jeudi 5 avril 2012

Message d’Absinthe de bureau



Avec toutes ces histoires de boîte qui me vire comme on chasse un cafard d’un fond de baignoire (attention, ami de Morsay et de la rime riche, me voilà), j’ai oublié de vous dire que juste avant cette fâcheuse histoire de perte d’emploi en période de crise-sa-race-la pute-capitaliste, j’ai passé le week-end à Prague, en Praguie (capitale de la riante République Tchèque, si tu préfères).

Donc un jour j’étais dans un pays de l’Est avec le niveau de vie d’un trader américain et le lendemain j’étais chômiste parisienne avec un niveau de vie de… Tchèque.
La vie réserve parfois de drôles de surprises.

Oui, dans ma boîte on attend que les gens rentrent de vacances, souriants, reposés, dodus de trop de restaurants et ruinés de trop d’achats pour leur annoncer que leurs vacances, c’étaient les dernières avant le grand voyage dans les méandres administratifs du pôlemploi.
D’habitude, ils préfèrent celles de Noël, mais bon, là ça faisait trop loin.

Bref, la Praguie.


Ouais ouais, je sais, toujours les pays où keskon se pelle le jonc dix mois et demi dans l’année et où on voit jamais l’ombre d’un cocotier.
Que veux-tu, je ne suis pas adepte de la plage, je n’aime pas me transformer en poisson pané Captain-Igloo-le-pédophile-à-arêtes après m’être roulée dans le sable. Cela me rappelle que nous ne sommes que de pauvres merlus reconstitués qui finirons digérés et ch… recyclés à la fin de notre sombre existence passée dans des boîtes en carton (quoi je suis d’humeur mélancolique en ce moment ?).
Moi je préfère les pays où il fait froid, où le nez, la joue et la fesse rosissent, fouettés par la petite brise du matin, même en plein mois d’Août.

En Praguie, j’ai été déçue pour ce qui est des joues rouges, il a fait un temps de malade mental. Par contre, mon nez, lui, s’est pris un sacré coup, je ressemble à mon grand-père quand il abusait sur le jus de raisin. Il a fait un soleil de tous les diables.

La Praguie, sérieux c’est de la bombe. Ok, c’est vrai, je suis plutôt bon public, à partir du moment où je suis dans l’avion je suis d’humeur à m’extasier sur une merde de chien, du moment qu’elle ne sort pas d’un caniche français. Heureusement que ça me fait pas pareil avec les autochtones, sinon j’aurais une impressionnante encyclopédie de la coquillette européenne à présenter.

Donc ok, je suis plutôt facile à contenter, mais là… Je dois bien avouer que je me suis pris une bonne claque dans la tronche. L’horloge astronomique, les tours de la poudrière et ses copines, puis encore plus le pont saint-Charles m’auraient presque donné envie de redevenir gothique.




Juste pour le plaisir de faire des photos avec des robes en dentelle et beaucoup trop de maquillage dans cette ville aux décors FAITS pour enchanter les gogoths de toutes espèces. J'en étalée sur lui :



Je ne parle même pas du cimetière juif complètement burtonnien qu’on a regardé pendant un long moment des toilettes du musée d’à côté.


Pas qu’on était malade… C’était juste pour pas payer 20 euros chacun l’entrée. (Et là je ne ferai aucune blague sur les juifs et l’argent, trop facile.) Et surtout parce que Monsieur Patate Frite, avec sa coupe de cheveux de skinhead, il a pas voulu mettre la kippa en papier qu’on demande aux hommes de porter.
Il trouvait ça religieusement et graphiquement insultant. On peut comprendre. Être pris pour un néo-nazi alors que juste on a plus d’hormones des cheveux dedans la tête depuis ses 16 ans ça laisse des traces huhuhu.
Moi j’aurais payé bien plus que 20 euros pour le voir avec une kippa, j’en aurais fait un poster, mais cet homme manque sévèrement d’humour.

Bon, sinon on a mangé… mangé… mangé encore et tout le temps. Des trucs à base de patates et d’huile de moteur recommandés par aucun régime, si ce n’est celui d’Elvis. Et on s’est traîné des heures pour digérer les portions de bûcheron tchèque qu’on avalait, 24h il faut au moins pour que ça se décolle des parois de ton estomac.

Les soirées, ma foi j’en ai un souvenir plutôt, heu… vague, car à 300 mètres de notre hôtel (notre chambre dépassait en taille notre appartement, c’était un peu obscène), il y avait un bar à absinthe où monsieur Patate et moi avons « goûté » toutes sortes de liquides blancs et verts, on a testé suffisamment pour faire le tour de Prague avant de retrouver notre pieu, qui donc était à UNE rue de là.
Oh, puis j’ai dépensé dix pour cent de mon salaire dans une fontaine à absinthe… C’est connu, l’alcool rend généreux.


C’est pas franchement dans les habitudes de la maison de se pinter la tronche en couple, c’était même une première. D’habitude je picole du vin avec maîtresse Gamelle et lui de la bière avec ses potes et quand l’un rentre, l’autre dit « tu pues » avec la plus pure mauvaise foi que sa propre haleine lui permet.
Une fois j’ai cru qu’un clochard bourré à la 1664 avait cuvé dans l’ascenseur, mais en fait nan, c’était monsieur Patate qui était rentré deux minutes avant moi et qui avait laissé un effluve alcoolisé.

Donc on s’est mis des races à l’absinthe ensemble, et puis on a vu le résultat catastrophique, outre bien sûr des discussions complètement atroces sur notre voisin, qu’on entend très très bien dans ses toilettes : on a volé des tasses au Starbuck. Attention, ami du grand banditisme, tremble devant Mlle O. et Mister PF.
Certainement une envie refoulée de visiter les prisons de République Tchèque, qui doivent être fort accueillantes… Comme les prisons turques.

Je croyais que ma frénésie de vol de tasse Starbuck ne dépasserait pas les frontières, mais il faut croire qu’avec deux verres d’alcool à 75 degrés, je deviens un Arsène Lupin du café. La honte.
N’empêche, elle complète bien ma collection.

Et puis la Praguie, tu es gentil, tu y emmènes ta belette a son prochain anniversaire (ou son prochain licenciement), tu seras mignon.



6 commentaires:

  1. ah ben tiens justement, mon italien m'en parlait aux dernieres vacances chez lui (c'est beaucoup plus près de son Friuli que de Paris... en gros, c'est aussi courant de trainer en Praguie pour les Italiens du Nord-Est que d'aller zoner à Londres pour des parisiens, quoi)... donc c'est dans la liste des virées à faire !

    (c'est quand qu'on se la boit, cette biere ? maintenant que t'as du temps, hmmm ?)

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  2. Semaine prochaine, hormis mercredi et même dans la journée si tu veux!!!

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    1. lundi milieu d'aprem, genre 15h par exemple (les autres jours, c'est soit taff, soit kiné en plein milieu de journée, pfff). envoie moi le nom et l'adresse du bistrot en mail et ça le fait !

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  3. Maîtresse Gamelle6 avril 2012 à 00:35

    Fontaiiineeeuh
    J'achète une bouteille d'absinthe et j'arrive habillée en demi-mondaine 1900

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  4. Les Merlus recyclés, c'est d'inspiration Soleil Vert?
    La fontaine d'absinthe est définitivement indispensable pour oublier un film pareil.

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    1. La fontaine a Absinthe EST indispensable dans tous les cas mais oui particulièrement celui là!

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