lundi 19 septembre 2011

La ride du lion de mer


Et la sonnerie stridente du réveil fut.

Je sursaute avec la douloureuse impression d’avoir un parpaing égaré sous la nuque et un chat qui gratte la litière qui me sert de cervelle. Cette litière est sale, si j’en crois l’odeur atroce qui émane de ma bouche.

Mes muscles sont douloureux, mous et sans vie. Je décide de lancer mes jambes hors du lit, elle se lèveront en premier, elles ont la texture du flamby et sont lisses comme un pomelo importé du Brésil. Je roule, rate mon lancer de gambettes et atterris les fesses sur mes clefs, un verre et mon téléphone portable.
Je pousse un couinement et comprends combien les actrices de la pornalité sont courageuses et braves.

Finis les sujet girly.
D’ailleurs je ne suis plus une femme mais un lamantin échoué sur un bord de plage qui tente désespérément de s’échapper du filet de pêche dans lequel il a malencontreusement enroulé le sac de cassoulet qui lui sert de corps.
Le filet de pêche, je réalise que c’est le drap du lit et le lamantin, il n’y a pas de doute. C’est Moi.
Pour rendre le tableau encore plus glorieusement marin, j’ai à côté de moi, maintenant parfaitement diagonal dans le lit que j’ai déserté bien malgré moi, un phoque qui ronfle. Je suis ébahie par sa capacité à ne pas entendre que son portable lui hurle dans les oreilles de BOUGER SON GROS CUL DE CACHALOT. Dans dix minutes c’est certainement ce que je lui dirai. Texto.

Fini le blog rose chiottes, il n’en restera que le second mot.
Je rampe vers ce dernier lieu d’aisance qui me sert aussi de salle de bain. Je me hisse jusqu’au lavabo pour atteindre le miroir. Mauvaise idée s’il en est.

J’attrape l’escalope panée qui me sert de paupière et tente vainement de la décoller douloureusement de sa jumelle du bas, cernée, noire, gonflée.
Le maquillage que je n’ai pas retiré la veille et qui a fait des petites boulettes se détache, coule, me fait ressembler un peu plus à une gothasse de 14 ans qui aurait tapé le khôl de sa mère (ce que j’étais il n’y a pas si longtemps finalement).
Je vois apparaître, entre deux réseaux de fines veines rouges sur fond jaune, l’iris verdâtre et la pupille vide.
Un chien qui attend la piqûre fatale.
Non, moi.

Je me vois.
Je ressemble à moi quand je serai très vieille.
Si j’avais encore quelques connexions derrière mes vilains yeux chassieux, je me demanderais si l’absorption d’alcool, entre autres désagréments, ne fait pas pousser de la peau flasque sur le visage. Sinon je ne m’explique pas comment j’ai pu passer en moins de 24 heures de « jeune femme humaine » à « bébé Shar-Peï ».
Fort heureusement pour moi je ne suis pas en mesure de penser avant une Ricorée.
L’idée de la bouteille de lait me donne la nausée. Limite j’ai même envie de gerber mon dentifrice.

L’alcool ne m’a jamais réussi. Pour te le prouver, faisons un jeu.
Une de ces affirmations est fausse, sauras-tu retrouver laquelle ?

Un soir où j’avais bu j’ai :
1/ Agressé sexuellement dans les toilettes une fille parfaitement consentante.
2/ Agressé sexuellement un jeune polonais à peine majeur dans un bouge au fond de la banlieue de Cracovie.
3/Agressé sexuellement Steven Wilson pendant une interview au Bataclan.

Bon ok. Elles sont toutes fausses.
J’ai effectivement commis tous ces crimes passibles du tribunal pénal mais sans avoir bu.

En vrai, quand je bois je ne suis capable de rien de tout cela.
Déjà parce que je ressemble à Boris Eltsine qui aurait chopé la malaria. C’est indéniable, je passe de charmante parisienne à ramasseur de patates sibérien au fur et à mesure des verres.

Ensuite parce qu’une fois que j’ai imité sans le vouloir tous les présidents russes, je cache ma tête dans une cuvette de toilettes. J’ai envie de dire que c’est par pudeur. Mais en vrai c’est pour cause de régurgitation de trucs que j’ai pas mangés.
Type : petits pois.
Je vomis toujours des petits pois.
Un mystère que même mon ami Totu ne pourrait pas résoudre.

La dernière fois, celle dont je te raconte le douloureux réveil, je n’ai pas bu. Presque pas.
À peine ai-je trempé mes lèvres dans QUELQUES shots de vodka glacée au bon goût de rien que me servait régulièrement mon ami Le Paon. Il imitait très mal l’accent russe, ce n’était pas très drôle, alors gênée pour lui, j’acceptais qu’il remplisse encore et encore mon minuscule verre.
Un dé à coudre.
Rien qui mérite qu’on se roule par terre en chantant « Princesse Sarah » avec le même accent roumain que la chanteuse.

Et pourtant j’ai bien interrogé mon miroir le lendemain en me réveillant et il m’a dit : « Aujourd’hui tu ressembles à Gorbatchev après un marathon à cloche-pied au bord de la Volga. »
J’ai dit : Merde, t’es sûr ? Pourtant j’étais pas bourrée et j’ai dormi comme une bienheureuse.
Le miroir a soupiré en essayant de regarder ailleurs, ce qui est franchement pas évident pour un miroir et puis il a répondu : Ouais mais il n’empêche, t’es pas fraîche aujourd’hui.

Alors j’ai compris…
C’est plus l’alcool qui me fripe.
C’est le temps.
La vieillerie c’est une cuite permanente à la vodka.
Fouque.

8 commentaires:

  1. Maîtresse Gamelle19 septembre 2011 à 05:48

    C'est beau. c'est poésie. Ca me fait penser que je boirai bien une vodka glacée en me faisant faire un ptit lifting.

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  2. Et bien déjà que tu n'a pas chômer la semaine dernière (façon de parler vu que tu fais ça au travail).
    Mais là ça commence fort aussi.

    En effet ça change des précédents, merci d'égailler nos journées de tant de... comment dire sans que ce soit mal pris? - bon ce n'est pas grave oublies !

    En tout cas j'ai bien ri, c'est l'important.

    Si cela peut te rassurer, moi aussi je crains beaucoup la gueule de bois. Mais ça se limite à un gros mal de crane et une baisse de forme.

    Ça doit être la jeunesse !

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  3. J’étais justement en train de chercher une idée pour le prochain article, c'est tout trouvé: "5 légumes systématiquement régurgités par Ocytocine"

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  4. Maîtresse Gamelle : tu sais que tu n'as besoin de rien pour être une merveilleuse bombasse.

    GG : trinquons mon ami. hips!

    Totu/paprik : J'ai repéré de l'orange aussi. Mais chuis pas sûre.

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  5. tu vomis pas des boutons de rose ?
    moi si. et des papillons multicolores.

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  6. Chaque fois que je me réveille avec un marteau piqueur dans le crâne, l'estomac quelque part au bord des lèvres et la tête profondément enfoncée dans le cul, je me jure que PLUS JAMAIS, tu m'entends ? PLUS JAMAIS je ne boirai une goutte d'alcool. Mais comme je suis vieille et presque sénile, j'oublie très vite. Qu'est-ce que je ne dois PLUS JAMAIS faire, déjà ?

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  7. Ema : quelle femme grand dieu... urines-tu de l'eau de Cologne? c'est pratique quand il fait chaud.

    Celeste : arrêêêêêêête toi aussi tu fais pipi des paillettes et après un verre d'eau fraîche aux zest de citron, tu es au top. ne brise pas mon rêve.

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  8. C'est aussi pas mal dependant de la qualite de la vodka.
    L'annee dernier avec PS on pouvait se mettre uen bouteille de Zubrowska a deux sans trop de degats.
    Ici on a fait une bouteille de "Vod Ka Ha Noi" a trois, avec caractere russes et l'etiquette collee a l'envers. 2 dollar la bouteille. Bah on a dit plus jamais. Comme avec la Zub tu me diras, mais la c'etait pour de vrai. On va se mettre au scotch, le seul truc de qualite trouvable sur place.

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