jeudi 10 novembre 2011

Loi du Talion ou l’art de péter un composite.


Il y a quelques semaines, je rentrais chez moi après une journée harassante de travail (blog/Facebook/apprentissage des déclinaisons honteusement compliquées de l’islandais/pozclopes : que du lourd) et j’étais très pressée d’établir un contact physique avec de la nourriture de qualité (type chocolat).
Mais les éléments étaient contre moi, après avoir raté le bus et le métro, je me suis retrouvée coincée derrière « la famille tortue » (jamais on n’a vu/jamais on ne verra/la famille tortueÇa y est tu l’as dans la tête ?).

Je trépignais d’impatience et piétinais en soufflant derrière une mère de famille TRÈS nombreuse : deux individus enfants, un sur ses pattes, un dans un véhicule motorisé et la moitié d’un dedans le ventre à la dame ; soit trois personnes et demie encombrant toute la largeur du trottoir.
Enfant 2 pleurait dans sa poussette et couvrait sans aucun problème les hurlements de mes écouteurs tandis qu’enfant 1 jouait sur le bord du trottoir.
Enfin une bonne mère qui a compris qu’il faut toujours laisser les enfants jouer sur le bord des routes parisiennes, connues pour leur manque d’affluence et de dangerosité. Ça leur apprend à ne pas avoir peur de traverser sans regarder.

Loin de moi l’idée de juger les problèmes d’ubiquité d’une maman débordée, gérer deux mômes et demi me semble aussi compliqué que faire des pompes avec un pack de bouteilles de Fanta orange sur le dos.
Pourquoi on ferait ça tu me diras ? Les pompes avec du Fanta. À cela je te réponds que ce n’est pas plus bête que faire trois enfants quand on n’a que deux bras.

Bref, enfant 1 + trottoir + pluie + feuilles mortes = lol.
L’addition me semblait assez intéressante pour que je prenne mon mal en patience et que je ne la double pas en pestant.
Je fus récompensée par une chute vertigineuse d’enfant 1 qui a plongé la tête la première dans une flaque de boue. Un vrai saut de l’ange, son prof d’EPS n’apprendra rien à ce génie de la natation.
Il avait de la boue dans les yeux et sur le visage, une vraie thalasso à moindres frais.

Enfant 1 hurle, la mère se jette sur lui et moi je me mets à ricaner doucement. Pas assez a priori puisque la mère se retourne vers moi. Son regard est interrogateur. J’ai envie de m’approcher pour lui confirmer que je rigole bien de la chute d’un bambin de 4 ans innocent et qu’effectivement il n’y a rien de bon dans l’espèce humaine. J’en suis une digne représentante en me marrant comme une baleine.
Elle comprend et je devine son envie furieuse de remettre toute sa marmaille dans son utérus (bonne idée, ça fera de la compagnie au troisième mousquetaire) et de fourrer très fort son petit poing boudiné de rétention d’eau dans mon nez.

Une semaine et quelques plus tard, je croque allègrement dans un truc mou et réussis l’exploit de faire sauter le composite que j’ai sur la dent de devant.

Tu ne vois pas le rapport ?
Moi j’appelle ça de la punition divine. Œil pour œil, dent pour dent.
Je vais me faire punir par le Très-Haut-Sur-Ses-Jambes de m’être gaussée.


Parce que figure-toi que le dentiste et moi c’est pas franchement la symbiose.
Pas comme ma dermato chez qui j’ai un abonnement à l’année – 10 maladies rares et impossibles à choper en France = 1 traitement contre la teigne du chat offert – et qui saute de joie quand elle me voit arriver : « C’est quoi aujourd’hui ? La peste bubonique ? Huhuhu Mademoiselle Ocytocine, vous êtes le moment de détente de la journée. Oh mais ça suinte ? Génial ! »
J’aime cette femme pour la simplicité de ses joies, un peu de pus, deux trois pustules et elle est aux anges.

Le dentiste par contre… P’tain sérieux c’est l’horreur.
Pas de bol pour moi, je suis née avec une dentition peinte par Picasso.
Ma bouche ressemblait à un croisement de bec de canard et d’une partie de dominos. Si mes dents avaient pu pousser à l’envers, elles l’auraient fait.

Pour pousser le vice, non contentes de pousser anarchiquement, elles refusaient de tomber. J’ai passé tous mes mercredis chez l’orthodontiste pendant que mes potes se goinfraient de Kinder en jouant à la balle au prisonnier au centre aéré.
Ma mère avait tenté à l’époque cette blague que je ne trouve drôle que 20 ans après : « Le mercredi, c’est anesthésie. »

Pareil au collège avec les bagues : la joie du roulage de pelle derrière le stade, je n’y ai pas eu droit avant ma majorité ou presque (mais je n'étais plus au collège et ca aurait donc fait de moi une detourneuse de mineurs).
L’appareil dentaire reste la meilleure contraception de l’adolescente, sachez-le, amis parents.

Bref : truc mou + mastication = pétage de dent = pétage de plomb.
Et comme je suis une traumatisée du dentier, un p’tit bout de dent en moins et j’ai l’impression d’avoir un sourire au bétel comme mon arrière-grand-mère jaune citron.

Ne dites pas « Cheese », mangez-en plutôt. Pour tout ce qui est calcium, il paraît que c’est pas mal.

 J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai harcelé le cabinet dentaire le plus proche.
J’ai pas une peur immodérée du professionnel de la quenotte, je vais pas en rajouter des tartines là ou y’a pas besoin (qui a dit « ça changera » ?) je suis plutôt paisible une fois sur le siège de torture, j’attends que ça passe.
Mais c’est tous les trucs autour.

Les radios.
Crois-moi quand tu as plus de piercings que d’années au compteur, tu suscites toujours des réactions outrées des dentistes pour le sacro-saint « panoramique dentaire ».
À chaque fois c’est l’apoplexie :
- Mais on ne va rien voir sur les radios ?!
- Mais siiiiii, vous me faites tous le coup mais en fait ça se voit pas.
- Vous êtes sûre ? Sinon je vous refais payer hein…
- Ouiii… Au point où j’en suis t’façon…

Après c’est l’hilarité :
- Ah oui regardez, on dirait des petites guirlandes, hin hin hin. NatachaAAAAaaa, venez voir !
Et voilà l’assistante qui se marre et se bidonne aussi. J’sais pas si vous saviez mais la base pour être quenottiste, c’est d’avoir un humour de merde.
Je souris poliment parce que d’ici dix minutes elle aura inséré un outil coupant dans ma bouche. Radasse mais pas téméraire.

La communication.
T’as toujours l’assistante (Natacha-la-beaucoup-trop-maquillée) (ça doit être fait pour fasciner les patients, qui pensent ainsi à autre chose) qui te pose des questions alors que tu as trois tubes dans la bouche qui glougloutent, crachent et aspirent.
- Vous partez ce week-end ?
- ‘e’ais à ‘la ‘er. Sluuuuuurp.
Heureusement elles sont habituées à comprendre sans consonnes mais avec beaucoup de salive.
- Ah oui vous allez à la mer ? Et où exactement ?
-‘utain ‘ous êtes hy’er ‘ouée !
- Oh c’est l’habitude. Faites attention vous bavez

La communication ça veut aussi dire : entraver que dalle de ce que le dentiste raconte.
Déjà j’suis pas hyper douée avec ma droite et ma gauche, je confonds tout le temps mais alors molaires, incisives et tout le reste de l’équipe j’suis incapable de les différencier.
- Vous voyez, sur le maxillaire supérieur, entre les molaires et les dents de sagesse, vous faites un bourrage alimentaire, il va falloir les extraire d’ici peu, dit-elle en pointant des formes floues sur son fameux panoramique.
-Gné ? Donc en gros va falloir m’arracher les ratiches du fond parce que la bouffe se coince dedans, right ?
- Heu… Oui c’est ça.

Le coton contre les dents.
Là j’ai même pas besoin d’expliquer, toute personne normalement constituée frémit d’horreur à l’évocation de la sensation et du grincement immonde que ça provoque.

Le diagnostic et l’humiliation du diagnostic.
Aller chez le dentiste, c’est quand même un peu comme aller chez Ikea, tu viens juste pour un truc minable et tu repars avec une montagne de merdes et délestée de la moitié de ta paye.
C’est le seul médecin que tu vas voir sans avoir MAL mais qui trouve quand même le moyen de te balancer assez d’anesthésiant pour abattre un poney shetland et de TE CRÉER de la douleur.

Et même si y’a rien à signaler, y’a quand même à redire.
- Vous avez du tartre…
Signifie : « vous êtes une grosse dégueulasse mademoiselle, vous vous brossez les dents moins souvent que vous vous épilez les jambes. C’est dire le niveau de laisser-aller ».

- Vous passez bien votre fil dentaire ?
Filden quoi ? Qui passe le fil dentaire ? Des fois j’enlève un truc de mes dents avec une carte de resto, basta. Dix ans d’étude et un droit de charcuter les bouches quand on est aussi naïve c’est presque criminel.

Vous avez enlevé votre piercing sur la langue mais je vois le trou, hahaha vous pensiez m’avoir ?
Ma pauvre amie, tu crois que je POSSÈDE du fil dentaire et que je m’en SERS, alors je peux bien tenter…


Ouaip décidément le dentiste, c’est un peu le gynécologue de la bouche :
-Tu te fais une petite fraîcheur en speed dans les toilettes du boulot une demi-heure avant le rendez-vous,
- Le médecin te demande d’ouvrir bien grand toutes les deux minutes,
- C’est humiliant et froid dedans les muqueuses.

Oui mais maintenant, délestée de 97.82€ pour moins de 30 minutes de consultation, je peux enfin resourire comme une pub pour les Tampax.
Ouaip.
À ce prix-là, je vais arrêter de faire la gueule.

13 commentaires:

  1. Ahhhh les joies de l'arracheur de dents...
    Moi aussi j'ai dû hériter du dentier moisi de l'arrière grand père (mais sans rafistolage entre temps !)

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  2. Maîtresse Gamelle10 novembre 2011 à 02:01

    J'ai toujours aimé aller chez le dentiste, depuis toute gamine. Il a même refusé de me recevoir un jour arguant que j'étais venue deux mois seulement avant et que ce n'était pas un jeu.
    J'adore l'odeur du cabinet, le fauteuil si confortable, le contact du gant en latex sur les gencives, la saveur des produits...
    Le dentiste c'est mon meilleur ami !

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  3. Euhhh alors moi et le dentiste? hummm comment dire...je suis passée par l'étape bagues, appareils dentaires et tout le tatouin...j'ai toujours été traumatisée donc quand je n'ai plus eu besoin de l'orthodontiste, et bien j'ai filé loin!!Bon, je remercie mes ancêtres de m'avoir refiler une super dentition (30 ans et toujours pas de caries!) Donc au final, ça fait 10 ans que je n'ai pas vu de dentiste et il me reste une sorte de tige de fer en bas...enfin, un appareil tellement discret (qui normalement devait être enlevé au bout d'un an mais 10 ans après, il est toujours là même s'il devait se décoller tout seul!!!), bref, il est toujours là et tant qu'il m'emmerde pas, jsuis pas prête d'aller voir un dentiste!! Bon, en résumant, j'ai peur des dentistes!!!

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  4. Lire ce post en sortant JUSTEMENT de chez le dentiste, ca permet de se sentir moins seule ... et d'ajouter une autre humiliation : l'après-dentiste.
    Quand tu ressors avec la moitié de la gueule anesthésiée, que tu baves (au 1er sens du terme) sur le beau pharmacien, et que tu essaies tout simplement de parler, de manger ... c'est pathétique. Connard de Talion !

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  5. Je n'ai pas de commentaire constructif alors ce sera juste : ouarf ouarf ouarf et merci pour l'accompagnement de pépito !

    fidèlement votre.

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  6. Ah le dentiste ! Quand j'étais petite nous avions un dentiste qui ne faisait pas mal. Moi qui aime le sucre, qui ai réinfecté une carie déjà soignée sur une dent de lait, il pouvait bosser peinard, je ne bronchais pas... Et puis, j'ai grandi, j'ai passé quelques années sans aller le voir, j'ai mangé trop de bonbons sur les bancs de la fac et pendant ce temps il est parti en retraite. Son remplaçant était bien moins délicat. En plus, il a voulu me faire croire que je grinçais des dents en dormant, il n'a jamais voulu admettre mon hypothèse à ce sujet, pourtant j'étais bien placée pour le savoir, moi, que je serrais les dents à m'en faire mal aux mâchoires à gauche seulement, quand je jouais du violon... Heureusement, j'ai emménagé avec mon amoureux, qui m'a confirmé que non, je ne grince pas des dents en dormant, je parle et c'est déjà pas mal, et puis j'ai changé de dentiste, et le nouveau, lui, il m'a crue (le fait qu'il ait joué de l'alto dans sa jeunesse a sans doute aidé).

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  7. Au fait, tu diras à Dieu que son fils a aboli la loi du Talion, ce serait pas mal qu'il en tienne compte (pour ceux qui ne voient pas à quoi je fais allusion, "si quelqu'un te frappe la joue droite, tends la joue gauche"...)

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  8. ZE LEARNER : la malediction des quenottes pourries... que ceux qui sont passés a côté se rejouissent!

    MAITRESSE GAMELLE : Tu me fais peur des fois tu sais...

    THALY : aaaah le fil derrière les dents. Ca fait 10 ans qu'on me dit " il faudra l'enlever". Il ets toujours la!

    AGATHE : mes condoléences pour se regime "yop, compotes et soupe" forcé.

    GG : brosse toi bien les dents apres les pepitos quand meme. sinon tu vas moins te marrer quand faudra allez faire sauter les caries huhuhuhu

    AGNES : Mon orthondontiste etait une perle mais il m'a foutu dehors a coup de pieds aux fesses en disant que maintenant j etais trop grande, qu'il fallait aller chez les adultes. Il me manquerait presque ce vieux fripon.
    (marrant j ai fait de l alto aussi. deux ans. Une cata)

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  9. Et encore un truc : si on pioche un être humain adulte, au hasard sur la planète, on a 90% de chances pour qu'il n'ait pas la capacité de digérer parfaitement les laitages. Les problèmes qui s'ensuivent vont de l'intolérance totale avec vomissements, flagrante donc, à des trucs beaucoup plus insidieux à trouver comme le développement d'allergies avec asthme à tout ce qui est possible ou presque, en passant par une douleur aiguë sur l'extérieur de la rotule droite après ingestion plus ou moins massive des dits laitages. Sans compter qu'un excès de laitage (mais il faut vraiment y aller à fond, hein !) peut entraîner une cirrhose.
    Dans les régions du monde où l'on a développé une tradition laitière (en France donc, par exemple...), la sélection naturelle a fait baisser ce pourcentage à environ 40%, mais en Asie, il est resté aux alentours de 99%...

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  10. Ton article m'a fait pensé que j'ai oublié d'acheter du chocolat hier. Je suis bonne pour y aller demain.

    Sinon, perso, à choisir entre le gynéco et le dentiste, sans hésiter une seule nanoseconde, je choisis le gynéco. Je suis un peu comme Thaly (le fil en moins) j'ai une bonne dentition et heureusement. Je n'aime pas trop les médecins en général, mais je crois que les dentistes c'est quand même le pire. En plus, les dentistes ils donnent des caries alors, pfff quoi.

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  11. C'est mort. Je préfère aller voir le dentiste. Au bûcher les gynécos ! J'ai une haine envers tout représentant de l'espèce depuis que la perle rare qui me suivait est parti à la retraite.

    Ca fait quelques années que j'ai pas vu un dentiste, mais je suis plutôt du genre Maîtresse Gamelle, j'aime bien l'odeur chez le dentiste, le détartrage ça me fait poiler, et quand j'ai du me faire poser un appareil dentaire mobile étant gamine je suis tombée accro à la pâte dentaire (du coup j'essayais d'engouffrer le plus de chewing-gums possibles pour essayer de retrouver la texture).

    Par contre quasi 100 boules pour à peine 30 minutes c'est hard... Déjà que 40€ chez le dermato je trouve que c'est une escroquerie sans nom, surtout pour un copier-coller d'une ordonnance qu'on m'a refilée il y a presque 10 ans...

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  12. Maîtresse Gamelle15 novembre 2011 à 03:17

    Sven H : merci boucou ! Je me sens moins seule. Et oui, ça déchire la pate dentaire !!!!! <3

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  13. J'aime quand le dentiste me dit "vous n'allez rien sentir", et que je sens quand même des trucs. 2 options 1) il est nul 2) il est nul. Et je peux même pas prétexter un rendez-vous pour partir en courant.

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