mercredi 14 septembre 2011

Handle With Care


Ça y est, le divin enfant est né. Mon filleul, la chair de ma chair chère copine « La Future-Maman » (qui devient donc officiellement « La Jeune-Mère ») a enfin été expulsé après moult contractions et insultes au personnel hospitalier.
Des heures de bonheur que j’ai suivies en direct live par textos d’abord, puis par téléphone ensuite et enfin EN VRAI.
En effet, comme je n’étais pas sur place, le Jeune-Père n’a pas hésité à me raconter l’accouchement par le menu pendant que nous dînions, allant même jusqu’à m’expliquer comment les médecins reconstituent le placenta pour voir s’il en manque pas une pièce.
Dans ce cas, ils vont gratter dedans la jeune accouchée pour chercher le bout qui manque m'explique t'il en agitant un bout de chorizo au bout de sa fourchette.
Grossesse = régime pour l’entourage, je l’ai toujours dit. J’ai jamais fini la crêpe que j’avais commencé à boulotter.

Hormis ça, une réussite le bidule, avec des petits genoux d’une perfection et d’une petitesse incroyables. Un front de lutin. Et des pieds immenses aussi. On sait pas pourquoi.
Bref il ressemble plus à Alien qu’à ses parents. MAIS il est très très joli pour un être issu d’une autre planète.
Un beau bébé en somme, une crevette de 49 centimètres (le premier qui fait une blague en relation avec sa bite… manque sévèrement d’imagination). 
Un steak de 2.840 kilos, une viande maigre idéale pour le régime Dukan.

Il porte un prénom d’ange et c’est certainement le seul lien qu’il aura avec eux, j’en tiens pour preuve l’odeur abominable qui sort de son minuscule fion et qui n’a rien à envier au pire clodo des enfers.
L’enfant est, de plus, déjà d’une grande perversité puisque il cherche à chaque fois que je le prends dans mes bras à choper mon nichon. J’ai eu beau lui expliquer que c’était un fake-nichon et qu’il n’y avait pas plus de lait dedans que de fric sur mon compte en banque, il n’a rien voulu savoir et a planté sa mini bouche sur mon bras et a tété goulûment.

Je parle de chats et de bébés deux articles sur trois, à ce rythme-là je vais prendre des photos de mes plats préparés avec amour et te faire des tutoriels sur comment t’étaler ta crème hydratante de cul d’ici deux mois.
Je suis consciente de la « girlysation » de ce blog. J’en suis TRÈS consciente.
J’ai d’ailleurs pris un rendez-vous avec tonton Sigmund pour les 47 ans à venir, placenta + genoux parfaits + suçotage de bras + blog rose. C’est trop pour moi, mon utérus est sur le point de se pendre à mon intestin grêle.
Demain je te parle de comment on change une tête de delco avec une clé de douze et des nibards de Beyoncé. Promis.

En attendant, je te raconte comment je me suis ruée à l’hôpital dès le week-end venu pour découvrir MON filleul.
 Être marraine on croit que c’est sympa mais en vrai, c’est l’arnaque.
Quand tu es choisie, élue entre toutes les femelles de l’entourage de la maman, tu crois que tu es arrivée première et de loin à la grande course de la meilleure copine et que c’est la grosse classe. Tu crois que ça veut dire que tu es la plus responsable et celle sur qui on compte pour s’occuper de sa progéniture en cas de décès soudain et douloureux des parents.
Mon cul.
Tu es juste officiellement la plus naïve. Ça n’a aucune valeur juridique et ça ne servira qu’à me faire taxer un peu plus que les autres à chaque anniversaire. Et aussi à me le refourguer les soirs où les parents auront envie de lui fabriquer une petite sœur. Ce qui est dégueulasse. Je ne suis pas un lubrifiant humain. Merde.
Si on vous le propose, refusez, que diable. Ce n’est pas une preuve d’amitié mais un gros traquenard.

Bref, je suis arrivée à l’hôpital et une infirmière m’a demandé :
- Vous avez perdu les eaux ?
- J’ai l’air enceinte ? J’ai mangé trop de moelleux au caramel Picard c’est ça ?
- Non, c’est que votre pantalon est trempé et vous êtes à la maternité alors…
- Ah ça ? Non en fait j’ai juste deux mains gauches et je viens de me renverser une bouteille entière de Badoit Rouge dessus. C’est normal vous en faites pas.

Chambre 309, il y avait ce qui restait de ma copine et son petit lardon. Lardon oui, un surnom extrêmement approprié pour la chose rosâtre/violacée secouée de tics nerveux qui pionçait dans un berceau transparent.
- Tu t’es pissée dessus ? Me demande la Jeune Maman pendant que je me penchais telle une bonne fée sur sa progéniture.
- Non madame, moi j’ai pas explosé mon périnée y’a trois jours.
- Je te prête une grosse serviette-couche si tu veux.
- Ta gueule connasse, j’admire ta création.
Tu vois, moi aussi je sais respecter la magie de l’instant où tu découvres une nouvelle vie.

Une demi-heure plus tard une infirmière a dit que tout allait bien et qu’on pouvait libérer la chambre pour une future masochiste qui avait très envie d’expulser un machin de trois kilos par le trou où d’habitude tu rentres à peine un tampax.
Alors on est rentré chez la Jeune Maman avec le rejeton sous le bras. J’ai bien dit SOUS le bras, parce que la Jeune Maman n’étant pas encore habituée à manier la bête, elle a fini par le tenir je sais pas comment avec son genou en disant qu’elle essayait juste de le retourner au départ. On a frôlé la chute. Mais j’étais déjà à plat ventre pour récupérer le marmot.
On dira pas que je prends pas mon rôle à cœur, pire que de la porcelaine chinoise le machin, faut JAMAIS le faire tomber. Mon portable se marrerait à cette idée s’il le pouvait, lui qui a fait régulièrement des sauts de l’ange dans les escalators à Opéra.


Je te passe l’accueil des grands-parents parce que c’était hyper chiant. Tellement qu’on s’est isolés en prétextant qu’il fallait donner le bain au bébé. Vu l’odeur de la couche, m’est avis que c’était quand même pas du luxe.
Moi je croyais que quand tu devenais mère, t’avais la science infuse et que tu savais comment fallait s’occuper du machin. Vu qu’elle lui avait fait faire du rock acrobatique à la sortie de la maternité, j’aurais dû me douter que non.

A priori pendant la distribution des connaissances ancestrales de la maternité, la jeune mère écoutait LCD Soundsystem sur son mp3 :

- Où on le douche le petit ?
- J’sais pas moi… Ils m’ont pas dit à la maternité… dans le lavabo ?
- T’es sûre ?
- Il rentre dedans ?
- Attends j’essaye… Ouais si on réussit à pas lui foutre la tronche dans le robinet, ça marche.
- Cool alors on le lave là.

- Faut qu’elle soit à combien la flotte ?
- Ché pas moi… Genre… heu… chaud ?... Va voir sur internet.
- C’est 37 degrés. Galère.
- 35… 39.8…. 36.8…. 40.7, rhaaaa j’arrive pas à avoir la bonne température. Et merde j’ai inondé ta salle de baaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin. Heureusement mon pantalon était déjà trempé…
- Ouais benh là j’ai d’autres problèmes tu vois, j’ai coincé sa tête dans son body.
- Fais voir ? Rho il est sorti de ton frifri sans épisio, il va sortir de son t-shirt t’inquiète.
- Me parle même pas de ça, j’arrive plus à m’asseoir depuis.


Arrivée du père en renfort. C’est la déroute pour l’équipe des femelles. L’enfant est toujours coincé dans son body qu’il porte maintenant en cape autour de son cou, la jeune maman s’est collé les doigts dans l’adhésif de la couche et moi je n’ai toujours pas atteint les 37 degrés espérés avec ce putain de mitigeur.
Il nous regarde, lui l’instituteur passionné et oncle de plusieurs jeunes enfants et donc clairement plus au fait que nous, avec un mélange de pitié et de tendresse.
Huit ans qu’il pratique sa femme, il se doutait que ça ne serait pas SIMPLE.
Huit ans qu’il me côtoie régulièrement et mon manque certain de crédibilité n’est plus à prouver depuis qu’il m’a vue vomir toutes les 15 minutes le lendemain de ses 25 ans.

Je fais comme si je cherchais un truc dans la sac à langer pour boire mon humiliation de ne pas avoir su donner la douche à un nourrisson à DEUX (= 4 bras et deux têtes, 4 nichons dont deux encore en état de marche).
- Oh mais tiens-lui la tête avec la main gauche et lave avec la main droite.
- J’y arrive paaaaaaas. Tu tiens la tête et je lave.
- Je sais pas si quand je serai retourné au boulot je vais pouvoir rentrer à chaque récréation tenir la tête au petit pendant que tu lui donnes le bain… Faudrait peut-être que tu le fasses toute seule ou alors JE prends ton congé mat’ ?
- Gnahganagah.
- Oh mais vous lui avez mis de l’eau dans l’œil là !
En effet, l’œil gauche du bambin est fermé tellement fort que ça lui fait des rides (il est déjà fatigué par l’existence) et une petit mare d’eau ondoie sur sa paupière.

Je ne peux qu’intervenir devant une telle attaque de nos qualités maternelles et heu…« marrainelles ».
- Attends il vient de passer 9 mois dans la flotte, c’est pas trois gouttes qui vont lui arracher la cornée…
- Ocytocine, tu serais une très mauvaise mère.
- Bien sûr. Je sais.

Le lardon a été nettoyé finalement. Propre comme un sou neuf.
Mais on a mis tellement de temps qu’il a fini à moitié bleu de froid, à trembloter dans les bras de sa mère.
Et il n’a même pas pleuré pendant tout ce temps de mauvais traitements. Même quand je lui ai mis la jambe dans le bras de sa grenouillère ni quand je l’ai aspergé d’éosine.

Ça c’est un homme. Un vrai. Comme sa marraine.

22 commentaires:

  1. Quelle chance. J'aimerais tellement être marraine d'un être humain.

    RépondreSupprimer
  2. La grande classe ton arrivée à la maternité. Pour la température de l'eau, c'est vrai qu'à la maternité où j'ai accouché, le lavabo est grand, le robinet suffisamment haut pour qu'on n'ait aucun risque de toucher bébé avec et l'eau sort toujours à 37°. Mais on a vite trouvé que le bain c'était galère, du coup on le prend avec nous sous la douche. Par contre ça implique qu'il faut être deux, un sous la douche, l'autre qui récupère bébé pour le sécher après...

    RépondreSupprimer
  3. Ca voudrait dire que j'aurais vu ma copine a poil ou inversement... brrrr. Comme si la voir faire jaillir son nichons toutes les quatre heures suffisait pas.
    Agnès, mon petit, tu vas trop loin dans l'intimité, je ne suis pas faite pour ces choses la.

    RépondreSupprimer
  4. Je viens de pleurer de rire au taff à cause du deuxième comment, Mlle O! Et rassure toi, c'est pas si girly que ça.. Crois moi... (oui j'ai des poils sur le torse et je surkiffe ton blog!)

    RépondreSupprimer
  5. Oui, il est vraiment mal fréquenté ce blogue (mais c'est pas pour ça qu'il faut pas l'aimer).

    RépondreSupprimer
  6. Imagine moi l'annee derniere a tenter d'aider un pote avec ses deux jumeaux... heureusement pour lui c'est un vrai pere-poule.
    Et moi j'ai eu droit a piqure de rappel gratos: je prefere prendre le risque de mourir seul et vieux.

    RépondreSupprimer
  7. LA PRINCESSE : Amour. Admiration. urine.

    GENTIL SALAUD : Je suis sure que toi aussi t'es decouvert des talents de jongleur.

    RépondreSupprimer
  8. En fait, t'arrive pas à camoufler le fait que tu craques complètement :)

    C'est son mec qui doit être triste, quand on sait qu'il y a une énorme baisse de libido féminine juste après le preimer gosse. Ceci dit, il parait que maintenant, ça touche aussi la testostérone des mecs...
    Bref : des futurs parents heureux, qui baiseront plus parce qu'ils sont maintenant parents :)

    RépondreSupprimer
  9. yemmip, tu es toujours aussi positif... ils rebaiseront comme des ptits foufous pour le deuxième.

    RépondreSupprimer
  10. ... Mais, s'il faut vraiment le doucher en l'absence de son père, ce petit, rien ne vous empêche, La Jeune Maman ou toi, de vous mettre ne maillot de bain...
    Bon, nous sommes aussi avantagés par le fait d'avoir un siège dans notre cabine de douche. Parce qu'un bébé mouillé/savonneux, ça glisse....
    Et très vite, il va vouloir attraper l'eau qui coule, c'est super drôle.

    RépondreSupprimer
  11. Yemmip, c'est pas tellement une baisse de libido, c'est surtout un épuisement (et ça arrive aussi aux pères parce qu'ils s'occupent eux aussi de leurs enfants, ce qui n'a pas toujours été le cas), doublé du fait que les moments où bébé nous laisse tranquille se font rares (et les pères sont "devenus" sensibles aux pleurs de bébés)...
    Mais on finit par trouver, sinon aucun couple n'aurait plus d'un enfant, à part ceux qui ont des jumeaux ou des triplés.

    RépondreSupprimer
  12. agnes : ca te je crois que le peu de temps que tu passes au lit, t'as plutot envie que ronquer que de faire des galipettes!

    Moi j'ai pas d'enfant et ca m 'arrive alors... gnhihihihi

    RépondreSupprimer
  13. Merde, j'ai du me tromper d'adresse , ca parle d'enfants et de bains, et de maternité ... ou suis-je ?

    RépondreSupprimer
  14. kiwinini : reviens, joue pas ta pute. Je te jure, je vais en parler a Sigmund... steuplé. On peut dépasser cette crise toi et moi.

    RépondreSupprimer
  15. je vais voir des ctrl C ctrl V tout à l'heure, je planquerai mes seins. merci du conseil.

    RépondreSupprimer
  16. Poser dans la baignoire un machin de plan inclinable et réglable en plastique qui permet de laver Boufchidor de sa sortie parturiée à 8-9 mois, quand il sait plus ou moins s'asseoir sans bouger.
    Ca a marché avec mes filles, et je vais voir dans la cave si j'ai toujours le machin.

    RépondreSupprimer
  17. j'ai toujours le machin.

    RépondreSupprimer
  18. héhé, que d'emmerdes, je suis bien content d'avoir un long répits avant d'en arrivé là.

    c'est vraie que ça fait très girl ces derniers temps mais le point de vue bien particulier de mll ci-présente aide à faire passer la pillule. (sans jeu de mots hein)

    RépondreSupprimer
  19. Ah, comme je t'ai grillée, tu craaaaaques ! Si ça continue, on va te retrouver le premier jour des soldes, devant chez Bonton, prête à donner un rein en échange de la dernière paire de Feiyue pour le lardon :-))

    RépondreSupprimer
  20. Si bien décrit que j'avais l'impression d'y être !!

    RépondreSupprimer