner, on voit le monde autrement quand on voit le dessous de la cuvette des toilettes et celle du lavabo. Déjà, on réalise qu’on est des gros dégueulasses et qu’heureusement, on ne reçoit pas tous les jours des nains à la maison.
Même pas je regarde derrière le lavabo, je sens que je vais ou vomir, ou choper une déclinaison rare du typhus, et rappelle-toi que dans mon hôpital de quartier les médecins sont meilleurs en porno des années 80 qu’en diagnostic différentiel.

On réalise qu’on dévore beaucoup trop de paracétamol : trois boîtes ouvertes dépassent du meuble à médicaments, tu sais, celui qui défie les lois de la gravité (encore plus que celui où tu empiles tes slips)…
Tu te rends compte que tu n’as jamais cessé de jouer au mikado, il suffit que tu tires sur un sachet d’aspirine pour que s’écroule cette tour de remèdes constituée à force de grippes, d’angines et de piercings infectés (enfin, pour les plus rock‘n’roll d’entre nous. Que celui qui a la peau trouée et que ne passe pas sa vie à s’oindre de Septéal me jette la première pierre… ou me donne sa recette).

Quand on passe sa journée dans la salle de bain, on peut même en faire un article…
Par contre, ça n’empêche pas de se rendre compte qu’on a envie de pisser une fois assise dans le bus… hum.

11 commentaires:

  1. c'est beaucoup plus rigolo qu'un reportage sur Arte ! me suis bidonnée devant mon ordi, au point d'en lacher ma clope pour pas tousser, c'est dire...

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  2. Je lutte a ma manière contre la tabagisme!

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  3. Tu viens de me rappeler pourquoi je ne regarde pas arté: Pas de narratrice aussi rigolote que toi.



    Sven L., que c'est bon de lécher.

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  4. Pareil, vraiment excellent, merci :)

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  5. Prendre un truc dans l'armoire à pharmacie, c'est un peu comme jouer à la tour infernale avec des moufles. Je compatis et d'un autre côté me voilà rassurée, je me sens moins seule dans ce combat perpétuel.

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  6. Que devient Mlle O. depuis deux semaines ? Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, parait-il, mais bon, quand même...

    Ton contrat pour l'été est déjà commencé et tu es à nouveau surbookée ? Le voisin s'est rendu compte que sa connexion "débordait" dans ta salle de bain et a coupé les vivres ? Tu prépares le record de fréquentation de la salle de gym et t'as plus une minute à toi ? Ou t'es partie faire un petit break "vacances" avant d'attaquer un été studieux (me semble qu'il y avait ce projet en cours, la dernière fois, mais à mon grand âge (ayé, passé la décénie vendredi, j'peux radoter en toute impunité maintenant :-p), je ne me souviens pas toujours des détails).

    A bientot j'espère, ici ou en mail pour donner des nouvelles si t'en as l'envie, le temps et le courage.
    bizzz

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    1. Melle O. bronze à Reykjavik (Cf. Facebook) pendant que nous trimons tels les damnés moyens.

      S'il vous plait, insistez (lourdement) avec moi pour que nous ayons au moins des photos, à défaut d'un article saignant sur nos voisins islandais (surtout sur ce qu'ils ingurgitent comme antigel pour se tenir chaud). :-)

      Bien cordialement,
      Kébra

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  7. des photos ! des photos ! des photos !
    (mission accomplie)

    me semblait en effet que Mlle O. avait parlé de balade en juin (pour ça que j'ai attendu après le milieu du mois pour mettre un ptit mot et demander des nouvelles), mais je n'avais pas enregistré "tout" le mois de juin, hihi...

    allez, je répète pour être sure qu'elle le voie, hein :
    des photos ! des photos ! des photos !
    :)

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  8. yo les nazes,
    je fais dodo, je me nourris correctement, je change de vêtements et peut etre aurais-je à nouveau les faculté intellectuelle et physique nécessaire à la bonne rédaction de conneries bloguesque.

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  9. genre j ai oublié les "s" et tout... c'est chaud...

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