mercredi 11 mai 2011

Pamphlet contre le barbecue ou l’art d’aller griller en enfer.


(Cet article est entièrement inspiré par La future Maman et Benjus que j’aime quand même entièrement d’amour pur. Vous êtes des Muses.)

Les beaux jours sont arrivés, je me dis chouette, chouette, chouette, c’est l’heure des terrasses, des Rayban, du mojito, de Maîtresse Gamelle en jupette, des vacances à nouyork…

Je me dis : Les beaux jours c’est cool.
Force du propos. Originalité de l’argument. Beauté stylistique. Ouais, je sais, il y a des jours ou ma puissance littéraire m’effraie un peu moi aussi.

Je vous parle de ça parce qu’on est mercredi et que c’est bientôt le week-end.
Bon, ça va j’ai le droit de rêver.

T’façon, l’été, ce n’est pas non plus QUE le paradis froufroutant des tissus soyeux dont Maîtresse Gamelle se couvre à peine.
C’est aussi l’heure de la chaleur au pied dans les NewRock,  des coups de soleil sur le crâne de Monsieur Patate Frite, de l’achat de déo en catastrophe à midi, des corps poisseux dans le métro et des odeurs de poussin dans les salles de concerts.

Mais surtout, c’est le moment de recevoir des invitations à des barbecues. Je déteste les barbecues.

Le barbecue est à l’été ce que les moufles sont à l’hiver : une aberration.
Il faut m’expliquer l’intérêt de la chose.  Un retour à la nature, aux feux préhistoriques qui ralliaient le clan, les délices de la viande grillée fraîchement chassée, la virilité des dessins rupestres sur les murs de la grotte, peut-être ?
Si c’est ça, je propose qu’on se fasse plutôt une visite de Lascaux en groupe et qu’on se fasse un gueuleton au Buffalo grill et puis on revient à des habitudes plus civilisées. Type restaurants avec plaques électriques.

Nan mais sérieusement ? Un BARBECUE ? Et dormir dans une tente sur un tas de cailloux aussi ?
Pourquoi rendre ce qui mit des milliers d’années à être agréable et facile, à nouveau chiant et long ? L’évolution a-t-elle un sens dans ce cas, on est en droit de se poser la question.

Qui aime se tasser dans un jardin sur les chaises en plastiques branlantes, autour d’une table en plastique branlante, à rattraper toutes les six minutes un verre en plastique qui s’envole, je vois pas du tout le plaisir.
Tu soulèves une assiette, t’as soixante serviettes qui s’éparpillent dans les airs et après lesquelles tu cours comme un con jusque sur la route. Y’en a qui sont morts comme ça et ça n’a servi de leçon à personne ?

 Et contrairement à la préhistoire où tu te servais directement a même le terrier, aujourd’hui ta viande elle te coûte un rein. Ouaip le budget barbeuq’ ce n’est pas le même que celui des pâtes arrabiatta que tu refourgues habituellement en disant «  ce soir on mange italien ! ».

Surtout que  le barbeuk parisien se fait obligatoirement dans un jardin de maxi dix mètres carrés. Remarque tant mieux parce que comme  à partir de 22h, il fait -10 degrés avec 80% d’humidité, que tu te pèles le jonc  et que tes cheveux frisent, tu as intérêt à avoir un peu de chaleur humaine.

Heureusement que dès 23h il fait nuit comme dans un anus de loutre et que plus personne ne voit ta tête de Jackson 5.  Moui mais ça va pas durer, on va la revoir ta tête, l’obscurité ne te sauvera pas.
Parce que si toi, tu y as pas pensé, y a toujours un MacGyver à la con pour rapporter une lampe… et les moustiques qui vont avec. Qui vont te bouffer intégralement car ton bras est dodu et ton sang aromatisé au twix et à la merguez.
DONC tu es bleue de froid, avec une coupe immonde, boursouflée de piqûres d’insectes et tu as très faim. Joie d’un samedi soir réussi.

Quand tu fais un barbeuk, tu le fais dans l’intégralité de tes sens, tu ne fais donc pas que MANGER barbecue, tu ES barbecue (ta tête est DANS le barbecue, le nez collé aux saucisses parce que pas assez de place dans le jardin pour tout le monde), tu SENS barbecue (minimum cinq douches pour faire partir l’odeur de graillon), tu VOIS barbecue (en tout cas tu essayes de distinguer quelque chose à travers la fumée), tu PENSES barbecue.

Oui tu PENSES barbecue. Parce qu’en plus, ça demande toute une préparation ces conneries. Il faut l’allumer sans te brûler les ¾ des avant-bras et te faire un plan d’attaque pour que les saucisses ne crament pas alors que les côtes de porc sont encore crues.

Comme tu n’as pas fait l’armée, tu finis par servir comme ça tombe, quand c’est prêt. Et tout le monde attend l’assiette en papier luisante de gras figé à la main, l’œil exorbité par la faim. Attend et attend encore, finit par compter les minutes : environ 50 entre les saucisses et les merguez, qui de toute façon ont le même goût, et 1h25 entre les côtes de porcs et les pilons de poulets marinés (oui mais marinés dans quoi ? parce que là t’as juste le goût de brûlé…).

Rassure-toi, normalement en tant qu’invité tu passes au travers de la partie préparation. Y’a toujours un con pour s’y coller et passer la soirée seul à retourner de la carne grillée et c’est souvent le maître de maison qui est du plus pur masochisme OU qui n’aime pas les amis de sa meuf.

Comme tu as ultra les crocs, en attendant la première fournée de brochettes (attention il faut être vif, y’en a JAMAIS pour tout le monde) et bien tu te gaves de chips et de coca qui te gonflent le ventre plus vite qu’une grossesse non désirée. Et ouais, tu crois que le barbeuk c’est Dukan ? Faux. Le barbeuk c’est la ruade sur le moindre Chipster qui traîne. Que tu finiras même par tremper dans de la sauce bourguignonne avant d’entamer le pain avec de la vinaigrette.

Naaaaaan, c’est pas vrai. Tu ne mangeras pas le pain en attendant. Parce que le pain, personne n’a pensé à le rapporter.  La viandasse ouais, ça tout le monde a compris qu’il fallait venir avec sa petite barquette donc tu auras sept kilos de brochettes d’agneau, mais pas un foucking gramme de pain ?
Et comme tu commences à manger à 22h, accroche-toi pour trouver du pain dans ce quartier de banlieue (à paris y’a pas de jardin d’accord, mais au moins monop’ est ouvert jusqu'à MINUIT).

En conclusion, le barbecue c’est nul. Seule sa version coréenne est acceptable.
Une conclusion subtile et nuancée qui vaut l’introduction. 

Je m’étais promis d’atteindre les mille signes de haine envers les barbecues, voilà qui est plus que largement fait. Les doigts dans le nez.


16 commentaires:

  1. Maïtresse Gamelle11 mai 2011 à 06:00

    Le barbeuk les doigts dans le nez c'est pas hygiénique. J'dis ça, j'dis rien.
    (note pour les novices: oublier la tenue froufroutante et soyeuse pendant les barbeuk, ça s'enflamme aussi vite qu'une adolescente devant Robert Pattinson).

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  2. Chez nous en province, ça semble quand même un peu mieux organisé et sympa, mais il y a quand même des similitudes et j'ai bien ri.

    D'ailleurs, je trouve que ça pourrait faire un très bon sketch

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  3. Oh nan arrête en province, y a aussi les BÊTES! Et tu peux même pas rentrer chez toi en métro... t'es fou toi, c'est koh lanta le truc.

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  4. Chez monop', y a du pain, des chipsters et du poulet grillé sous blister. Et même du vernis.
    Pourquoi se faire chier à avoir une vie sociale ?

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  5. Le barbecue est-il LA VIE sociale?
    Le chipster, partageons le dedans la maison!

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  6. Ah qu'il est doux d'habiter à l'étranger et de faire les barbeuc directement... dans le parc, avec toute la place qu'on veut. Sans parler du soleil qui ne se couche pas avant 23h voire minuit.

    Ah et rien ne vaut le bon goût de la viande et des légumes grillés. Bon, pas cramés, je te l'accorde.

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  7. Ou ca a l'etrangeeeeer?
    curieuse je suis.

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  8. 'tain , pas de bol pour tes barbeuks!! Moi j te conseil la prochaine fois de venir avec ton bon tuperwer, en louzdé dans le sac a main... Ou mieux, tu prétextes d' aller acheter des clopes et tu fonce au Mac do le plus proche qui, lui, ferme APRÈS minuit ( et si vraiment tu veux rester dans l'ambiance grillade, ils ont un burger a la viande "so grilled" faussement grillée d'avance ... )

    K

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  9. Voila enfin quelqu un qui sait apprécier un barbeuq' a sa juste valeur... en le fuyant!

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  10. Certes curieuse tu es, mais point n'est la curiosité un vilain défaut.
    J'habite Hambourg en Allemagne.

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  11. Haaaaan trop foooort, je rêve d y aller, je ne connais que Berlin, c'est bien?!!!

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  12. 1 millions de fois mieux que Berlin.

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  13. Hé ben, jalousie, destruction en règle des barbecues, ça fait beaucoup de mauvaises ondes pour quelqu'un qui prétend donner de l'amour ! (Pour la démolition an règles des collègues abrutis, c'est tout à fait acceptable car c'est remettre à zéro la balance du karma que lesdits collègues avaient perturbés. (-)x(-) = (+), donc c'est bon)

    A quand un article bien fleur bleue et sirupeux.

    Blague à part, si un jour tu en as l'occasion, n'hésite pas à venir quelque jours, tu ne le regrettera pas. Et essaie d'avoir au moins un week-end sur place. S'il y a un truc qu'il ne faut pas manquer, c'est le vendredi ou samedi soir sur la Reeperbahn. Surtout qu'il m'a semblé comprendre que tu aimait bien le métal/gothique/tout les trucs qui font du bruit dans le noir. Il y a quelques bars qui devraient te plaire.

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  14. Je pense qu'il faut juste trainer avec des gens un peu plus dégourdis que les manchots parisiens décris ci-dessus! Le barbecue c'est une science, basta.
    Non mais sans déconner, un bon barbeuk au milieu des bois (pas Vincennes, ni Boulogne, on est d'accord...) où tu fini la soirée au coin du feu à faire griller les chamallows, c'est super ;-p

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  15. Geekmund, tu dis des sottises, mais je te pardonne.

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