mardi 27 décembre 2011

D’un champ de pommes de terre, l’autre.


Comme tous les six mois, j’ai fait mon pèlerinage en Belgique pour me moquer dépayser et prendre du bon temps chez ma copine la Poupée Russe et son mari Monsieur Matriochka, mes amis russes exilés à Bruxelles (cherche pas à comprendre, l’abus de vodka rend géographiquement incohérent).
Comme de juste je :

- Me suis moquée du vendeur de chocolat bègue qui m’a rendu la monnaie en me lançant une expression que je n’avais pas encore l’honneur de connaître « Et v… v… voici un euro de retourrrrr ». De retour ?! Mouwahahaha comme j’aime cette étrange peuplade.
J’espère qu’il n’a pas cru que je me moquais de son bégaiement parce que ça on l’avait fait 10 minutes avant.

- Ai mangé des gaufres. Cette insulte à la cuisine diététique et au basique bon goût, il faut presque toujours supplier pour l’avoir. En effet, « L’association des joyeux gaufriers de Flandres et de Wallonie» semble accueillir en son sein généreux tous les pires tâcherons du pays (un peu comme l’armée en France) (ça va je rigole, y’aura toujours un engagé volontaire pour me trasher dans les commentaires).
En tout cas, il a bien fallu 15 minutes à ces demoiselles (certainement des stagiaires en chantilly/sucre glace) pour comprendre que la pâte (pourtant déjà prête) ne se mettait pas toute seule dans le moule et qu’elles n’étaient pas obligées de manger une cuillère de Nutella à chaque client servi. Et encore moins de glousser comme des adolescentes devant leur premier porno.
D’ailleurs j’aurais préféré qu’elles regardent un porno, ça nous aurait occupés en attendant notre dessert.
Monsieur Matriochka m’a demandé de parler expressément de ce problème récurrent en Belgique : « la vendeuse de gaufres à la frontière de la mort cérébrale ».
Tout se perd mon bon mossieur, si on peut même plus manger une gaufre servie correctement…

- Me suis salement affichée dans une boutique de luxe. En me faisant pousser par une touriste trop pressée de se procurer des mignardises à 40 euros le kilo. Je me suis effondrée, avec la grâce d’un sac de ciment, dans un montage de sujets en biscuit géant, et j’ai brisé, à l’aide de mon postérieur/massue, l’équivalent de mon compte en banque en sucreries.
La touriste/culbuto a fui et je me suis retrouvée seule à demander pardon au milieu des brisures de sujet en spéculoos.
Et là, je citerai Nietzsche Carrie dans Sex and the City : « I felt in Dior ».
Sauf que là c’était « I felt in Dandoy », c’est moins sexy mais tout aussi férocement efficace.
J’en soupire encore à chaque fois que je retrouve des miettes sur ma doudoune. Amis de l’affiche en 4x3 au milieu d’une bonne cinquantaine de personnes, bonjour.

La Poupée Russe, qui ne perd pas le nord (et qui a dû bouffer trop de rutabagas quand elle était petite et fait aujourd’hui assez de réserves pour survivre à la troisième guerre mondiale), m’a chuchoté« Fais comme si on se connaissait pas, je vais essayer de racheter le tout à moins 50% ».

- Ai laissé monsieur Patate Frite courir à Gand chez ses copains musiciens avec qui il fait du post-core/sludge/ambiant, bref du bruit de micro-ondes pour manger des frites et parler de groupes inconnus du commun des mortels. Ce qui me permettait de blablater pendant des heures de crèmes hydratantes et de livres avec la Poupée russe. Chose qui, j’en suis sûre, l’aurait autant passionné qu’une visite guidée du musée de la céramique.

Ah, les week-ends en Belgique…

Mais un facteur déterminant a changé ma routine belge et mon marathon du gras.
Il y a trois mois à peine, ma copine, comme l’ont fait ses ancêtres dans les champs enneigés des frontières de la Mongolie, a pondu en trente minutes montre en main et sans aucune piquouse un enfant de moins de trois kilos et moins de ? centimètres mais fort comme un chêne.
Une poupée Matriochka en cache toujours une autre, j’aurais dû me méfier.

Ouais… Encore une qui a cédé à la passion de la couche sale. Bien sûr, je suis complètement atterrée, mais que voulez-vous… Mes copines sont si peu originales qu’elles n’arrivent même pas à faire des enfants de sexe et de poids différents à des périodes différentes. Sois je subis, soit je change de copines.
Et changer ma batterie de grognasses qui rigolent à mes blagues et dont je peux me moquer quand un geyser de lait sort de leur nichon pour leur gicler dans l’œil sans qu’elles n’invoquent le tabou du grand miracle de la maternité, ça court pas les rues.
Celles qui me hurleront « Viens voir son ziziiiiiii, tu sauras comment il sera bâti quand tu te le taperas à ses 18 ans » encore moins.

Bref, j’ai décidé d’accepter cette bestiole là aussi (zizi tout neuf inclus).
J’ai passé mon temps à dire « Eh benh mon filleul il... ». Parce que soyons honnêtes, mon petit filleul est ma seule référence en matière de nourrisson, et je suis toute prête à trouver ceux qui ne font pas comme lui anormaux et un peu chelous.

Le problème de cet enfant, celui de la poupée russe, c’est son inacceptable « mignonnité », pire qu’un bébé hérisson. Un vrai nourrisson de magazine. Un peu comme l’était mon frère, avant de devenir un sociopathe obsédé par la mort brutale de sa famille et un guitariste de musique de Satan. Il a posé dans ses jeunes années pour le fameux magazine « Maman-bébé », et a même fait une double page dans l’édition automne-hiver 82.

Enfin c’est pas le fait qu’il soit plus appétissant qu’un kouglof le vrai problème, personnellement je reste tout aussi dubitative devant lui que devant le commun des bébés.
Le problème, c’est plutôt les cris aigus que ça fait pousser aux autres femelles douées de la « fibre maternelle», cette excroissance du cœur qui suinte un peu et fait hurler de douleur certaines femmes devant tout ce qui porte une couche. Et tout particulièrement aux vendeuses bruxelloises.

Faire des courses de Noël avec une poupée corolle nichée dans la poitrine d’une beauté fatale comme ma copine, c’est aussi compliqué que de se balader avec un chiot labrador sable au milieu d’une maternelle.

Pas de bol, la poupée russe est… Russe, et aussi souriante qu’une porte de goulag quand on se met à couiner autour de son fils. D’autant plus quand elle est en train de nourrir son rejeton et que trois fouineuses d’un magasin de sacs à main viennent coller leur truffe humide d’admiration à son téton. Comme s’il n’y avait pas assez de monde accroché à ses seins.

L’enfant, comme le bébé labrador, rend tactile et surtout bavard, et nous avons le droit à la description par le menu des tentatives infructueuses de ces dames pour pousser leur compagnon à les engrosser.
La poupée russe a pris le même air ennuyé et poli que moi tout en remettant son téton dans la bouche du petit enfant de temps en temps et a fui dès que notre interlocutrice a pris sa respiration. Elle est sortie en soupirant que rien n’était plus chiant que d’entendre parler d’enfants.

Je me suis dit alors qu’il y avait certainement plus génial que la Belgique, il y a la Russie et sa capacité toute relative à s’émouvoir devant autre chose qu’un verre d’alcool de patate, son attendrissement aussi rare que ses jours de canicule, ses plats rudes et sa générosité en gras d’animal à tous les repas.

Là est ma terre d’accueil, je le sens.

12 commentaires:

  1. Maîtresse Gamelle27 décembre 2011 à 02:57

    C'est cela, plus loin que la Belgique, la Russie maintenant... T'as de la chance que je manque cruellement d'occasion de porter de vraies "chaussures d'hiver" et donc d'excuses pour acheter des merveilles de ce genre
    http://leblogdelavieenrouge.files.wordpress.com/2011/12/escarpin-dsquared2.jpg
    ou autre chaîne à neige pour talons aiguilles.
    Vive la Russie donc, prépare la vodka, je fais mes valises.

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  2. Alors il faut quand même savoir qu'il s'en passe de belles de Russie... Souviens toi du cambrioleur de salon de coiffure qui est tombé sur la coiffeuse de 24 ans ceinture noire de Karaté... Tu te souviens de ce qu'elle lui a fait ? hein? La Russie, très peu pour moi... Ou alors en tank...

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  3. la Russie en tank ?
    Un autre a déjà essayé, avec le peu de succès qu'on sait.

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  4. C'est marrant, hier soir, je regardais un film (excellent, au demeurant)s'intitulant "Bons baisers de Bruges".
    Et ma foi, le personnage central et toi partagez le même point de vue sur la Belgique.
    Il y a même un "Youri" dans le film... troublantes coïncidences!

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  5. Ce matin, je me lève la tête dans le cul suite à un diner (préparé par le cuisinier du Bristol, s'il vous plait, des râbles de lapin farcis aux légumes du soleil précédés bien évidement d'apérisplifs et suivis de digésplifs) très tardif, arrivé au taf avec seulement un œil ouvert, je file sur le blog de Mlle O dans l'espoir d'un nouvel article (oui je sais Mlle O tu en a posté un hier mais tu as une telle cadence que j'étais en droit d’espérer!) pour me mettre de bonne humeur...

    Et là, tristesse et désolation, pas de nouvel article... De dépit je vois quand même de nouveaux commentaires et il est vrai que sur ton blog j'aime beaucoup les commentaires laissés par ceux que j'oserais appeler tes "fans" (moi le premier évidement!), je clique sur commentaires et LA!!!!

    panzer a dit…

    la Russie en tank ?
    Un autre a déjà essayé, avec le peu de succès qu'on sait.

    J'ai failli me pisser dessus...

    Merci Panzer, grâce à toi je vais passer une bonne journée!

    Oui je sais, tout ça pour ça! Mais j'avais envie de le dire

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  6. Monsieur Pedro, vous me voyez enchantée de vous avoir procuré un fou-rire à la limite de l'étanchéité.

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  7. On ne pouvait probablement pas choisir pire comme marraine pour notre enfant ! Choix excellentissime et assumé jusqu'au bout de ces pages roses où tu continueras à dépuceler, écarteler, violenter ce petit être innocent et non désiré... mais auquel tu rêves chaque nuit sans oser nous l'avouer ! On t'aime nous non plus...

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  8. pfff... meme pas besoin de faire autant de kilometres pour manger belge :
    http://www.auxmerveilleux.com/aux-merveilleux-adresses.html
    nous sommes allés nous balader à l'adresse dans le 15ème, cette semaine, et mon italien a mangé un "Incroyable" à la creme de speculoos !

    frime frime frime ;-)

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  9. Les nénettes qui s'extasient sur les bébés j'ai toujours envie de les flinguer. Pire, il y a celles qui s'extasient sur une photo pourrie (bébé sorti aux forceps né il y a 1/2 heure + appareil photo naze + flash + éclairage nul) "Comme elle est belle !", je me suis demandée ce jour-là si je n'étais pas un peu autiste vue mon incapacité à m'enthousiasmer de même.
    Mais, à l'opposé de ta copine la poupée russe, j'ai quand même réussi à faire dire à une assistante maternelle que j'étais "trop câline" avec lui... il avait 3 semaines, alors je me suis dit qu'elle, je ne l'embaucherai pas !

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  10. maintenant je vais repérer les gens à la limite de la mort cérébrale, cette idée m'enchante, s'imaginer entouré de gens dans un semi-coma.

    Pour 2012, j'ai envie d'en débrancher.

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  11. Gamelle : tu me suis ou je vais ou je te fourre comme une botte. que ce soit dit.

    Pedro : moi jlaime bien cette histoire...

    Panzer : hin hin hin attention t'as une petite moustache qui te pousse.

    Nouhanda : Assume, t'as plus le choix maintenant. cet enfant est mien, il est toléré dans mon entourage.
    Mais c'est pas faute de vous avoir prévenu que c était une idée foireuse.

    Mystik : Encore désolée de pas avoir pu vous croiser. La prochaine fois on se tente ton resto c'est a cote de chez moi!

    agnes : on peut être trop câline avec un enfant de trois semaines?!!! c'est quoi cette psychopathe!

    ema : http://www.dailymotion.com/video/x8o0a_france-gall-debranche_music

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  12. Si si, il y en a qui pensent que dès la naissance il faut que bébé comprenne qu'il ne peut pas être tout le temps dans les bras et que "le portage, ça les rend capricieux". Avec le mal que j'ai eu à trouver des nounous qui avaient une disponibilité, avant de la voir en vrai j'ai regretté de n'avoir pas plus démarché avant l'accouchement. Mais finalement après ce premier entretien je me suis dit que j'avais eu raison d'attendre, arriver avec son petit en écharpe est un bon test.

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