lundi 10 octobre 2011

Festival de l’enfer vu par une mamie blasée.

Il y a quelques jours, le petit monde du métal français était en émoi.
En effet, on annonçait que Martine Aubry montait un groupe de hardcore quels étaient les groupes qui joueraient au prochain Hellfest…

… Je sens que cette annonce ne te fait pas frémir, toi qui écoutes Katy Perry et/ou le nouvel excrément album de Booba. C’est pas grave, on va un peu développer ta culture métal ensemble. En douceur, tu verras ça fait pas mal si tu te détends. Tousse pour voir ?

Le Hellfest est, depuis un peu avant 2004 je crois, le plus grand festival de métal français. Il a lieu à Clisson, charmante bourgade près de Nantes et réunit 80 000 personnes.
La nuée de métalleux qui débarque chaque année dans cette petite ville médiévale est semblable à une invasion de criquets dans un champ de blé.
Une catastrophe pour les habitants qui voient leur Hypermarché Mousquetaire envahi de chevelus et de pouffes en jupette en cuir. Ils regardent, impuissants, leur rayon bière se vider aussi vite que ton compte en banque le week-end avant noël.
Le malheur de la population locale dure trois jours. Plusieurs centaines de groupes y jouent sur trois scènes, une véritable cacophonie satanique. On y trouve plusieurs milliers de gens aux goûts musicaux et vestimentaires douteux, beaucoup de rots à la bière, de hurlements inintelligibles et des autoroutes de rigoles de pisse derrière les tentes de merchandisings.

Tu as dû en entendre parler, tous les ans il y a un élu pour hurler au satanisme, au viol de poules et à la sodomie dans les fesses qui ont lieu pendant les durées de ces festivités.

Aujourd’hui ce festival est aussi incontournable que le Rock en Seine et crée chez nous un vrai mini raz-de-marée. Dans les soirées qu’on fait avec les copains, tout le monde se tâte à y aller. C’est la GRANDE QUESTION : kiva kivapas ?
Il faut trouver l’hôtel, une voiture, une nounou pour les gosses, suffisamment bien manier bobonne pour qu’elle accepte de laisser partir son gentil mari au pays de la luxure musicale et accessoirement des putes à résilles.
Moi-même je pèse le pour et le contre avec mon nouveau colocataire aux senteurs d’huile et de pomme de terre, ça tombera pendant nos vacances en Islande, est-ce qu’on fait en sorte d’être potentiellement rentrés ? On réserve le même gîte avec piscine que j’avais découvert il y a trois ans ?
On va pas être trop crevés en retournant au boulot ?
Décidément, c’est pas beau de devenir grand.

Je fais partie des anciens de ce Fest, j’étais déjà là à sa première version en 2002 : le Fury Fest. Qui dit « première version » dit « grossières erreurs d’organisation ».
Le Fury Fest c’était donc comme le Hellfest mais avec un joyeux mélange musical qui n’était pas forcément des plus heureux.
Il y avait aussi de punks. Voilà, c’est dit. FIRST HUUUUUUGE MISTAKE.
Car les allier aux metalleux, c’est aussi judicieux que de mettre du Nutella dans du cassoulet.

Bon, les punks j’ai rien contre eux, hein, si ce n’est que j’ai passé plus de temps, dans ma prime jeunesse gothique, à courir pour ne pas me faire bouffer par leurs chiens à Bastille qu’à faire des tours de stade en EPS.
Ouais t’as compris, de base on n’est pas copains-copains quoi. Mais c’est pas une fatalité, surtout si tu leur files en offrande et gage de paix 10 balles ou des kro.

D’ailleurs ceux qui étaient nos voisins de tente étaient tout à fait charmants.
Ils ont perdu toute leur aura d’agressivité le jour où j’en ai gaulé un à faire les tests du magazine 20 ans que ma copine Faneliah avait laissé traîner à côté de notre petite tente à moitié montée…

Car oui, mes vieux os en font des yeux ronds, à l’époque on ne louait pas de gîte, on ne cherchait pas de caisse dans laquelle s’incruster, on y allait en train avec des sacs débordant de lingettes, de déo, de raviolis en boîtes et de salades Saupiquet au thon, et on se vautrait pendant trois jours dans la terre rouge et collante du camping.

Ultime lieu de villégiature : le camping du FURY FEST.

Du camping… Oui enfin c’est un bien grand mot. À peine un bout de terrain en pente, blindé de caillasses pointues. Mon dos s’en souvient encore.
Nous montions dès notre arrivée, le vendredi après-midi, notre petite tente kaki. Un vestige rapporté de l’armée par mon père, j’imagine. Ça prenait des heures de faire tenir les piquets entre les cailloux, on était loin de la tente ‘minute’ d’aujourd’hui que tu montes avec ton auriculaire. Mais nous étions toujours très fières du résultat obtenu.
La première année, nous y avions même collé un poster du chanteur de Type O Négative comme symbole de notre team. Moins d’une heure plus tard il avait une bite sur le front dessinée au stylo bic. Nous avons laissé tomber rapidement le côté « pimp my tente en viscose ».

Oooh nous aurions pu dormir comme des bienheureuses toutes les deux dans notre logement de fortune. C’était sans compter que nous partagions les lieux avec des insomniaques notoires.
Outre nos voisins punks qui vomissaient tripes et boyaux plusieurs fois par heures en riant comme de baleines (« merde les mecs, j’ai de la gerbe qui m’est sortie par le nez… J’aurais pas dû finir le chorizo »), nous avions derrière nous un couple d’ados, un peu plus jeunes que nous, dont nous avons pu suivre au cours des nuits suivantes les premières relations sexuelles chaotiques ( « j’arrive pas à rentreeeeer, fais un effort, je rentre pas làààà ») et en face un groupe d’aspirateurs à substances illicites qui se sont faits un cocktail tellement détonnant qu’ils ont fini par faire écrouler leur tente et par cuver leur poudre la tête sur le silex qui nous servait de sol.
Autant te dire que nous dormions peu…
Faneliah, le charme, le sex-appeal, en toutes circonstances.

Mais ce n’était pas grave, nous étions là pour la musique. Sauf que j’ai passé plus de temps à dormir en chien de fusil avec Faneliah, la tête de l’une sur la hanche de l’autre pendant la journée qu’à écouter les groupes. Qui jouaient de toute façon dans des conditions tellement déplorables que nous ne rations pas grand-chose.

Enfin si d’ailleurs, on ratait tout.
À l’entrée on te remet un petit papier qui est ta Bible pendant les trois jours du Fest (enfin à l’époque, maintenant c’est une application iPhone, (tout se perd ma bonne dame)) où était inscrit le programme du passage des groupes. Ça ressemble à ça :

Au Hellfest, cette liste est respectée à la minute près… Au Fury Fest, t’aurais bien pu couper les noms des groupes, les mélanger et tirer au hasard un nom que tu n’aurais pas été loin de la réalité… Nous courions de scène en scène sans jamais comprendre ce que nous regardions.

Et on courait aussi pour fuir. Nos Ex. Le festival était tellement familial à l’époque qu’on était sûres de croiser tous ceux qu’on voulait voir et a fortiori tous ceux qu’on préfère éviter absolument.
- Wow Faneliah, c’est pas ton ex là ?
- Si… Tiens d’ailleurs il discute avec le tien.
- Merde,c’est celui à qui j’ai dit que je déménageais à l’étranger pour le larguer. Je me cache sous le banc là, tu me préviens quand ils sont passés.
- Nan ! Attention y a de la p…
- Pisse. Ouais… Je viens de heu… sentir.
Et bon appétit.

Parlons-en de l’appétit. Au Fury Fest comme au Hellfest, de régime il n’est pas question. Tu vas manger mal, gras et cher et tu es AUSSI là pour ça. Mal manger en festival, ça compte pas, c’est comme les chocolats à noël.
Alors bon, toi quand tu penses « malbouffe » tu penses frites et sandwich grassouillet, au Hellfest c’est exactement ce que tu manges. En alternance avec de la tartiflette, des frites, de la paella, des frites, des crêpes, des frites. Songe à apporter du charbon végétal car ton confort digestif sera certainement un peu malmené.
Au Fury Fest, malbouffe se résume à « mauvaise nourriture » au sens propre du terme. Là-bas un seul stand où les trois mets proposés : viande de ragondin en saucisses, patate verte et pâte à beignets aux mouches, cuisent dans la même huile de moteur avec lequel le camion est arrivé.
N’essaye même pas d’essuyer les flaques de gras sur tes mains, ça ne part qu’au White spirit.
Le Mac Do à côté c’est l’équivalent d’une salade fraîcheur aux crevettes.
C’est plus du charbon végétal qu’il te faut mais de l’acide sulfurique.


Bref, le Fury Fest c’était comme le Hellfest : même concept… Mais avec une seul toilette et une seule douche en plastique dans tout le camping pour 30 000 personnes. Une folle aventure hygiénique.
Au bout de deux heures, le préfabriqué qui servait de lieu d’ablutions s’était déjà transformé en piscine de vomi et excrétions en tous genres.

Faneliah, la bouche pincée, serrait dans ses petites mains blanches sa serviette Pikachu et son gel douche aux senteurs exotiques… Elle s’est tournée vers moi et a susurré :
- Se laver, bon… Mais dis-moi, comment on va faire pour pisser ?
J’ai secoué la tête doucement… et puis j’ai pointé une fille du menton.
Cette dernière, un peu moins chochotte que nous, avait déversé à moitié son trop-plein de houblon à même le sol en nous montrant sa belle face blanche, et je ne parle pas de son visage. J’ai songé à une fontaine et j’ai décidé de trouvé ça relaxant, ces grands bruits d’eau.

Nos amis les punks ont vite remédié à ce problème de toilettes, pour signifier leur courroux, ils ont détruit intégralement le SEUL lieu d’aisance à des kilomètres à la ronde, nous n’avons pas retrouvé un seul centimètre de faïence dans le tas de débris.
Sales, fatiguées, le dos en morceaux, nous nous traînions vers la gare et rentrions chez nos parents, prêtes à recommencer l’année d’après.

Le Fury Fest c’était l’arrache complet, rien à voir avec la grosse machine de guerre que représente aujourd’hui cet événement musical majeur pour nous autres, amateurs de musique du diable.
Joue à « Mais où est Ocytocine ? » et gagne des tacos au poulet Picard.


Raison de plus pour les curieux et les plus ouverts d’y aller. Vous y verrez des choses incontournables et qui font de cet évènement un truc qu’on adore. LE TRUC qui nous fait revenir malgré tout depuis dix ans.
Le type déjà bourré à 14h le vendredi alors que le premier groupe n’a pas ouvert le fest’ et qui remonte en sens inverse la foule, nu comme un ver et hurlant des paroles de SLAYER. Celui-là vous ne le reverrez pas, la police ou les pompiers, selon son état d’ébriété, l’attendent à la sortie.
Le type qui cuve son vin rouge en grillant au soleil.
Le type qui vomit entre deux gars qui pissent et qui se roule dix minutes plus tard dans la flaque.
Les filles en talons aiguilles qui se vautrent dans la terre meuble.
Les musiciens qui viennent faire leur marché sexuel au milieu des groupies.
Les groupies qui gloussent.
Faneliah et moi qui nous moquons des groupies et qui les envions de rentrer dans du 36 (comme elle l’illustre très bien ici :)


Les gens qui se font percer entre deux stands de t-shirt sans penser une seconde à la septicémie qu’ils se préparent.
Les pogos, les slams, les circle pits, les cris, le silence religieux, les applaudissements.

Dillinger Escape Plan qui fait des cascades, Mayhem qui jette des têtes de veau dans le public, le chanteur de Shinnig qui se taillade et se barbouille de son propre sang.
Ceux qui se maquillent comme des pandas, ceux qui finissent à poil.
 Le folklore, quoi.

Et puis la musique aussi. Un peu.
Mais au bout de trois jours de concerts non stop, tes oreilles c’est du hachis-parmentier alors ne rêve pas trop à du bonheur auditif.

Paix, amour et musique extrême mes frères.

PS : Et si tu zaimes les dessins de Faneliah, tu vas ici.

13 commentaires:

  1. Même plus une aventure, un récit épique. Connu des trucs équivalents, mais bizarrement, j'ai tout oublié.
    Ou j'ai PREFERE tout oublier.
    Merveilleux, merci de nous le faire partager.
    (tu m'étonnes, la dichotomie Metalleux/punks, pas sûr qu'elle cautérise un jour...)

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  2. Et au final, ça donne quoi les têtes d'affiche 2012 ?
    ça me rappelle cette quote sur bashfr : "j'étais au hellfest, et une nana me demande : taurais pas vu mon mec ? c'est facile pr le reconnaitre il a une barbe, les cheveux longs et est habillé en treillis... O_o"

    Un pote le faisait chaque année. Peut être le connais tu ? ^^
    Il nous décrivait aussi la supérette du coin, avec le packaging "promo sur les 4 quarts et les packs de bière", et la longue file pour aller aux toilettes de cette supérette ^^ avec l'écho dès lors qu'un barbu se pointait en gueulant en levant le bras...
    Mythique.

    Je mentirais bien en disant que j'ai souvent hésité, mais pr le coup, je n'ai de rock que la guitare (et les cheveux longs( bon ok et les boucles d'oreilles)). Pr le reste, n'étant pas fan de bière...
    Pis je trouve que pour pleinement profiter d'un concert, faut connaitre tous les titres, et être fan à donf.
    Pis faut dire ce qui est, niveau hygiène... j'ai beau avoir fait les camps scouts, je crois que 3 jours comme ça, je pourrais pas. Pis le vrai Hell Fest, c qd mm le Hell fest ou tu campes sur place, ou tu fais une croix sur l'hygiène 3 jours durant...

    (et pour finir la petite phrase drôle ^^) : tant qu'on bouffe du catho... ^^

    Qd je pense à toutes les prises de tête qu'il y a sur ça... "suppos de satan" alors qu'il faut dire ce qu'il faut dire, à part des bastons entre mecs bourrés (ou avec des punks), souvent, ça se passe qd mm plutôt super bien sans débordements quoi... hardos peut être, mais pas forcément fouteur de merde...

    Du coup : tête de liste 2012 ?
    Slash avec un nouvel album ^^ ou pas ?

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  3. pour l'information.
    cela résoudra le problème sexuel
    Maintenant tout le monde peut profiter de leur vie sexuelle
    pillulle week-end

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  4. Je ne sais pas si j'aime le metal, mais j'ai adore ce billet!

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  5. Les filles qui vont à un festival plein air en talon aiguille... Déjà faut être maso pour en mettre en ville, mais là, faut être... allez, j'ose le dire, faut être très très conne !

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  6. MIKE : J'aurais certainement oublié si je n'avais pas réitérer mon exploit tous les ans... un peu de masochisme peut être.
    Quant au punks ils les ont vite remplacé par des chiottes...

    YEMMIP : Le vrai hellfest et le camping et la crasse qui vont avec n'est clairement plus de mon âge. Moi il me faut ma camomille et mon CD de relaxation " Nature & Decouverte".
    Et puis la petite piscine du gîte... je dois bien avouer...

    DANIEL : attend je vais aller voir ton lien parce que je suis curieuse...

    BOMBAT MAGIC : va écouter, ca fait frétiller le croupion et bouger les cheveux. mais sinon merci et bienvenu!

    AGNES : au oui tu peux le dire... mais que veux-tu le staïle avant tout.

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  7. Un billet bien sympa, je me suis marré tout seul derrière mon écran.

    Ça rappelle des souvenirs mais je n'ai pas fait le Hell Fest, plutôt des plus petit du genre du Fury.

    C'est tellement vraie sur beaucoup de points, je me souviens on débarquait à huit avec tous de la bière et pas une goutte d'eau, malgré la bouteille de pastis...

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  8. Après y'as des putes qui ont des potes qui habitent Clisson...

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  9. GG : Le hellfest ca change, c'est plus structuré, prop', carré... mais à faire!! et apporte une tonneau d'Evian cette fois huhuhuhu


    PEDRO : Et oui. D'ailleurs , c'est vrai, je connais une bonne catin dans le coin. De premièreje vais peut être la contacter. qualité...

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  10. Argh. Un vague souvenir de festival de Belfort, un "plus jamais ça", qui me revient, le cagnard de l'est en plus.

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  11. Yemmip, c'est trop facile de bouffer du catho, le premier crétin venu peut le faire, avec méchanceté gratuite, mauvaise foi retentissante et vulgarité appuyée, sur les chaînes du service public. Étant donné que plein de gens, pas forcément croyants, se font des idées (de vrais fantasmes) sur ce qui peut se passer au Hellfest, adoration du Diable et autres messes noires, et qu'il n'iront surtout pas vérifier (de peur d'être déçus ?), quitte à être perçus comme des suppôts de Satan, prenez la liberté de vous comporter comme tels, et bouffez un peu des autres religions, vous fréquentez le seul endroit où vous pourrez le faire sans être harponnés par la HALDE.

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  12. Pffff il est truqué ton jeu, je suis sûre que t'es même pas sur la photo...

    En ce qui concerne les souvenirs du Hellfest, je n'ai pu y aller qu'une journée l'an dernier, et je suis déçue de ne pas avoir fait ma grosse truie trois jours durant. Peut-être pour 2012 !

    Agnès : Des talons aiguilles au Hellfest, c'est pas de la connerie, pour ma part c'est de la prostitution.

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  13. Hahahahahaha, bah alors, tu dois avoir 10 ans de moins que moi et tu fais ta comtesse ! Une année à Wacken j'ai retrouvé ma tente embourbée, je savais même pas que c'était possible. Une voiture je veux bien, mais une tente ? Ça pèse rien, comment ça peut s'enfoncer dans la boue ? Bref, elle est restée sur place, paix à sa toile !

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