vendredi 6 mai 2011

Concert de Monsieur Patate Frite avec les World Apart en première partie.

Hier soir, Monsieur Patate Frite avait concert avec ses amoureux acolytes belges. À dire comme ça, ça ne paraît pas exceptionnel ? Oui mais.
En vrai ça fait une semaine que Monsieur Patate Frite c’est plutôt de la purée mousseline tellement il stresse de ce premier concert avec ses petits copains.
Parce qu’avant qu’ils se vautrent ensemble dans le sludge, la frite et qu’ils courent nus dans les champs de houblons, les Belges c’était un peu ses idoles de toutelevieentière et je suis sûre qu’il avait des posters d’eux dans sa chambre quand il était ado.
Bref, autant vous dire que Monsieur Patate Frite se faisait des cheveux blancs. Enfin, il se serait fait des cheveux blancs s’il avait des cheveux.

Je lui aurais bien tapé sur l’épaule en lui disant :
« Mais ça va être merveilleux, ton crâne sous les néons va briller comme un soleil et, les filles vont déchirer leur T-shirt, les garçons vont hurler à la lune et les journalistes vont se jeter sous les voies de RER tellement chroniquer un concert aussi merveilleux sera impossible à réaliser.
… Pense à appeler ta maman avant de monter sur scène quand même. »
Sauf que.

En fait je savais que non. Je savais comment ça se passerait :  Mal.
Parce que l’organisation était toute pourrie et que le type qui gérait l’événement a beau être très gentil, il a rien compris à l’organisation d un concert. Il a fait ce qu’il ne faut jamais faire :
- faire jouer une programmation « hétéroclite » ;
- faire jouer les copains.
Ca fait que personne ne s’y retrouve, que tu mélanges des fils de Satan avec des bobos, des punks avec des minets qui font de la pop. Et ça donne… bah, rien. Seulement du temps perdu surtout quand tu sais qu’il y a une dead line pour fermer la salle.

Et surtout, il a fait ce qui m’énerve encore plus que tout au monde, plus que Mélanie Laurent et les aboiements de chien et les parapluies qui s’envolent, et on en vient au sujet que je voulais évoquer, trois paragraphes pour ça, tas un peu les boules, c’est normal :
*roulement de tambour*

Il a fait jouer des copains « qui ont leur monde bien à eux ».

Déjà j’ai envie de dire, si on avait voulu voir leur monde à eux sur scène, bon bah on irait les voir eux directement. Là, on se les tartine en première partie sans être un minimum préparé, dur.
De plus, si leur monde est bien à eux, c’est que de base, t’es pas fait pour y entrer et que tu risques d’avoir des problèmes de repaires. Acozke justement c’est différent du tien, de monde.

Mais surtout, le problème majeur c’est que la traduction d’ « avoir son monde à soi » c’est souvent d’être un crétin sans talent qui pense qu’aller contre les règles basiques de vie en société fera de lui quelqu’un de différent.
Pas de fond ? Balance la forme, Martine !

D’ailleurs je comprends pas ce besoin d’être différent à tout prix : tu pisses, tu dors, tu bouffes comme tout le monde et c’est pas parce que tu fais des portraits de star en macramé et que tu manges avec les doigts, que tu ne demandes pas leur métier aux gens mais leur groupe sanguin que tu es plus intéressant.
En plus comme ils font tous ça, benh finalement niveau différence, ça marche pas trop.

Si tu veux être différent, vraiment, coupe-toi les jambes, crame-toi le visage et marche sur les mains, et là on te regardera. Parce que faire le type rebelle, tu le fais pour qu’on te regarde c’est ça ?

En réalité, mettre des gens qui ont des mondes à eux sur scène qui s’entrechoquent, ne rend pas la soirée inoubliable mais fait que tu te retrouves avec une bande de singes incontrôlables qui vont te gâcher ton concert.
Alors que, quand même, il y a des groupes sérieux qui ont fait six heures de route pour venir jouer une musique génialement normale pour des gens qui sont dans le monde normal (et le plus drôle c’est que c’est aussi eux qui payent).

Ce soir-là y’en avait trois des gens à part, dans leur monde de merde qui se sont employés à rendre les choses compliquées et grotesques.

Le rockeur où comment perdre tout espoir de son correct.
Le rockeur déglingo qui arrive avec sa bite (que j’imagine petite et glabre) et son couteau parce que s’organiser c’est pas rock and roll (se faire payer un appart par papa-maman et être roux non plus, mon grand). Qui fume dans les backstages et qui joue sur le matos des autres sans demander la permission et en y mettant ses propres réglages.
Quand on sait que les réglages en questions prennent une heure de balance et que la qualité de ton concert en dépend grandement, y’a de quoi être un peu énervé.
Monsieur Patate a fait un salto arrière et mangé un tabouret en bois pour se calmer.

Le « no future, no rules » où comment perdre tout espoir de rejouer un jour dans cette salle.
Le pseudo-punk, pantalon coupé à dix centimètres des chevilles, odeur de rottweiler incontinent, et dent violettes imbibées au vin rouge. A priori le brossage de dent et le frottage de visage au monsavon ne sont pas compatibles avec une vie artistique et intellectuelle riche ET DIFFÉRENTE. Bref un bourge qui se prend pour un clodo qui se prend pour un artiste.
Sa musique vaut sa propreté : douteuse. Morceaux de dix minutes pseudo-concept, psychédéliques, avec trompette, cacophonie de samples et cris de goret.

Son créneau c’est d’aller à l’encontre de la bienséance, quoiqu’il arrive. Souffler dans un tube a deux heures du matin devant la salle de concert et réveiller tout le voisinage en fait partie.
Bien sûr ça a foutu hors de lui le gérant qui avait comme tout le monde envie de finir sa journée de boulot et rentrer chez lui.
Le pire c’est qu’au lieu de lui dire de fermer son claque-merde et de lui mettre une tronche, l’organisateur, bourré comme un coin de table, lui a crié : « Continue, encore ! »
Fin de la collaboration entre cette salle super et la maison de disque de Monsieur Patate Frite.

La fée-Connasse ou Comment perdre tout espoir de tenir le planning.
Le must : la fille qui se prend pour une fée.
Du genre, le temps et les problèmes n’existent pas, les impératifs techniques n’existent pas, je joue, je joue pas, j’ai des idées, j’apporte un biniou, on verra demain.
Elle a décidé, sous la menace de Monsieur Patate Frite, de ne pas jouer. Mais mettre quand même sa tenue de scène, elle y a tenu… Un plaisir pour les yeux la gonz’, pas besoin de jouer pour être en représentation.
Un tromblon caché sous des couches de maquillage verdâtre du front au bas des joues, du rouge à lèvres orangé, une cape en fourrure synthétique blanche avec capuche vissée sur la tête par 37 degrés, une coupe à la garçonne blond platine balai a chiottes.
Bon, je juge pas, mais physiquement déjà c’était une merde de caniche roulée dans du fond de teint. Bon ok je juge.
Si personne ne met ça comme fringue, c’est pas qu’ils y ont jamais pensé les gens, ils ont pas moins d’imagination que toi ma grande, c’est juste que ça fait moche.

Bref, notre Fée-crotte se baladait donc entre les gens, légère et froufroutante et casse-couille, dévisageant sans pudeur, se laissant regarder. Elle a voulu communiquer, mais pas comme tout le monde, comme un être allégorique, se permettant des remarques originales, décalées, entrant dans les discussions comme une feuille morte tombe sur l’eau vive d’un ruisseau. Un être exceptionnel.
- Oh il y a marqué quoi sur ton T-shirt, c’est original, c’est du sanscrit ? Une prière indienne ?
- Nan y’avait marqué CELIO mais ça s’est effacé au lavage.
Une fille exceptionnelle, je vous dis.

Bref mon ami Le Photographe déprimé par toute cette faune de connards qu’il n’avait aucune envie de photographier, a passé sa soirée à me tenir pour ne pas que j’aille l’agresser.
J’avais tout un programme pourtant : lui mordre la jugulaire, mettre sa tête dans le fond des W.-C. pour nettoyer la cuvette et la débarbouiller au passage puis lui enfoncer sa cape dans le fondement.

Il a bien fait de me retenir parce que finalement j’ai pas eu besoin. Cette imbécile avec ses hauts talons s’est écrasée la gueule avec perte et fracas devant tout le monde dans les escaliers du hall de la salle où il y avait peu de bruit.
Elle a atterri sur les genoux, lourdement, pas du tout comme l’aurait fait une fée et a ponctué sa chute d’un « aïe » qui venait du fond de la gorge.
Elle a ensuite essayé de ressortir ses ailes de petite ensorceleuse mais elle n’a réussi qu’à boitiller pesamment jusqu’à la sortie. Un bonheur – un ravissement – un orgasme.
- La lumière de plaisir que je vois dans tes yeux est presque obscène, m’a dit le photographe en me regardant avec un air effrayé.
- Je… je crois que c’est le meilleur moment de la soirée, ai-je couiné.

Bref Je n’ai pas été la seule à trouver insupportable cette faune de débiles qui ont contribué plus que largement au ratage complet de la soirée. Lassé, rattrapé par le temps, les horaires des derniers métros, la fatigue, le public a dû rentrer avant d’avoir vu ce qu’il venait voir. À savoir : le groupe de Monsieur Patate Frite et ses belges compagnons.

Bref la prochaine fois que je croise un type dont le monde est qualifié de personnel ou d’à part sur un billet de concert de Monsieur Patate Frite, je lui fais manger avec du piment. Je promets.

4 commentaires:

  1. Miss petit porc6 mai 2011 à 07:41

    Melle Ocytocine est méchante

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  2. Aucune classe, moche et de mauvais goût.

    Nath L'autre

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  3. Ben en lisant ça, je regrette moins de pu faire de concerts pour l'instant ....
    C'est quand Melle Ocytocine est énervée que son récit et son regard sur les choses sont encore plus délectables !
    Par contre, avoir le look et/ou l'attitude d'Abby ou Lisbeth Salander (ou l'inverse, t'étais là avant, j'en témoigne), c'est un peu vouloir être différente, non ? Dixit les 20.000 metalleux au look similaire du Hellfest ....
    Celui qui joue pu de batterie

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