lundi 7 novembre 2011

Invasions barbares.

Comme disait Louis XVI sur son blog dans son journal y’a genre deux siècles : « Aujourd’hui : rien ». On était un 14 juillet et tiens-toi bien ce n’était même pas encore un jour férié, donc Loulou 16eme du nom il avait aucune raison de pas être au turbin.
C’était juste le jour où il allait se transformer en saucisse cocktail pour apéritif dinatoire de parisien à la dent creuse.
Y’a des jours comme ça on pense qu’on n’a rien à raconter alors que les évènements sont historiques. Et puis des fois c’est le contraire.

C’était ma petite introduction historique.


Le problème quand tu commences à tenir un blog avec la régularité d’une machine à éviscérer les poulets assez régulièrement, c’est que tu cherches l’anecdote dans tout ce que tu fais. Tu envisages tout comme un truc racontable.

Mais une fois enlevés :
- La sexualité pornographique (la mienne ou celle de mes copines) qui est une source sans fin d’inspiration mais dans laquelle les intéressées ma morale m’empêche de puiser allègrement.
Mes copines sont décidément trop cochonnes timides.
- L’autocensure et la lâcheté crasse. Les trucs que tu crèves de raconter mais qui pourraient blesser les proches que tu aimes plus ou moins (tu remarqueras que la fille du dernier article n’en fait pas partie, j’attends les retombées radioactives avec impatience). Avec le bol que j’ai, ils pourraient tomber comme par hasard sur le seul article où je leur chie dessus en noir sur fond rose.
- Ma sociopathie. Toutes les fois où en bonne radasse incontrôlable, je cours après quelqu’un pour l’agresser verbalement et que je ne le raconte pas pour ne pas passer pour ce que je suis… Une radasse incontrôlable donc.
- Les trucs franchement pas intéressants. Même racontée avec brio, tu peux pas faire de ta visite chez ta marraine de Bar-le-Duc un temps fort de ton existence.

Benh… Il ne reste pas grand-chose.

Alors quand monsieur Patate Frite est venu s’installer, j’en ai fait des caisses et je m’attendais à avoir de la matière pour une bonne vingtaine d’articles.
Je me suis posée sur le haut de l’armoire comme un vautour sur sa branche et j’ai attendu que ma faible petite gazelle commette une erreur fatale pour venir la conter avec moult détails.

Mais le moment n’est pas venu… et c’est avec effroi que je l’annonce. Il n’y a RIEN À SIGNALER. Ça se passe bien. Sans heurt.
Ouais moi aussi j’suis hyper angoissée à l’idée que je ne vais pas pouvoir me foutre ouvertement de sa tête lisse devant mes milliers de fans en délire.

Son installation, hormis avoir transformé mon notre appartement en annexe de la Fnac et les placards de la cuisine en réserve à gâteaux pour famille nombreuse (sa nouvelle passion : les « dinausaurus », je pensais que ça n’existait plus depuis mes années de centre aéré mais en fait si), on peut pas dire qu’elle ait changé la face du monde.

Ok, il est là plus souvent, sept nuits par semaine au lieu de six et je ne me fais donc plus jamais de soirée 100% muesli au chocolat dans un saladier, où je me couche à 22h avec un bouquin et un jogging en pilou.

Quand je fais pipi, je ferme TOUJOURS la porte, ça rend un peu claustro je trouve. Et puis ça frustre les chats qui grattent à la porte et empêchent une miction sereine.
(D’ailleurs pourquoi les chats font-ils tous ça, te suivre dans les toilettes ? Même les plus sociopathes ?)

Je lis moins parce qu’il tourne souvent autour de moi en me disant : « T’as pas faimmmm ? Moi j’ai faimmmm, on fait des croque-monsieurs ? Ou une quiche ? Même si j en ai mangé une ce midi, et hier soir et hier midi et… » ou « Viens on regarde un épisode de… » et six épisodes plus tard on se rend compte qu’il est 1h du mat.
Je suis incollable en séries américaines et moins en auteurs danois. What a perte de temps immense.

Des fois, y’a des papiers de Mac do à emporter dans la poubelle (le Mac do à emporter, ou comment manger du liège salé en forme de cheeseburger et des vers de terre froids à la place des frites), des fois y’a du chocolat en poudre aggloméré partout sur le plan de travail de la cuisine et l’éponge qui moisit au fond de l’évier.
Des fois y’a une couche de cheveux qui recouvre intégralement l’évier (y’a pas pire qu’un chauve quand il s’agit de petits cheveux de deux millimètres dans le fond du lavabo).
Des fois la vaisselle a été faite et l’aspirateur passé. Mais moins souvent.

Des fois y’a une guitare, un banjo, un Mac Book, huit jeans, trois emballages de Kiri, un Teknikart de mars 2007 et cinq chaussettes toutes différentes sur le canapé et on peut plus s’asseoir et ça me prouve qu’il y a un envahisseur sur mon territoire. Autre que le chat.

Je n’ai plus aucun contrôle sur la musique. Veto a été déposé sur tout ce qui est variété française de qualité (je sais c’est rare) et autre rock de gonzesses. Je le soupçonne de comploter avec mon frère pour revendre mon intégrale de Zazie en édition Collector.
J’ai toujours droit à ses conseils éclairés sur les groupes obscurs : « Si tu aimes ROME, écoute TRIIARI ». « Ouais mais moi je voulais écouter ROME ». « Oui mais TRIIARI ils ont une plus grosse bite tout appris à ROME ».

Je n’ai pas eu le droit d’aller égorger ma voisine qui laisse son cabot dépressif hurler toute la sainte journée. Après une clef de bras et une frite sur la cuisse, il m’a fait promettre de n’écrire qu’un post-it SANS insulte et approuvé par lui-même.

À noter que ma perte de liberté est tout de même grande, impossible de ramener mes amants à la maison pour une partie de Cluedo dans le caleçon d’un jeune éphèbe à peine majeur.
Ce qui est franchement ironique puisqu’avec le demi-loyer que je paye en moins, j’ai maintenant les moyens d’aller chez le coiffeur et d’acheter des vêtements si chers et petits qu’on peut deviner la marque de mes sous-vêtements, et donc de ramener des potentielles victimes.
Ok je suis une bonne sœur dedans la culotte mais potentiellement je peux plus le faire et ça, excusez-moi mais merde quoi. C’est pas rien.

Et puis je peux plus ramener les copines comme je veux, maintenant je demande la « permission » à monsieur Patate Frite. Bon, en matière de permission je me contente d’un sms au moment où je rentre dans l’immeuble avec mon armée de perruches mais quand même.

Et malheureusement des fois il est là, en train de faire le têtard (oh tu n’as pas vu ses nouvelles lunettes payées intégralement par notre mutuelle FAMILIALE (aha), j’ai l’impression de sortir avec Cyprien) devant son ordi sur un visuel compréhensible des seuls initiés (à savoir deux trois graphistes tordus de la moelle du cerveau).
Et ça veut dire qu’on pourra pas glousser en racontant des anecdotes dégueulasses avec des vrais morceaux de vulgarité dedans, et parler politique, grande littérature et cinéma d’auteur.
Naaaaaaaaan pour garder l’illusion que l’homme domine intellectuellement (aha aussi ridicule que les lunettes de mon chauve), il faudra feindre d’être des gourdasses et parler épilation au laser et régime sans matière grasse dans le beurre et sans sucre dans le Nutella.
Putain la vie de moi, c’est quand même pas évident tous les jours de faire croire aux hommes que nos préoccupations sont sans intérêt.

Monsieur Patate est tout de même plus malin que moi, ses potes il les voit à l’extérieur, comme ça pas de morue pour venir mettre leurs groins tartinés de gloss dans leur discussions philosophico-designo-branchouille.
Moi ça me va. Comme ça j’ai pas le son…
… Par contre au retour, j’ai l’odeur.

Il y a peu, j’ai senti des effluves de vieille bière dans l’ascenseur et je me suis dit qu’un clodo avait dû s’y taper un p’tit roupillon.
Point du tout, la même odeur avait imprégné le couloir de mon étage et…aussi l’appartement, MON NOTRE appartement. Le clodo c’était mon monsieur Patate Frite rentré deux minutes avant moi qui m’a accueillie avec une mine hilare et la face rouge d’avoir ingurgité trop de houblon liquide.

Hormis ça, promis. La vie à deux, c’est une cueillette de noisettes un dimanche d’automne ensoleillé.

11 commentaires:

  1. Trouve-toi une tripotée de jeunes éphèbes à peine majeurs partageant une colocation. Comme ça tu pourras aller jouer au Cluedo avec eux dans ta nouvelle petite culotte au prix inversement proportionnel à la quantité de tissu.

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  2. mmouais, mmouais, mmouais...

    Et Mr. Chauve de demander, contrit, après avoir lu ce billet :
    « mais qu'est-qu'il y a, m'amour ? »

    Et Miss O. de répondre :
    « nan, y'a rien ! »

    ...

    :)

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  3. Les chats ne sont pas les seuls à vouloir nous suivre dans les toilettes (celui de mes parents ne l'a d'ailleurs jamais fait), je connais une lapine naine qui a aussi cette manie, elle vous y précède même. Et puis, il y a les tout-petits, quand ils commencent à marcher à quatre pattes (tant qu'ils rampent on peut expédier un pipi avant qu'il n'ait quitté sa chambre), qui veulent aussi voir ce que vous y faites. Et baver sur le rouleau de papier...

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  4. Hum, moi je suis un jeune éphèbe à peine majeur.

    Mais le cluedo c'est pas trop mon truc, pour un jeu préliminaire je préfère le jungle speed c'est plus violent et on est plus nombreux ;)

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  5. je suis curieux de ton débriefing dans dix ans...

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  6. CELESTE : tsss je suis d'une fidélité crasse. C'est très handicapant.

    ERIC : j'utilise honteusement le "nan y a rien" comment t'as deviné? huhuhu

    AGNES : L'enfant c'est la fin de l'intimité au toilettes. Je suis etonnée qu'il n'y ait pas plus de problèmes intestinaux chez les mamans huhuhu

    GG : fougeux coquin.

    ANONYME : Pourvu qu'il reste 10 ans...

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  7. L'un et l'autre sont toujours vivants ?
    Oui ?
    Quel est le souci exactement ?



    Sven L. nan, y a rien !

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  8. m'enfin ! de quoi te plains-tu ? il a un MacBook, donc il est a priori civilisé... il aurait pu avoir un pécé, hein hein hein
    (tu peux lui faire lire cette partie du commentaire, il trouvera que t'as une lectrice 'achement très hype, pis là, tu sais que tu risques rien, j'ai mon rital ambiant goth folk experimental, meme à temps partiel, mais suis fidele aussi (vi, j'ai lu le billet d'avant, hihi))
    d'ailleurs, il (mon musicien) vient de se rendre compte qu'à presque 34 ans, il peut un peu moins se permettre les bonbons et gateaux dynosaures : 1,5 cm de gras sur les abdos, l'est complètement traumatisé (je l'ai aidé, bien entendu (à etre traumatisé : je lui ai affirmé qu'il y avait "au moins 2 cm de gras"), y a pas de raison qu'il bouffe des cochonneries tranquille et meme que moi je les regarde et je prends un kilo nanmého !)

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  9. Hum, parle-nous donc des moments "frite sur la cuisse" huhuhu !
    La vie à deux en fait, c'est la Guerre Froide !

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  10. "Je suis etonnée qu'il n'y ait pas plus de problèmes intestinaux chez les mamans huhuhu" : MacMaman en a parlé dans un article ("les petits défis du quotidien : faire pipi") dont les commentaires sont, pour la jeune maman que je suis, eux aussi à hurler de rire.

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  11. SVEN L :vivants et parfaitement amoureux dedans les boyaux.

    Mystik : Tu connais les bestioles...il te dise que t'es belle avec tes 5 kilos en trop mais eux ils chouinent au moindre gramme autour de la ceinture abdominale et jure qu il ne passeront plus tout leur temps devant leur MAC BOOK. tutututu

    SVEN H : enfin quelqu un qui remarque que je suis maltraitée a coup de frite. Le surnom l'aurait-il inspiré?

    AGNES : c'est vrai que je suis moyennement renseignée sur le sujet. huhuhu

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