lundi 5 décembre 2011

Miction impossible.


Amis de la province qui fleure bon le pin des Landes en spray, cet article est pour vous.
Du moins pour ceux qui ont pris « parisien » en seconde langue à l’école du village, dont la classe unique se situe en annexe de la mairie.
Du moins pour ceux qui captent Internet derrière la grange à foin.
Du moins pour ceux qui n’ont pas de la terre à pelleter pendant que nous autres engraissons dans nos bureaux, le cul sur des sièges ergonomiques.

Je me permets, amis des champs, de me moquer parce que déjà c’est drôle, ensuite parce que je fais ce que je veux (mon blog est en pleine crise d’adolescence, j’lui ai trouvé un début d’acné sur les statistiques) et puis aussi parce que tu sais bien que c’est pour mieux vanter ta vie après l’avoir comparée à notre race de rats de ville.

J’exclus consciemment la banlieue, cette zone bâtarde qui, le cul entre deux chaises, réussit l’exploit de prendre tous les inconvénients de ses deux parents sans en prendre les qualités. La banlieue c’est le stress de Paris sans les monuments ; c’est la campagne sans les grands espaces verts, sans la vie de village et avec des loyers exorbitants.
Je sais de quoi je parle : j’en viens et je serai certainement sommée d’y retourner si un jour il me prend des velléités d’achat de « maisonnette avec jardinet » ou de vie de famille. Ou en cas de crash boursier.

J’aime bien la province, je vous jure, ma grand-mère avait une maison dans ce qui me semble être les plus profondes muqueuses anales de la France, à droite du colon et sous l’intestin grêle : un village dans la périphérie de Blois.
Le genre de ceux où tu vas réviser ton bac ; je dois à sa maison au fond du bois mon 13 en philo.
Le genre où y’a un camion de boulanger qui passe tous les deux jours devant chez toi et qui claironne et pétarade à 7 heures du matin. Moi ça me choque mais en province tout le monde a déjà déjeuné à cette heure-là, alors que moi je suis au milieu de ma nuit.
Le style de lieux-dits où il suffit de mettre le nom du destinataire et celui de la ville pour que le courrier arrive et où les voisins ont un tracteur dans leur jardin, les filles de moins de 20 ans déjà deux enfants avec leur frère aîné et où tu peux encore cacher des corps dans ton jardin sans que personne ne le sache jamais.

J’y ai connu mes plus belles peurs, les soirs où nous allions faire un tour dans la forêt derrière la maison et où nous croisions des ANIMAUX autres que des pigeons. Un lapin la nuit, c’est hyper flippant, tu peux dire ce que tu veux, moi j’ai jamais autant pissé dans mon tanga rose qu’en voyant un lapin détaler à cause de ma lampe torche rectangulaire des années 70.

Et je ne parle pas de la fois où je suis allée fouiller dans le hangar où ma grand-mère stockait cinquante années de vie et où j’ai découvert le « cimetière des perruches » au fond d’un carton (ma vie c’est du Indiana Jones à la sauce campagnarde).
Quand j’ai demandé à l’heureuse propriétaire de ce sanctuaire à volailles ce qu’il foutait là, elle m’a répondu qu’elle s’en servait pour faire des cygnes en crochet. Les griffes des perruches c’était leur bec aux cygnes. En crochet.
Peux-tu me dire, toi qui vis hors de Paris, ce qu’il y a de plus flippant entre faire sécher des perruches, leur arracher les griffes et FAIRE DU CROCHET ?

Oui mais chez ma grand-mère y’avait du silence et de la place. DE LA PLACE.
Moi je vis avec un homme, un chat et des têtes de lapins (ça doit être génétique la collection d’animaux morts) dans 35m² que je paye une bonne moitié de salaire. C’est la taille des chiottes de mes amis qui vivent « en région ».
(On ne dit pas aveugle, on dit malvoyant. On ne dit pas ploucs en bottes, on dit « vivant en région »).

Je vis pratiquement avec ma voisine et son chien aboie techniquement à moins d’un mètre de mes oreilles tous les samedis matin.
Sur le Coran de la Bible, j’admets qu’on puisse ne pas comprendre comment qu’on fait pour aimer Paris.

J’admets d’autant plus que faire la fête à Paris ça relève de l’exploit.
Samedi soir, nous avions deux anniversaires. Jusque là rien d’anormal, tout le monde a décidé de naître AVANT Noël. Quelle incorrection.
Moi au moins j’ai eu la décence de venir au monde PENDANT les soldes.
Bref, deux anniversaires comme tous les week-ends depuis un mois.

Le premier a eu lieu dans un bar où il est notoriété publique qu’une équipe de joyeux détrousseurs met des cocktails de GHB dans les verres pour piquer les sacs en toute tranquillité pendant que tu vas cuver dans les toilettes du bar.

Le second avait lieu dans un petit appartement (le doux pléonasme) à pièce unique, murs blancs et escalier étroit. C’était mieux que la ligne 13 (le métro, jeune étranger, le métro…), j’étais tellement collée à mon voisin de derrière que je lui ai autant peloté les fesses qu’à mon mec. Qui lui-même avait la tête dans les seins de la personne avec qui il discutait, à savoir le Photographe.

La bonne ambiance et cette proximité entraînent obligatoirement des rapprochements qui demandent une intimité qu’on ne peut pas trouver dans un studio bondé et enfumé. Résultat : les toilettes sont le lieu de villégiature des couples, des accros à la poudre blanche et des ménages qui se forment invariablement.
Oui, à Paris, si tu veux avoir un peu d’espace vital pendant une soirée, tu t’enfermes dans la plus petite pièce de la maison, c’est pas le comble du chic ça ?

Bien qu’étant très au fait de l’attirance qu’on peut avoir pour les lieux d’aisance dans ces soirées où on est sans arrêt la tête collée à la clope de sa voisine, j’ai quand même tenté une « mission miction ». La porte était entrouverte et je pensais que j’allais bénéficier d’un moment zen à base d’étirement et de silence.
J’ai ouvert la porte et j’ai eu la joie et le bonheur de tomber sur un très beau « sucer de nichons ».
Pourtant il me semblait qu’à Paris on connaissait l’existence des verrous.
Les toilettes qui ne ferment pas c’est la clé de voûte des soirées parisiennes.

Et on se permet de dire qu’en province vous avez des soirées de chiotte… Tututututu, par pitié, évitez-nous le plus possible, nous les rois de France, vous seriez déçus par notre trône.

13 commentaires:

  1. Le balcon de vingt centimètre sur douze, tu fais semblant d'avoir une passion pour les fleurs, tu t'accroupis devant un basilique défraîchi et tout en devisant maraîchage avec la proprio, tu pisses d'une hauteur de 8 étage.
    Risqué, mais jouable

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  2. Et très ingénieux.
    Un plan B si on doit directement œuvrer par la fenêtre?

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  3. Là on s'assied sur le rebord avec un air avisé et une clope au bec, on parle abondement de la crise que subissent les ménages et des différentes façons de l'aborder (ne pas hésiter à créer une polémique sonore avec moult gestes pour couvrir le bruit de l'opération détournant ainsi une possible attention) et espérer qu'une horde de footeux ne passent pas en dessous au même instant.
    En tant que plouc, nous oeuvrons souvent ainsi de l'étage de nos granges bourrées de paille. Le poulailler ne s'est jamais plaint, me semble-t'il (tout juste s'est-il un peu interrogé, et encore, puisque déjà il piétine dans une fange naturelle)
    Très joli billet.

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  4. Merci la divine "plouquie" pour ses conseils avisés a ce Paris complètement éloigné de mère nature jusque dans ses fonctions les plus élémentaires.

    Me reste plus qu'a fumer maintenant.

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  5. Mais non, pas si éloigné.
    Un verre à la main ça peut le faire, mais pourrait créer une instabilité synonyme de pétage de gueule, au bout d'un moment.

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  6. "en cas de crash boursier"
    >A dans quelques années alors.

    Tout ce qui restera de Paris ce sera les couloirs de métro, les gares et les basiliques.
    (http://www.basilique.be/adm/uploads/images/basilique1.jpg
    Petit message subtil à Mike)


    Sven, combattant des tunnels

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  7. Ma parole Ocytocine, vous êtes une descendante directe du chevalier Bohort de Gaunes ! (il n'y a pas d'animal plus dangereux qu'un lapin adulte dans cette forêt je vous le jure... si j'étais tombé sur un faisan, je serais pas entrain de me la péter comme ça !)
    Bon et sinon, j'ai connu quelqu'un qui faisait du crochet à Paris (et même, dans le bus, le métro et le RER)(et même, c'était un homme) donc désolée, non, ce n'est pas ça le plus flippant. D'ailleurs celle de mes grand-mères qui tricotait travaillait encore à Paris quand je suis née...

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  8. Pour répondre, faire du crochet sans hésitation, c'est malsain pour l'esprit de répéter toujours la même action. Les gens qui pratique cette activité sont des céréales killers refoulés.

    Très bon article, moi qui suis toujours dans le juste milieux, voire l'euphémisme, j'adore ton sens de l’exagération ! Mes pépitos sont délicieux ce matin.

    Bousement votre

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  9. GG je ne suis qu'à moitié d'accord avec toi : une fois les gestes maîtrisés, on peut faire du crochet en écoutant/regardant une émission culturelle, ou bien en regardant un bon film, comme on peut le faire en repassant. J'en connais même qui arrivent à tricoter en lisant, si si. Alors oui, si on fait du crochet en ne faisant rien d'autre de sa tête c'est mauvais pour l'esprit, mais si ça occupe les mains pendant que le cerveau est occupé à autre chose, pourquoi pas... (NON je ne fais pas de CROCHET, je ne sais pas faire)

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  10. En effet Agnes je n'avais pas vu les choses sous cet angle, mais quitte à faire quelque chose de rébarbatif avec ses mains tout en s'occupant l'esprit autant faire quelque chose d'utile, comme mon repassage par exemple. Des volontaires?

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  11. J'aime les débats sur le crochets.
    Ce blog n avait pas d autre but.
    huhu

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  12. Pour faire un lien avec ton article sur la jalousie, comment se fait-il que tu n'aies pas fait une scène à Monsieur Patate-Frite dans pareille situation ?

    J'adore le fait que tu écrives un pamphlet contre les provinciaux pour aboutir à une anecdote de ce genre...

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