mardi 2 août 2011

It s oh so quiet.


J’adore travailler l’été.
Les parisiens désertent leur bureau pour fuir en Tunisie/Grèce/Picardie pour trois semaines de repos bien mérité où ils ingurgiteront le dernier Pancol en grillant au soleil et en écoutant le tube de l’été. Oh la joie des vacances estivales… Même pour moi qui suis partie aux Amériques  il y a déjà des millénaires, les vacances continuent grâce à eux.
En effet, ils abandonnent leur place dans le métro à ceux qui ont la bonne idée de partir hors saison. Depuis déjà deux semaines, je me paye le luxe d’étendre mes jambes dans la ligne 10 qui pourtant ne crache un train que toutes les 7 minutes.
Y’a vraiment personne, c’est génial. Et août sera encore plus désertique. On peut même aller dîner au B.I.A sans attendre deux plombes une place, il y a encore du pain à la boulangerie quand je rentre du boulot et le cinéma de châtelet est vide.

Je suis tellement détendue que je tolère la boulangère qui me demande comment vont mes rats domestiques. Je lui réponds sans soupirer qu’ils sont morts il y a deux ans et que ça fait deux ans que je lui réapprends cette tragique nouvelle régulièrement.
Elle se lamente sur la vie de mes pauvres bêtes sans même que je m’imagine lui insérer des baguettes dans les narines qu’elle a fort ouvertes, on voit son cerveau. Ah non, on m’indique en coulisse que c’est un amas de chaire collée à la boîte crânienne mais qu’aucune terminaison nerveuse n’a été détectée.
Quoi une boulangère complètement conne, c’est beaucoup trop cliché ? Bah c’est à elle qu’il faut le dire  hein, j’y suis pour rien…
Et ta coiffeuse elle est conne aussi, tu vas me répondre. Je confirme ma coiffeuse est une gourde mais elle coupe bien, alors je subis.

Bref, c’est tellement vide que même les caissières de mon casino, habituellement bondé de parisiens stressés dont les bras sont remplis de produits « casino bio » (laisse-moi rire, le pourcentage de BIO qu’il y a là-dedans), s’ennuient et se battent pour me faire payer mon paquet familial de croquettes pour chat-pourri-des-intestins, saveur foie de chèvre cirrhosée .
- oooh mais vous en avez combien des chats ? Ça en fait du poids…
- un seul et il est même pas à moi.
- Et benh…
Elle est vachement jolie cette caissière et c’est la première fois que je la remarque (note pour plus tard, ne plus jamais passer à sa caisse avec Monsieur Patate Frite, elle est définitivement BEAUCOUP TROP BONNASSE). D’habitude je suis trop pressée pour la voir.


Au boulot c’est pareil,  l’agence ressemble à une ville de la banlieue de Tchernobyl après évacuation, quelques concepteurs-rédacteur hagards cherchent leur binôme pour fumer un joint travailler sur la prochaine campagne du dernier client qu’il nous reste. 
Les demoiselles de l’accueil sont des intérimaires qui écorchent  à tel point nos noms que plus aucune lettre n’est commune.
La demoiselle du bar nous offre des cafés, les Directeurs ne savent plus quoi aller regarder sur leur black berry et les stagiaires enchainent les pots de fin de stage.

Pendant ce temps-là, Pamela et moi n’avons pas changé notre rythme de l’année : blogs , site de streaming en tout genre et livres en PDF, nous occupons notre temps comme nous le faisons depuis des mois, entrecoupant nos messages d’amour par msn de pozclopes bien méritées.

Nos pozclopes… havre de bonheur où j’apprends tout de la vie de ma compagnonne de bureau préférée : ses maladies nulles et inconnues, ses factures impayées qui l’empêchent de téléphoner deux semaines par mois, ses consommations de beurre hors de toutes proportions humaines.
Nous nous réjouissons d’ailleurs en cœur depuis des jours du départ en vacances de notre Chef tant aimé… le paradis des pozclopes qui n’en finissent pas, qui se prolongent par un café pour finir par un petit tour au patio. Matin ET après-midi. La joie. L’amour. La liberté.


C’était sans compter que nous n’étions pas les seules à glander sévère au sein de notre équipe, on se déteste tous à tel point là-dedans que souvent, nous oublions jusqu’à nos existences réciproques. Je ne serais pas étonnée de voir un de mes compagnons de bureau s’asseoir sur mes genoux un jour en s’étonnant de ne pas m’avoir vue.
Bref on glande TOUS, chacun à notre manière : Collègue Judas regarde des sites d’escalade (borrriiiiing), certains jouent au démineur, d’autres refont leur cv (la judicieuse occupation !), notre chef est sur facebook (ouais l’avenir de la boîte est entre les mains d’un type qui rajoutent 60 personnes par jours dans ses copains facebook, on est sorti de la fiente, je vous le dis) et collègue Logorrhée… parle.
Car pour elle, le temps passe plus vite quand on parle. C’est pas moi et mes pozclopes qui vont la contredire, le problème c’est qu’elle sous-entend par parler  « monologuer » sur les problèmes de pustules au cul de son chat…. Pendant des heures et des heures.  J’en ai déjà parlé ici.

Le travail s’est fait tellement rare que tout le monde s’en prend pour son grade. On est huit en ce moment, une heure chacun, elle fait sa journée. À tel point que chacun invente ses méthodes pour la fuir, je sens les épaules qui se crispent à chaque fois qu’elle approche, les têtes se baisser pour disparaître derrière les macs.
Le matin, j’arrive parfois juste après elle et avant tout le reste de l’équipe, elle me saute dessus comme un chat sur une boîte de thon et me vide goulûment de toute énergie. J’en suis venue à attendre dans le patio que mon chef arrive pour le suivre discrètement et n’entrer que lorsqu’il s’est lui-même fait attraper.

Le reste de la journée aussi, des techniques se mettent en place et s’affinent. Avec Pamela, nous devenons de vrais savons entre ses doigts, on glisse et fuit assez vite pour ne pas avoir à endurer sa présence. Direction Pozclope dès qu’elle se lève. Je n’ai jamais autant aimé avoir une amie fumeuse.

La Logorrhée est bavarde certes, manque sévèrement de psychologie à refuser à tout prix de comprendre que plus personne ne veut entendre parler de son fils, c’est évident. Mais elle est loin d’être conne et ne manque pas de suite dans les idées parfois.
Elle a bien remarqué qu’il y avait des attroupements dans l’entrée, que les gens y restaient au moins 10 minutes, le temps d’avaler leur fumée et de siroter un café. Des dizaines de victimes potentielles qui n’ont aucune raison valable de la fuir pendant au moins quelques minutes.
En plus, il y a un moyen très simple de les accoster, un système utilisé depuis la nuit des temps par les Street-dragueurs : l’emprunt de briquet.
Si gens à alpaguer il y a dans le patio, elle ira dans le patio.

Décision est prise : elle s’est mise à fumer et a commencé à faire le tour de tous les accros au tabac de l’agence avant de remarquer que des fumeurs, elle en avait tout prêt d’elle… elle s’est donc mise à attendre désespérément nos pozclopes pour nous y rejoindre.
Une manière idéale d’avoir deux séances de bla-bla par jour assurées, au minimum. Enfer.

Elle a repéré nos heures de déjeuner et se poste devant l’agence à 14h10 (elle connaît assez bien nos horaires pour savoir qu’on ne les respecte jamais et anticipe donc nos retards) et attend la cigarette à la main de voir apparaître la silhouette nerveuse de Pamela et la mienne, plus sombre  et plus grande telle une ombre, apparaître au loin.
« Alors, ça va les siamoises ? » lance-t-elle en nous voyant arriver.
Pas le temps de lui répondre, elle se lance déjà dans la description de la soirée de sa belle-fille minutes par minutes.

« Alors, ça va les siamoises ? », une phrase qui, prononcée la première fois, fut assez drôle pour me faire sourire sachant les différences physiques flagrantes existant entre la nerveuse Pamela  et mon physique plus heu… pulpeux (ouais mince blonde vs. Brune Gros cul, tu as bien compris).
J’ai eu le malheur de rire et depuis elle réitère cette blague chaque fois qu’elle nous croise.

J’ai l’impression qu’elle est partout, je n’ouvre même plus la porte des toilettes sans craindre de la voir assise sur le trône, j’hésite à entrer dans notre cantine du midi sans l’appréhension de la voir prendre le dernier panini aux légumes grillées. MON PANINI qu’elle volerait comme elle vole mes instants de joie « Pamelien ».

Les techniques de Sioux pour la semer deviennent de plus en plus difficiles à trouver mais nous y sommes encore parvenues ces derniers jours.
Alors elle a frappé plus fort : elle a proposé à Pamela de faire une pozclope ensemble à partir de ce jour. Iiiiiirk.
Elle tente de  souiller ma Vierge Pamela de sa fumée, fouler le sanctuaire merveilleux que constitue mon tête à tête avec elle. Mon moment de grâce de la journée… presque autant que quand Monsieur Patate Frite sort de la douche et traverse mon appartement pour chercher un combislip à carreaux.
Et si j’ai bien compris son plan, elle va en faire une habitude. Elle veut faire de nos pozclopes une réunion des trois mousquetaires. Officialiser enfin une pratique qu’elle comptait bien mettre en place durablement.

Je défaille à cette idée. Deux fois 30 minutes de monologue sur les croûtes de vagin de sa fille ou les incestes familiaux dans sa famille ou encore ses rendez-vous médicaux…
Non je ne défaille pas, je sombre carrément là.
Cette diablesse est en train de gâcher d’avance les marathons tabagiques que nous nous étions prévues en l’absence de notre supérieur hiérarchique.

Et moi qui pensais que mes journées d’imposteuse ne pouvaient pas être plus chiantes. Manque plus qu’ils nous coupent internet et je tente le suicide à la Elvis (pains frits/banane frites/beurre de cacahuètes dix fois par jour).

Finalement l’été va être très très long.



17 commentaires:

  1. Mince! Ca semblait bien parti pourtant. Une seule solution: ne pas la laisser parler. Un "tu nous fais chier" devrait suffire. Ca devrait la surprendre, puisque personne ne l'a encore fait. You can do it.

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  2. Ok je génuflexionne un coup et j'y vais... souhaitez moi bonne chance!

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  3. Résultat? Elle s'est mise à pleurer et tu as dû, dans un immense élan de pitié, la consoler?

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  4. Je crois que dans un accès de rage, Logorrhée a tué Ocytocine.

    Ou l'inverse et notre bloggueuse de l'amour est actuellement en garde à vue, la bave aux lèvres et du sang plein les mains, répétant inlassablement "La salope, fallait pas s'attaquer au pozclopes"

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  5. Pretexter une pause lesbienne dans un endroit caché genre le toit?

    Je suis quand même partisan du "Hey Logorhée! Tsais quoi? ON - S'EN - FOUT "
    Par contre faudra résister quand elle se mettra à pleurer.

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  6. Hin hin hin c'est presque ca les enfants. figurez vous que non contente de nous parler de sa petite fille, elle nous l' a apporté hier soir!

    J'ai noyé le nourrisson dans du rosé avant d'enfoncer la totalité d'une boite de Pringles dans le rectum de ma collègue.

    Bon non en vrai j'ai fui. Je suis lâche...

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  7. L'enfer au taf... Dis toi que ça pourrait être pire... Genre une de tes proches amies que tu surkiffes qui en un an devient completement égocentrique, caractérielle et paranoïaque... ET QUI TE LE REPROCHE!!! Non Mais WTF????!!!

    Pardon j'ai un peu débordé là...

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  8. Déborde donc mon petit Pedro, on est la pour ça!

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  9. Je me permets un petit rectificatif parfaitement anonyme : mes maladies sont LOIN d'être nulles, puisque je fais la joie des médecins urgentistes! Quel honneur, chaque fois que je débarque à l'hosto, de voir débarquer une douzaine de stagiaires curieux appelés pour voir LE cas improbable. En tout cas, même en s'y mettant à trois CHU (oui du coup ils se refilent le cas rare comme on se refile une adresse de blog pour ne pas s'ennuyer au boulot... J'ma comprends, HIN!), PERSONNE n'a pu m'expliquer pourquoi mon rein droit avait "explosé comme un fruit trop mûr". Ni pourquoi ma pneumonie s'était déclenchée en moins de 2H au lieu des 4 jours habituels... Moi je crois que j'ai un mental qui déclenche tout ça comme un grand, mais je ne leur dit pas, je risquerais de leur gâcher leur bon plaisir!
    Amis Doctissimo, bonsoir!

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  10. PAMELA, tes maladies sont dues a ton mental ET à ta consommation ahurissante de gras et de sucre dans la café.

    Ton corps, par l'explosion intempestive de ton rein, n'a fait que sagement te prévenir: cesse donc de manger comme une Texan obèse et consomme 5 fruits et légumes frais par jour. Nos mentions sanitaires ne t'ont donc pas alarmées? N'es-tu jamais allée sur mangerbouger.com?!

    Reprend le sport, galope comme tu le fais si bien dans ta série, la mamelle ballottant au vent, dans ton maillot de bain rouge taille enfant.

    Que deviendrais-je sans toi s'il t'arrive a nouveau malheur?

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  11. Ah bon???
    Il me semblait justement que je devais ma survie (en entreprise) à ma haute consommation en beurre à la fleur de sel de Guérande! (et non pas en gras, rien à voir du tout du tout). Toute une éducation bretonne à refaire…

    "5 fruits et légumes frais" & "mangesitubougetoncul" c'est de la publicité mensongère ça, non? Me serais-je trompée d'orientation professionnelle? Aaaaah… bah finalement oui. Ca se confirme ma bonne Lucette!

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  12. Du gras dans le café ? Vraiment, Pamela ? ...

    Sinon, ben pretextez que vous allez chez le dentiste/gynéco/proctologue/[tout autre praticien sadique] pour vous débarrasser de Logorhée, et allez fumer plus loin (oué, donc vous allez chez le médecin 12 fois par jour ... la santé c'est important, c'est pas Pamela qui dira le contraire) ... elle voudrait quand même pas venir ... si ? ...

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  13. Un combislip ? Ouatizdat ???
    (je suis là incognito, j'ai pas le droit de faire de l'internet pendant les vacances)

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  14. RHAAAAAAAAA Celeeeeeeeeeste * jette son soutien gorge de fanatisme aigu (et de love aussi)*.

    Combislip: Un nom nulle pour un boxer inventé par Pétronille du beulogue (un blog SO drolatique).

    PS : je m'emmerde, reviens raconter le Pois Chiche

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  15. Agathe : Le gras, Pamela en met même dans son dentifrice.

    Et la Logorhée nous suivrait très certainement chez le proctologue en nous racontant ses problèmes d'évacuation avec moult détails "pour pas qu'on s'ennuie dans la salle d'attente".

    PS : elle vient de m'attraper une demi-heure sous prétexte de parler littérature. Mais en fait elle a parlé de livre de vampires.
    H.
    E.
    L.
    P.

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  16. SI elle te parle de Twilight, j'ai un site pour toi ... http://fuckyeahtwilightsucks.tumblr.com/ ... ca devrait l'occuper, et toi aussi par la même occasion

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  17. Bon, vu que tu l'as toujours pas lâchée dans la fosse d'un concert de Punish Yourself (ou un championnat de pogo, avec un peu de chance, elle finira en steack tartare), appelle Joe la Mouk, ou les collègues de l'informatique pour dénicher ses dossiers scabreux qui doivent bien traîner sur le ouèbe, et vive le chantage !

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