jeudi 3 novembre 2011

Apprends à parler la langue bifide (ou comment comprendre les vipères).


Bon ok, la dernière fois j’ai un peu ripé, je suis tombée le groin le premier dans le lyrisme et les métaphores animalières filées. J’ai divisé mon incroyable public en deux.
D’un côté, les mangeurs de Pépitos acharnés qui veulent du lol, de la tape sur la cuisse et du jeu de mots douteux.
Et de l’autre, ceux qui savaient d’avance que mon nez rouge n’était pas intégré et que parfois je pouvais être sérieuse et avoir une once de sensibilité (bien joué, je le savais pas moi-même).

Sachez tout de même que dans l’ensemble je suis plutôt Pépitos et goutte de pipi dans le slip. Alors si vous voulez de la belle lettre féminine, sensuelle, émouvante, à la fois ronde et tranchante, vous pouvez aller là, chez Daria.

Mais cette fois, je sais pas… J’ai « mal » commencé l’article et du coup ça a donné un truc que j’aime mais qui n’est pas ce que je voulais.
Les conditions n’étaient pas vraiment réunies. J’étais à moitié sur le tapis, à moitié sur le plumard qui sentait un peu le jogger du dimanche et l’urgence de changer les draps. Il était presque minuit et puis j’avais cette ongle de pied à moitié arraché qui me rentrait dans l’orteil d’à côté. C’était soit je l’arrachais avec les dents et testais ma souplesse de trentenaire, soit je trouvais un moyen de penser à autre chose.
Qui a dit ça existe les ciseaux ? Oui benh si j’avais eu des ciseaux t’aurais pas eu d’article tssss.

Contrairement à ce que pense mon doux Korrektor (cette petite pute teutonne), je n’ai pas passé plus de temps sur celui-là que sur un autre. Je dirais même plutôt moins, sachant qu’après une heure d’acharnement, l’ongle a sauté et que je l’ai jeté discrètement sous le lit.
Apres ça, plus besoin de poésie ni d’échappatoire. L’art dépend d’un orteil, je le confesse. Peut-être que John Irving n’écrit ses livres que quand il a un panaris, qui sait ?


Au départ je voulais juste parler du double langage féminin et puis pouf me voilà à décrire avec un peu de compassion pas une, mais dix, vingt pauvres filles que j’ai croisées dans ma carrière d’amis des animaux des hommes : les filles qui n’aiment pas les filles.
Cette race sur laquelle je ne reviendrai pas maîtrise à la perfection le sujet que je voulais aborder avant de glisser. Le double langage féminin.

J’en parlais hier avec mon ami Totu, homme de goût et de réflexion s’il en est.
On est en droit de penser qu’un homme de bonne facture, bien dressé par une mère de qualité et petit ami qui a fait ses preuves d’après ce que j’ai pu en voir, comprend en partie le langage souterrain féminin, du moins le devine.
Totu a dit : « Nan pas du tout, il n’y a aucun second degré ou langage caché chez les hommes. Quand on dit ‘tu es belle dans cette robe’ ça ne veut pas dire ‘d’habitude tu t’habilles comme un tas’, ça veut juste dire… Benh… ‘Tu es belle dans cette robe ‘ ».

C’était une révélation pour moi. Même le « mec plus ultra », la fine fleur de la race des petits-couillus, la Rolls du genre poilus-du-menton le confirme : un homme c’est à la race humaine ce que le la robe noire en coton est à la mode : un basique.

Oui mesdames, c’est décevant, nous qui passons notre temps à étudier des textos/mails/ post-it insipides en y cherchant un sens caché et ésotérique, pouvons jeter nos belles théories par la fenêtre.
Et Dieu sait que nous sommes légion à faire ça, à décortiquer les mâles comme on décortique une crevette (je ne dirai pas : « faire céder la tête avant de manger la queue » parce que c’est vulgaire) (en plus j’ai dit que j’arrêtais les métaphores animalières).

Genre j’ai des copines qui pourraient te faire des thèses sur « La ponctuation et l’utilisation abusive du point d’exclamation dans le sms » ou « De l’intérêt d’un certain temps de latence entre la question et la réponse sur Facebook ».
J’en ai d’autres qui se couperaient tous les doigts avec une feuille de papier sulfurisé plutôt que d’envoyer le dernier message.

Benh peut-être qu’en fait, il n’y en a pas de sens caché, comme dit mon ami Totu. Peut-être que juste en fait le type il est pas hyper chaud pour aller manger des frites avec toi le vendredi soir ni pour te grimper dessus le dos pour faire la sexualité à but non lucratif.

C’est très compliqué pour nous autres femelles de comprendre le principe de dire CLAIREMENT ce qui devrait être dit. Dès que ça devient un peu gênant, un peu dur à dire, on passe dans le flou, le vague, le métaphorique. C’est pas vraiment une histoire de franchise, c’est une histoire de… heu… Nous on ne communique pas comme ça, quoi.

Pour dire « Toi j’ai envie de te peindre le cul en portrait format raisin tellement t’es sexy de la mort qui tue. Je vais te lécher le corps comme un chat le reste du pot de yaourt ».
On dit : « J’ai hyper envie de voir ce film. »
Je te sens perdu, toi Homme de Neandertal, alors je vais traduire.

« J’ai hyper envie de voir ce film », ça veut dire : « Je suis en train de tester ta capacité d’écoute à mes envies, ta réactivité et ton envie cuisante de me revoir et de préférence à l’horizontal et à l’envers et la culotte sur la tête. Je te donne une occasion unique de te retrouver seul avec moi dans le noir pour une introduction du majeur(e) dans ma vie sentimentale. »

Ne nous prends pas pour des psychopathes du champ lexical et du millième degré. Il n’y a pas en chacune d’entre nous un Vladimir Nabokov, tu sais, cet écrivain qui réussit à faire de la pédophilie un art de vivre aussi innocent et normal que le macramé (quoique le macramé ça me fait plus flipper) rien qu’en faisant des phrases complètement évanescentes.
Nous entre nous on se comprend PAR-FAI-TE-MENT.

C’est pour ça que quand tu nous croises dans la rue, le téléphone à la main, une fois sur deux :
On dit « Allo maman c’est moi… »
Et l’autre fois on dit : « Putain SANS DÉCONNER, il a pas répondu UN TRUC AUSSI POURRI ce con quand même ? Mais quelle race de traîtres, je transformerais tout ça en eunuque et je lui ferais bouffer ses couilles avec de l’échalote et de l’huile d’olive... Sur la tête de mes ovaires, c’est pas possible d’être aussi crétin ».

Oui, entre nous on se comprend. D’ailleurs on l’utilise pas toujours CONTRE VOUS, des fois on l’utilise contre nous, ENTRE nous.

J’ai cité à mon ami Totu-aux-belles-plumes un exemple personnel.
Il m’arrive d’avoir des amis garçons, quelques résistants immunisés à ma méchanceté crasse et à mon mépris pour leur race. Des types que j’aime beaucoup mais jamais dans les fesses, c’est une règle. Ou alors seulement en festival de musique du diable. Mais ça ne compte pas.

L’un d’entre eux a une femelle de compagnie que je n’ai jamais rencontrée en vrai qui m’a écrit sur Facebook.

LE MAIL :
« Salut Ocytocine, Machin, mon copain, m’a beaucoup parlé de toi. Il paraît que vous vous voyez souvent depuis quelques temps. J’ai un peu lu ton blog, c’est pas mal du tout. J’espère te rencontrer bientôt. À un de ces quatre. »

MA REPONSE :
« Salut miss, à moi aussi il parle beaucoup de sa chérie et je serais ravie d’enfin te rencontrer. Avec mon mec, on sera là samedi. À plus. O ».


CE QUE L’HOMME COMPREND :
« Chouette ma nana est hyper cool, elle veut rencontrer mes amies. Quel gentil petit chat. Et re-chouette, Ocytocine va voir à quel point je me tape pas des cageots et elle sera peut-être un peu jalouse. »

CE QUE LA FEMME COMPREND :
Le mail : « Écoute-moi bien espèce de chienne, je sais parfaitement que mon mec serait bien tenté par un billet coupe-fil pour aller visiter ta salle d’armes. Moi vivante, ça n’arrivera pas.
Je commence un travail de sape sur ton compte, je me renseigne sur ton blog de merde pour savoir quand et comment je vais te briser jusqu’à ce que je sois sûre qu’il ne te recontacte jamais. Cordialement espèce de truie en rut. »

Ma réponse : « Ma pauvre amie, si ton mec n’a pas encore passé le guichet de ma petite culotte c’est uniquement parce que je m’en cogne royalement de lui. La preuve en est, je lui fais parler de toi pour lui signifier que même pas en rêve il tripote mon vase de Chine.
Tremble sur ce qu’il peut bien me raconter, tes complexes, tes faiblesses. Tout ce qu’il dira sera retenu contre toi. Tu dois la survie de ton couple à l’existence du mien.
Bien à toi, fille sans dignité. »



Tu compatis encore à la difficulté que je vais rencontrer dans mon apprentissage de l’islandais ? Mon pauvre, à côté, l’islandais c’est une ballade en pédalo à Disneyland.

11 commentaires:

  1. J’ai envie de te peindre le cul en portrait format raisin.

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  2. Nan mais arrête. Après les hommes il vont tout comprendre à qu'est-ce qu'on dit et ils s’apercevront qu'on n'est que d'horribles vipères et préfèreront faire de la sexualité dans leur cul ou celui de leur pote, plutôt que de risquer la dissolution de la bite dans tout l'acide qu'on distille.

    t'es folle ou quoi ?

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  3. mmouais, mmouais, mmouais...

    Donc, quand tu écris (deux points, ouvrez les guillemets) :

    « Alors si vous voulez de la belle lettre féminine, sensuelle, émouvante, à la fois ronde et tranchante, vous pouvez aller là, chez Daria. »

    On doit comprendre :

    « Si tu aimes la littérature de merde, nunuche, pathétique, genre guimauve sauce bidet, dégage tes os chez miss poney-land ! »

    Ou pas ? :)

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  4. :))) je pense qu'Eric a l'apprentissage accéléré de l'islandais en pédalo ... et pas que. :)

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  5. Boah, l'homos sapiens mâle a des cours accéléré vers ses seize ans histoire de comprendre que les femelles ne pensent pas comme lui.
    Quel dommage qu'on l'oublie sitôt ressorti de la salle.


    Sven L., sais tout mais s'en rappelle en s'endormant.

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  6. Lilou_masquée, les mots me manquent pour dire tout le bien que je pense de ce commentaire !!! je le lis et je le relis avec délectation.
    Pour l'article en soi, j'ai malheureusement connu un homme-femelle (si, ça existe) qui s'exprimait par métaphores et avec qui j'ai eu bien du mal à communiquer. Parce que moi, justement, je suis plutôt "On boit ou on baise ? Perso j'ai pas soif !" Echec...

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  7. heureusement que je bosse de chez moi car j'ai ri très fort. Surtout la fin. Je te MP pour te raconter, tiens (c'est calme dans les Internet aujourd'hui).

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  8. Bizzarement, je comprend ce langage. En même temps j'ai toujours su que j'étais un Serpentar. Par contre je ne l'utilises jamais (feignasse) et je fais semblant de ne pas le comprendre pour ne pas encourager la pratique.

    Et on a tous au moins une mini-comprehension de cette langue, surtout du style "J'ai pas sommeil..."

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  9. Alors tout d'abord "ouarf ouarf ouarf", moi j'aime quand tu prend ce style, même si l'autre est pas mal. Ensuite " je pouvais être sérieuse et avoir une once de sensibilité" même après l'avoir lu j'y crois toujours pas.

    Pour l'article en lui même je l'ai trouvé très instructif, en plus d'être drôle et de me permettre d'agrémenter mes pépitos.
    Non, sans blague, je fait du double/triple sens, de l'hypocrisie, de l'humour noir, de la mauvaise foie, des métaphores (souvent plus ou moins grasse certes) mais je ne connais pas vraiment ce langage.

    Je ferais plus attention à l'avenir.

    Tu offres tes services ? (de traduction, hein, va pas t'imaginer des choses !)

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  10. Et le grandiose "Non, y a rien".
    Dire que je l'utile à foison. J'ai honte.

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  11. TOTU: oui mossieu, format raisin. rien que ca.

    LILOU : je saiiiiis, je trahis un peu ma race mais ils sont tellement à la masse les petits couillus que je suis a peu près sur qu'après une bonne partie de jeu videos ils auront oublié cet article.

    ERIC : hin hin hin ca aurait pu. un point pour toi. Mais nan Daria elle butasse gravement.

    Kiwinini : vu la quantité de flotte qu'il y a en islande, moi aussi j'ai pris option pédalo.

    SVEN L. : Il sait faire des efforts quand vraiment vraiment il a envie de faire de la coquillette sexuel le garçon.

    PANZER : huhuhu je savais que t'en avais severement dans le calecon, la preuve je veux toujours que tu sois un homme!

    OROR 404 : je te reponds en privé POUPEE

    GENTIL SALAUD : PS doit s'amuser avec toi tiens... pauvre demoiselle.

    GG : Oh je sais mon petit GG que tu crois que je suis un monstre sans coeur et une machine à fabriquer de la mechanceté. je sais que le jour ou tout le monde dirais que j ai depassé les bornes, tu me soutiendras encore et toujours.
    enfin j espere.

    EMA : J'ai pas parlé du "nan y a rien".... comment ai-je pu oublier?

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