vendredi 23 septembre 2011

Devenir une parfaite Radasse en quelques leçons.

Il y a peu mon cher Korrektor a dit : « […] S'il s'était avéré au fond que tu étais une sale bisounours pleine de compassion et d'amour de son prochain, j'avoue que je me serais senti un peu floué. 
Avec le Korrektor, on ne se connaît que par mail interposé et pourtant il a bien cerné mon potentiel de Madame Connasse. Je tiens aujourd’hui à lui dédicacer cet article pour les heures qu’il passe à corriger mes fautes et à se moquer de moi.
Et puis je lui mets une petite claque derrière les oreilles à ce sale mioche. Quand même.
Et je vais lui/vous expliquer en quoi il a parfaitement raison.


Demande à monsieur Patate frite, je ne supporte pas de me faire marcher sur les pieds/chier dans les bottes/pisser sur la poignée de porte.
Quand je dis « Putain j’en ai marre d’être une victime » c’est le signal d’alarme ocytocinien, la phrase clef du passage de « gentil chaton » à « tigre du Bengale » à qui on a retiré le bébé antilope qui lui servait de casse-dalle.
Bref, le moment où je commence à taper des pieds.
Tout le monde se cache sous les tables, ceux qui me connaissent savent que je vais entrer dans une phase de destruction de celui qui se trouve en face de moi. Il y a de grandes chances pour que je me mette à hurler des horreurs et à devenir rouge comme un parisien après deux semaines de ski aux Ménuires.

Je suis très chatouilleuse, je m’énerverais facilement si je n’étais pas sous autocontrôle permanent. C’est très handicapant et ça me fatigue beaucoup. En effet, je passe du calme plat à la rage absolue sans passer la casse « ohlalalala ça m’agace un peu » et comme je ne suis pas une gymnaste de l’émotion, je supporte mal mes grands écarts.

Alors pour ne pas passer ma vie à casser des gueules et couver une portée de tumeurs cancéreuses et d’ulcères, j’ai trouvé une parade : je suis officiellement méchante. Comme ça, on évite de m’emmerder. « Ocytocine ? À ta place, je m’y collerais pas, elle est redoutable ».
Voilà, c’est aussi con que ça.

Il est de notoriété publique que je ne suis pas quelqu’un de sympathique. C’est un travail de longue haleine. Croyez-moi, n’est pas une mégère qui veut. Il faut pourtant respecter quelques règles très simples et il est à parier que vous verrez rapidement les résultats.
Je m’en vais vous montrer en quelques points comment on peut retrouver une certaine tranquillité d’esprit.

1/ Ne couchez avec (presque) personne.
Passez pour un glaçon, une fille frigide et sans aucun désir sexuel dedans les organes génitaux.
Humiliez les dragueurs patentés et cassez les doigts qui approchent sournoisement de votre croupe.
Une fois considérée comme imbaisable, tapez-vous le type un peu timide sur qui personne n’aurait parié un kopeck. Faites-le savoir.
Les dragueurs, humiliés, continueront pendant un certain temps à vous harceler pour comprendre ce qui a motivé votre choix. Finalement ils commenceront à vous apprécier comme partie intégrante du groupe et a fortiori comme un « pote à burnes » que l’on traite avec déférence.

L’exercice : avant toute sortie, passez-vous un ou deux « Confessions intimes » sur la jalousie puis le tuning. Se mettre en boucle les images des gradins d’un stade de foot puis un clip de Booba.
Vous détestez les hommes, avez passé une douche glacée télévisuelle sur votre appareil génital, vous êtes armée pour vous hérisser dès que vous verrez un homme dans la rue.

2/ N’aimez ni les animaux ni les enfants ni les vieux.
Il est très important de traiter avec mépris tout ce qui mignon et faible sous peine de se retrouver à garder un grand-père/filleul/chat pendant les vacances de l’entourage.
En passant pour un être sans cœur, vous économiserez une somme considérable en cadeaux de naissance et couronnes mortuaires, ainsi qu’en conversations stériles sur les rejetons de vos collègues.

ATTENTION ! Si vous vous retrouvez devant un être de ces catégories (vieux/enfants), appliquez-vous à vous en faire aimer/craindre pour mieux vous en moquer par derrière. Ce sont les autres, autour, qui doivent savoir et faire écran avec leurs êtres faibles chers.
Une vraie radasse est toujours hypocrite, c’est ce qui la rend si détestable et ce qui force le respect.

L’exercice : créer un réflexe pavlovien en vous mettant une baffe à chaque fois que vous voyez un bébé en feuilletant un des merveilleux ouvrages d’Anne Geddes. Apprenez à ne pas vomir votre haine devant les costumes d’abeille, de fleur et de grenouille sur papier glacé. Gardez-la pour les enfants en chair et en morve.
On commence immédiatement :



Si c’est intolérable, c’est bon signe, vous êtes sur la bonne voie.
N’hésitez pas à faire un génocide avec les petits poneys de vos petites cousines, c’est sémantiquement très fort et ça rend heureux pour toute la journée.
Pour mieux prendre de la distance, n’hésitez pas à changer les couches, vous porter volontaires pour les punitions et les suppositoires. Associez l’enfant à la merde. Idem pour les vieux.
On ne vous emmerdera pas avec « Alors quand est-ce que tu nous fais un petit ? ».
Si on ose, n’hésitez pas à répondre « Je suis stérile et c’est le grand drame de ma vie ». Même si c’est faux. Surtout si c’est faux.
Dégustez le silence gêné et l’air parfaitement contrit de la personne qui a osé vous interroger sur votre intimité utérine.

Pour les animaux, gardez des chats agressifs et psychopathes, faites-vous mordre, griffer, cracher dessus avec délice. Abandonnez-les dans la forêt une fois l’intensité de colère désirée atteinte.


3/ Ne souriez pas aux commerçants ni à vos collègues.
Le sourire est une gratification que l’on offre pour montrer que l’on vient en paix et que l’on est prêt à jouer au jeu de la politesse et de la bienséance.
Certains, probablement élevés chez les porcs, pensent que ce don est une preuve de soumission.
J’étais moi-même une personne souriante, je pensais que l’on faisait baisser la garde aux gens de cette manière.
Chez les névrosés (90% de la planète Paris) c’est faux. Il faut être froid pour se faire respecter.

N’oublions pas que le but ultime n’est pas de détruire (pas dans un premier temps en tout cas) mais juste d’avoir LA PAIX.
Attendez donc qu’on vous sourie, mettez en danger les gens qui vous adressent la parole. Laissez un blanc entre leur proposition et votre réponse. Faites des réponses courtes et limitez les politesses.
Une fois que l’on a répondu à vos espérances, gratifiez, récompensez d’un susucre : souriez. Faiblement et pas trop longtemps. Un simple rictus.

4/ Moquez-vous des moches, des cons, des zhandicapés et de la mode des chaussures à glands.
Surtout n’hésitez jamais à marcher les deux pieds dans les pires tabous. Dites « Putain ma grand-mère elle est hyper bonne, en plus elle est chaude ». « Je suis pour la peine de mort ». « C’est qui DSK, un groupe de glam rock? ».

N’hésitez pas à relever ce que tout le monde sait déjà, mettez en avant les défauts physiques de la brebis galeuse du groupe : gros, maigre, nain, unijambiste, enrobez la réflexion dans le sucre d’une comparaison bien sentie ou dans une remarque cynique.
Sachez vous taire entre deux remarques pour que lorsque vous ouvrez la bouche, elle n’en soit que plus notable. Ne le faites pas à chaque fois, laissez le doute s’installer, soyez imprévisible.

L’exercice : une moche, maquillée comme à son premier jour sur le périph’, entre dans la pièce. Exclamez-vous « Mais quelle beauté… » assez fort pour que les gens autour de vous entendent. Ils se retournent, gloussent et regardent ce que vous allez faire. Poussez le culot jusqu’à aller voir la moche et vanter les mérites de son rouge à lèvres avec le sourire le plus angélique qui soit.

ATTENTION ! N’hésitez pas à créer des « cercles de contamination » sur les gens que vous n’aimez pas. Trouvez n’importe quel défaut et insistez dessus à chaque fois que vous les croisez. Les autres se concentreront d’autant plus sur cet aspect peu attirant de leur personnalité. On finira par être d’accord avec vous.
Je me suis moi-même fait prendre plusieurs fois à ce jeu. « Je vous présente Ocytocine, elle a l’air inoffensive comme ça mais en vrai, c’est un monstre ». J’aurais bien pu chanter le générique de Candie toute la soirée en distribuant des Pimouss’ aux cerises que je serais quand même passée pour la réincarnation de Jack l’Éventreur. Personne ne m’a parlé et c’était bien. C’est là que j’ai décidé d’appliquer le principe de l’auto-rumeur.

5/ Moquez vous de vous-même encore plus que des autres.
N’hésitez pas à rappeler comme votre croupe est chevaline, comme votre peau est blafarde, grasse ET sèche. Comparez-vous à Francois Feldman, Ray Liotta ou à un citron trop mûr.
Devenez ainsi inattaquable, invexable, lisse. Et si on vous trouve encore un défaut que vous n’avez pas vu vous-même, dites « Oui je sais. »
Acceptez de bonne grâce que l’on vous déteste comme vous-même haïssez les autres. La méchanceté est rendue plus forte par un minimum d’humilité et beaucoup de confiance en soi.

6/ Critiquez tout ce qui fait l’unanimité.
C’est là qu’intervient une culture générale tout à fait basique mais un sens de l’argumentation correcte.
L’exercice : ne regardez pas la télé, ne lisez pas les journaux, n’ayez pas internet chez vous.
Lisez des auteurs islandais inconnus et ceux morts depuis deux siècles. Évitez les têtes de gondole.

- « Avatar », c’est tellement con que vous êtes sorti avant la fin. Voir des Schtroumpfs se faire sodomiser par des arbres magiques n’a aucun intérêt.
- Le dernier Nothomb est une arnaque de 16 euros et de cent pages (soit 16 centimes la page) qui se lit en un coup de métro. Heureusement, vous me direz, vu comme c’est chiant… Presque aussi ridicule que les tenues de son auteur.

N’ayez aucun avis sur l’affaire DSK.
N’ayez pas de compte Facebook.
Refusez consciencieusement l’engagement amoureux.
Dites que le Mac Do c’est pas bon. Soyez végétalien.

6bis/ Changez d’avis une fois qu’on est d’accord avec vous.

7/ Entourez-vous d’un groupe d’aficionados.
Il est important d’avoir autour de soi un groupe de gens de bon goût qui apprécient votre humour caustique et votre irrévérence.
Choisissez avec soin les personnalités qui vous entourent, des gens certes plus silencieux mais qui n’en pensent pas moins. Les faux gentils qui trouvent la paix dans la diplomatie comme vous la trouvez dans l’agressivité. Vous vous reconnaîtrez aisément à des regards en coin qui en disent longs. Soyez pour eux d’une fidélité à toute épreuve. Cela prouvera que vous êtes humain et capable d’amitié.

8/ Créer l’équilibre.
Le mieux c’est d’avoir un compagnon tellement gentil qu’il ne voit même pas le mal en vous. D’ailleurs soyez différente avec lui, parce que quand même ça change et qu’il le mérite. Ne doit être couvert de haine que celui qui saura la reconnaître (bon, hormis quelques dommages collatéraux bien obligatoires pour conserver son rang de connasse, c’est bien légitime). On se demandera si au fond vous n’êtes pas encore un peu humain.

Pratiquez la « douche écossaise » en étant tour à tour généreux et radin, drôle et cassant, sachez être élogieux mais avec parcimonie. On doit se dire de vous « Ouais mais des fois elle est sympa quand même… / Au fond elle a bon cœur, c’est une carapace qu’elle s’est formée pour cacher sa fragilité».
Mon cul.



Vous êtes PRÊTS.

Paix, Amour et chèques lire.

11 commentaires:

  1. Je suis sur la bonne voie \o/
    J'adore balancer des répliques bien senties, bourrées de cynisme. Ma dernière victime en date, un chanteur de heavy-metal. Devant quelques fans attroupés il a fait une réflexion sur un autre groupe que je me suis empressée de lui retourner façon paille-poutre-voisin. Il m'a fait un grand sourire (putain, ce qu'ils ont comme dents !) et a férocement acquiescé. Les groupies étaient médusées et moi super vexée. Il aurait au moins pu lancer la bagarre histoire qu'on se roule sur le goudron en se tirant les cheveux...

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  2. Et comment dis-t-on une radasse au masculin ?

    Sven

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  3. Maîtresse Gamelle24 septembre 2011 à 14:00

    ça ne se dit pas, le mâle n'est pas assez intelligent pour maîtriser la vraie radasserie. Tout au plus il peut être mufle.

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  4. Le massacre de petits poneys au tournevis c'est arty.

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  5. J aime quand vous vous retrouvez dans la 'radassitude' mes ptits enfants, même toi homme-panzer. Je hume d ici que tu ferais une parfaite radasse.

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  6. j'prends bonne note ... j'ai des efforts a faire sur le sourire mais y'a deja parfois le regard de killer bien sentie (la faute a qui aussi, z'ont pas qu'a etre aussi cons parfois, hein ?) ...
    PS pr ma déesse du largage d'hommes : j'ai fait le bis ce week-end :D (sans blague) par contre niveau timing ca m'a pris un peu plus de temps et d'energie que l'autre fois ... je sens que je m'essouffle ... faut que je me remotive à ton mordant ! :))

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  7. Eh bien, il faut que je m'y mette, ça ne me ferait pas de mal...
    Malgré toutes les différences qu'il y a entre vous (à commencer par la maternité), Ocytocine tu as des points communs avec maxibestofmcmaman(non, je ne la connais pas personnellement), qui donne, elle, des conseils pour devenir une connasse. Comme elle est à la fois drôle et instructive, tu peux conseiller, si elle ne le connait pas encore, son blog à ta copine la jeune maman (oui, j'ai pourri ce commentaire de liens vers un seul blog. J'assume.)

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  8. Et sinon, t'as un compte facebook ?
    (gniark gniark gniark)

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  9. EMA : Les psychiatres m'ont conseillé de laisser tomber les beaux arts, je sais pas pourquoi...

    AGNES : ce blog est génial, j'adore, merci d'avoir saloper mon blog avec tes liens!

    CELESTE : Bien sur, et tu devrais déjà être ma copine.

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  10. Contente que ça te plaise !
    De mon côté, j'étais déjà d'un naturel gentil et souriant mais maintenant, je peux bien faire tous les efforts du monde pour devenir une radasse, si j'ai sur le dos mon bébé qui sourit à tout le monde et tend les bras d'un air avenant je n'ai plus aucune crédibilité.
    D'un autre côté, il déride les pires caissières-portes de prison de notre hypermarché habituel, alors finalement c'est pas plus mal.

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  11. Monstre !!! Moi je sais que c'est pire que ce que tu veux bien laisser paraître à tes lecteurs !!! Même pour ton filleul, pas un cadeau, rien, nada !!! Monstre !

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