vendredi 28 octobre 2011

Microdermal, macrodouleur.

Il y a peu, je me demandais sous tes yeux mi-ébahis mi-dubitatifs pourquoi j’aimais autant les piercings alors qu’une fois rationalisé, c’est quand même complètement con comme passion. La douleur, les aiguilles, les giclées de pus en tout genre et les montagnes de dosettes individuelles de sérum physiologique qui traînent dans la salle de bain… Franchement en temps normal, personne ne court après.
Surtout que quand il s’agit d’aller chez le dentiste, je fais vachement moins la maline et je m’en prends plein la tronche : « oh benh avec tout ce que vous avez dans la peau, c’est pas ma toooooute petite anesthésie qui va vous faire peur ! ».

Bref, les conclusions n’ont pas été probantes et tu as donc passé quinze minutes à lire mes inepties purulentes pour conclure sur du pas grand-chose.
Ne pense pas que ça va s’arrêter là. Te voici reparti pour un quart d’heure de rien. Tu es masochiste et tu t’ennuies, c’est pour ça que tu es ici. Assume.

… Sache, pour ta gouverne, toi qui es à la recherche du vrai, de l’authentique et de l’intime, qu’aujourd’hui j’ai un pantalon dont la coquine braguette ne tient pas et laisse apparaître une culotte rose bonbon des plus décrédibilisantes à chaque fois que je me lève. Que ce soit dit…

Bref, pour pousser plus loin ma (non-)réflexion sur les modifications corporelles, j’ai accompagné mon cher monsieur Patate frite se faire trouer la peau il y a dix jours. Lui-même apprécie fortement tout ce qui est tatouage et autres joyeuses décorations (un homme n’est jamais assez tatoué… Jamais. Je l’ai toujours dit).

Pas de peau pot pour nous, il y a, à deux pas de la maison, un studio réputé devant lequel il s’arrête régulièrement en se disant que bon, un jour, il faudrait qu’il se fasse enfin ce piercing dont il a tellement envie.
Je l’ai donc accompagné se faire poser un « microdermal » dans le creux de la gorge, là où le poil commence à se faire rare sur tout homme normalement constitué.
En l’attendant, je feuilletais le book des tatoueurs du coin et je me suis fait aborder par un charmant garçon aux bras aussi gros que les cuisses d’un Tyrannosaurus Rex et à la bouille de chaton. Un mélange assez commun chez les abonnés de la salle de muscu’.
Le garçon venait pour un tatouage : 80 heures pour une scène médiévale dans tout le dos. Et vu sa largeur digne d’un écran de cinéma de quartier, il me semblait qu’autant d’heures n’étaient pas du luxe.

Bizarrement, le fait que ce charmant jeune homme me bave gentiment dessus dans la salle d’attente n’a pas outre mesure dérangé mon gentil Chauve, dont le tour de buste fait certainement la taille d’un biceps de monsieur muscle.
Je me suis moquée de lui après coup.
- Tu n’as pas vengé mon honneur parce que t’avais peur qu’il t’enfonce le nez dans les cervicales avec son petit doigt hein ?
- Heu nan, j’avais pas vu qu’il te draguait.
Mon homme n’est même pas lâche, il est juste dans la lune. Qu’on se le dise.
Et comme je suis parfaitement insensible aux armoires à glace, il a bien raison.

Bref, j’étais là dans la salle d’attente à papoter avec Musclor qui me demande si je viens pour un piercing.
Je lui explique que bon je suis dans une phase où j’essaye de me comprendre avant d’agir, genre je grandis toussa toussa. Ce qui ne calmera certainement pas mon angoisse et mon manque de spontanéité naturelle MAIS BON.
Et comme j’ai pas trouvé la raison profonde de pourquoi le piercing, j’arrête de me faire délicatement charcuter à chaque fois que je rentre dans un salon et je viens en spectateur critique.
Ça avait l’air très très mûr comme réflexion, très sage et je me suis épatée toute seule.

Et puis monsieur Patate est sorti de la salle de torture. C’est rouge(-gorge) et fier qu’il a paradé dans le studio avec son nouveau petit bijou. Il a pris ses airs d’homme et sa grosse voix et il a dit « pfeu, ça fait même pas mal, trop facile, les doigts dans le nez, une sinécure. »

Et là j’ai couiné d’envie en me disant que je voulais tout pareil que lui et que j’allais copier et m’enfoncer un peu plus dans la fusion où les deux membres d’un même couple ne font plus qu’un et s’exclament : nous avons fait un piercing, nous avons besoin de pansements et de Septivon !

Et puis j’ai pensé : non c’est mal, tu as dit tout le contraire y’a deux secondes. N’écrase pas de ta grosse botte tes fragiles résolutions.
Je suis grande, j’ai l’âge d’être mère, de dire « le p’tit jeune », d’affirmer « il y a plus de vingt ans qu’on se connaît », de payer des impôts sur le revenu à quatre chiffres, de parler de mutuelle lors des repas entre amis alors… Je me tape sur la main, je ravale mon caprice et je rentre à la maison.


J’ai tenu 3 jours.
Uniquement parce que le studio était fermé le lundi.
J’ai enterré mes rêves d’« adulterie » (et d’adultère avec Musclor) (puisque monsieur Patate n’aurait même pas VU) (ce qui fait donc perdre à la tromperie tout son intérêt) (tiens faudrait que je fasse un article là-dessus) et j’ai traversé la rue pour aller me faire trouer l’entre-nichons à mon tour.

La pierceuse a tâté la bête (moi) et a dit : « Ta peau n’est pas faite pour ça… Je vais avoir du mal à le faire mais bon, si tu es vraiment motivée on peut essayer quand même ».
Je lui ai montré les deux douzaines d’anneaux qui me sortent du corps en lui expliquant que pfff attends le piercing et moi c’est une vieille histoire, rien ne me fait peur.
Une vieille de la vieille à qui on n’apprend pas à faire la grimace.
Comme monsieur Patate Frite, douillet de par sa condition d’homme, ne semblait pas avoir souffert outre mesure, j’étais hyper confiante.

Dix minutes plus tard je me tortillais de douleur pendant qu’elle marmonnait entre ses dents « tssss j’arrive pas à décoller ta peau… Tssss je galère ».
Bon je te raconte pas comment on fait pour poser un microdermal de peur que tu lises cet article pendant ta pause pépitos/cacolac, je me contenterais de citer maîtresse Gamelle : « ah ouais donc en fait c’est comme quand tu mets de l’ail sous la peau d’un poulet c’est ça ? ». Oui gamelle, c’est ça. La comparaison est laide mais juste.
Enfin je crois, parce que jamais, au grand jamais je ne ferais cuire moi-même un poulet. 

Donc je me tortille et j’ai envie de demander grâce et qu’on m’amène ma maman parce que j’ai besoin qu’elle me fasse un câlin.
Mais je suis grande, vieille, fertile blablabla et dans un sursaut de fierté je balance une petite blaguounette dont je ne me souviens même plus tellement j’étais concentrée pour ne pas hurler ma mère la catin-en- short-Maje-couleur-curry-très-à-la-mode-cet-hiver.

Elle a cru à ma décontraction, la candide enfant, alors elle a blagué à son tour : « j’ai retiré un bon bout de viande, tu veux voir ? » et elle a mis sous mon nez un morceau somme toute assez impressionnant de mon entre-nichons.
Gniiirk.

Elle a continué à me triturer un peu et puis elle a dit : voilà c’est fini !
- Tranquille. Même pas mal. Même pas peur. Une ancienne, une routarde du piercing je t’avais dit.
 - Ouais… T’es blanche quand même.
- Ma carnation naturelle, j’en suis très fière.
- Mouais. Mais bois quand même un peu d’eau fraîche parce que tu vas tomber dans les pommes là.
- Tsss pô du tout, tout va bien, à peine un petit coup de chaud.
Et puis je me suis écroulée.

On avait dit apprendre de ses erreurs ? Là je crois que ça y est, je suis dégoûtée à vie du piercing.

Bon, finalement je suis plutôt contente du résultat qui ressemble à ça (non c’est pas moi sur la photo voyons, tu crois vraiment que je vais te montrer GRATUITEMENT mes nichons ?!) :




C’est discret et loin d’être impressionnant et schööööne.
Pour infos : le pire c’est pas la cicatrice du piercing mais plutôt l’allergie obligatoire au pansement que tu as immanquablement tout autour.

Bon voilà voilà, c’est encore un bon ratage dans mon passage à l’âge adulte. Mais j’vais y arriver…

13 commentaires:

  1. Pour en avoir fait 3 qui ont rejeté au bout de quelques semaines, je compatis à la douleur et espère sincèrement que tu le garderas plus d'un mois. Car ce qui est pire que la douleur physique au moment de la pose, c'est la frustration de voir cette satané petite invention du tunning corporel, se faire la malle sous tes yeux impuissants et à nouveau humides de larmes quand tu dois retourner te refaire charcuter pour l'enlever.

    P.S: Ils ne sont pas censés t'arracher un bout de viande mais juste faire une mini-incision. Mon conseil : si tu recraques, change de pierceuse.

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  2. Maîtresse Gamelle28 octobre 2011 à 02:53

    Eh oui, en plus d'être une dominatrice émérite et une féroce collectionneuse de talons aiguilles, je fais également la cuisine.
    C'est très pratique, ça permet d'offrir à la fois l'animation et le service traiteur (Je fais les anniversaires, baptêmes, enterrement. Devis personnalisés).
    Et visiblement, je peux même me reconvertir en "poseuse de microdermal", j'ai vachement d'entrainement sur les poulets.

    PS : Melle O. parle VRAIMENT de mutuelle aux diners entre [pouf] amies. Cela méritait d'être révélé.

    PS 2 : Il est trop réussi ce piercing, encore un que j'adore.

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  3. Sur la photo, j'ai d'abord cru que le piercing était l'anneau qui tenait la robe... :)

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  4. J'espère bien que ce n'est pas toi sur la photo. Pendentif + piercing + robe à anneau ? Pourquoi pas des boules de Noël, aussi ? Un peu de sobriété, que diable !

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  5. vais poser une question naive (et y a probablement la réponse dans google, mais c pas marrant) : comment ça tient, ce truc ?

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  6. Avec un pas de vis sous la peau et on visse dedans non ? J'ai vu un mec avec toute une crête de spike en Allemagne. Je lui ai demandé si c'était un hommage au casque à pointe, j'étais bourrée...

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  7. Je reste ébahi devant tant de volonté pour passer à l'âge adulte (quoi tu m'emmerdes ? ) et déçu devant le courage de nous montrer (ou pas) la photo de tes nichons (quoi tu me RE emmerdes ? )

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  8. Me suis faite "piercer" très tard. Dans mon cas, ce fut une décision d'adulte. Je crois que c'est encore pire, comme situation.

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  9. Lorsque le microdermal est à un endroit plus ou moins discret, on peut dire que c'est un piercing d'adulte!

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  10. Maîtresse Gamelle, la Reine de la comparaison !

    Tu t'es écroulée ? Haha, bien fait :D Oui je fais preuve de sadisme, mais ça t'apprendra à ne pas faire preuve de modestie ! Sinon je compatis quand même pour ton entre-nichons, j'imagine à peu près la douleur (j'ai deux micro au-dessus de l'aine, et deux d'un coup ça a failli être trop... mais comme y a plus de gras de ce côté-là, je pense qu'à côté de toi c'était club med).

    Et je suis sûre que c'est toi sur la photo. Ce blog va finir en blog mode, je le sens !

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  11. ANONYME : 3 qui n'ont pas tenu... wahou t'es un guerrier/guerriere toi... Franchement j'y retourne pas si je fais un rejet.

    M.GAMELLE : Je te ferais payer tres cher cette revelation sur mes discussions chiantes. Prochaines bouffe, je te parle des papiers de sécu. tu vas souffrir.

    MYSTIK : c'est comme elle a dit panzer mais ca parait vahcement moins douloureux quand elle le raconte.

    PANZER : on embête pas les allemands a pics... l'histoire ne t'a donc rien appris? huhu

    ERIC : ca aurait été hum... discret!

    CELESTE : Je te l'accorde, la demoiselle aime briller de milles feux. Mais j'ai trouvé que ca...

    YEMMIP : Je t'emmerde... doublement mais avec tendresse. hin hin hin

    EMA et MALANIE: Je vais y reflechir pendant ma sceance de tatouage de dans deux semaines.

    SVEN H : nan nan nan c est pas moi, jamais je ne ne mettrais de collier celtique. folle que tu es de la croire.

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  12. Je ne suis pas sur que la photo ne soit pas toi.
    - d'après la photo de l’oreille les chevreaux semblent correspondes.
    - d'après tes commentaires sur la taille de ta poitrine là encore ça semble correspondre (pastaper pastaper pastaper).
    - tu te fais poser un nouveau bijou et de par ta condition de femme (je reprends ton expression sur le "douillet", tu m'en veux pas) tu veux le montrer à tout va.
    - tu fais un blog (ie tendance héxib) mais reste anonyme (ie tendance introvertie)

    Par conséquent en suivant la même logique tu met une photo de toi en disant qu'il en s'agit pas de toi.

    (Non c'est pas tordu comme raisonnement, relis le à l'envers en tournant 3 fois sur toi même avec un verre de vodka à la main deux dans l'estomac ça ira mieux)(et oui moi aussi j'aime les parenthèses).

    btw : très bon article j'ai bien ris.

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  13. Je croyais que c'était un poulpe le collier...

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