vendredi 22 juillet 2011

« Let's Go To Bed avec une camomille et un bouquin, c’est mieux » comme dirait The cure.


Comme je te le disais dans le chapitre précédent (« Previously on Mademoiselle Ocytocine… » dirait la voix Off), à l’heure où le bug de l’an 2000 faisait trembler les consciences et les nokia 3310 et où la mode était aux Chaussures Buffalo compensées, j’ai zété gothique.

Comme tu l’as appris avec effroi, j’ai été gothique pour serrer du type à cheveux longs.
Être de noir vêtue dans la rue n’était pas suffisant, l’homme capillo-sexuel ne se jetait pas à mes pieds en sortant de la boulangerie… Si je voulais attraper il me fallait entrer en chasse.
Muy bien. J’ai toujours été une femme de poigne qui ne ménage pas ses efforts pour dire non après pour avoir ce qu’elle veut.
Alors j’ai fait une étude de marché, interrogé une troupe de joyeux amis de Satan à châtelet, visité les magasins spécialisés, ramassé les flyers pour me renseigner sur l’endroit où se trouverait la plus haute concentration de poils de tête.
Et où est-ce qu’on attrape du mâle tout de skaï et piercings vêtu à la tignasse moelleuse? Mais en soirée gothique mon bon ami ! Bien sûûûr.

Alors en soirée gothique je suis allée. (Rationalité –réactivité – agressivité – sexualité)

Le principe.
Ne t’inquiète pas jeune païen, toi qui n’a jamais connu que la boîte de nuit de ton camping du Grau-du-Roi avec panaché, frites à la mayo en barquette et tubes de Claude François,
Ne tremble pas toi non plus, qui n’a jamais vu autre chose que les usines parisiennes avec 45 salles/45 ambiances type « Bains-douche »,
… finalement la soirée gothique n’est pas si différente.

Sache juste qu’entre nous on dit « aller en soirée. Point. », pas besoin d’aller préciser que c’est pas une soirée « sushis maison & Monopoly » ou « années 80 & aliments rouges ». Une soirée goth pour un goth c’est un pléonasme pas une soirée à thème.
(Par contre ça sera à coup sûr une soirée déguisée, mais ça tu n’en prends conscience qu’à partir de 21 ans).
(Ce qui ne t’empêche pas de continuer à y participer).

La soirée goth donc, ne diffère d’une boîte de nuit que par la musique qui y passe et du look des gens qui la fréquentent. Pour ce qui est de l’odeur ambiante de vieille loutre faisandée sous une pierre depuis deux semaines, la queue de trois kilomètres au vestiaire ou le prix ahurissant des consommations, tu ne serais pas dépaysé outre mesure.

Le lieu.
 Certainement pas une salle lambda, trop terre à terre. T’as le choix entre l’eau (type péniche Concorde) ou le sous-sol (genre cave Le Chapelet)… ou à la rigueur, si t’es vraiment un guerrier et que tu as une voiture, un château tout naze dans une province toute naze (aucun parti pris parisien dans cette remarque).

Les horaires.
L’arrivée en fanfare en convoi mortuaire.
Une soirée goth commence à minuit au plus tôt, se pointer avant c’est la loose. T’es un animal nocturne ou pas ? T’es un vrai ou pas ? Faut savoir ce que tu veux !
Avant tu vas au Furieux ou au Black dog pour commencer à téter du sang de la kriek puis tu files au mac do te remplir le ventre en évitant de renverser la sauce des potatoes sur ta jupe en soie.
En plus tu feras le bonheur des autres clients qui te dévisageront en se demandant comment tu vas caser ton 280 et ton big mac dans ton corset très serré.

Si tu es comme moi une marmotte qui s’endort même la tronche collée à l’enceinte au jour de l’An, je ne saurai trop te conseiller la sieste post-goûter. Parce qu’il va falloir tenir quelques heures.

La Fuite.
Partir TOUJOURS avant le lever du jour. Oh tu ne fondras probablement pas aux premières lueurs du soleil même si tu t’es collé des fausses dents de vampire, mais ton maquillage, lui, il a fondu et en dessous… bah c’est la lune et vaut mieux qu’elle n’ait pas rendez vous avec le soleil. Sinon c’est la rupture assurée.

La fréquence
Elle se réduit proportionnellement avec le nombre des années.
Bon déjà parce que tu te remets moins vite des excès du week-end d’avant. Boire de la vodka-grenadine, te tenir perchée sur 15 centimètres de talons et gigoter pendant des heures relève du marathon à partir d’un certain âge.

La fréquence est inversement proportionnelle à la bonne validité de ta carte d’identité.
Quand tu as moins de 18 ans tu pries pour qu’on ne te demande pas de la sortir sous peine de te faire envoyer te coucher manu militari.
A 25 ans tu pries pour qu’on te demande de la sortir ta carte, ça te fait te sentir encore fraîche et jeune et belle.

Les protagonistes.
Chez nous on a toujours fait par groupe d’une bonne demi douzaine pour :
1/ Moins s’emmerder si y’a que des moches.
2/ Payer moins cher de taxi (dans le métro à 6 heures avec un corset et des talons ? T’es vraiment sûr de tenir à ton frifri ?).
3/ Se sentir moins con avec la tenue de Morticia Addams dans la rue.

Dans le noyau dur il y a toujours.
La VRAIE : Celle qui adooore danser, adore les soirées, connait tout le monde et tout ce qui s’y passe. Elle finira par soit travailler au bar (ce qui t’arrangera pour les conso à l’œil) soit mixer (ce qui t’arrangera car tu aimes qu’on passe toute la discographie de The Kovenant pour bouger le croupion).
La CHAUDE : Celle qui est là pour se taper du mâle/de la gonzesse et qui finit immanquablement par être la seule qui rentre bredouille car trop agressive avec les amoureux du noir romantisme.
L’ETERNELLE OPTIMISTE : qui croit toujours que ça va être merveilleux et qui s’ennuie au bout de 30 minutes et passe sa soirée à fumer des clopes à l’extérieur avant de venir taper un roupillon sous un banc en attendant les autres.
LA NEOPHYTE : Y a toujours une copine non-goth qui rêve de découvrir une soirée et qui troque sa doudoune rose pour un haut à toi qui lui va mieux a elle et t’accompagne dans cette folle aventure en couinant et tapant des mains.
Tu la repères facilement, c’est la seule qui s’extasie encore sur le Mec-En-String (parce qu’il y en a toujours un, et le plus flippant c’est que c’est jamais le même).
LE VRAI : Il est bien plus looké et féminin que toi et il t’écrase en matière de trémoussage comme en matière de connaissance musicale. Il pourra te refaire toute la play list de la soirée en ordre chronologique et c’est bien le seul que le son a intéressé. C’est pas vraiment ton pote mais il a ses entrées et connait pleiiiiin de beaux garçons.
LE METALLEUX : Il s’obstine à venir en soirée alors qu’il déteste danser, il passera son temps à faire le piquet sur le côté et se gaver de bière avec ses autres copains chauffeurs de siège comme lui. Car oui les métalleux sont légion dans ces soirées, une longue file de types droits comme des piquets qui attendent patiemment que ça passe.
Mais pourquoi viennent-ils pardi ? Et bien pour les filles… Et après deux heures d’hydratation au houblon, ils se regroupent et deviennent une véritable nuée de charognards qui te tombera dessus à peine ton cul posé sur une chaise.

Les fringues.
Une des grands principes fondateur de la soirée goth est celui-ci « Peu importe que tu aies l’impression d’avoir l’air d’une pute devant ta glace, arrivé là-bas, il y aura toujours pire que toi. » Il y a même des chances que tu passes pour une enfant de chœur et que tu regrettes de ne pas avoir fait pire.
C’est le moment de se lâcher : corset, plateformes à talons aiguilles, jupes taille enfant, maquillage outrancier, c’est le jardin d’Eden de la sape sexy.

Seul impératif ? Que la dominante soit le noir. Ca va, ce n’est pas ingérable.
Par contre là où il faut être malin c’est qu’il faut allier le style et le pratique.

Car il y fait particulièrement chaud donc si tu ne veux pas finir par sentir le cageot de poussins, tu as intérêt à faire léger. D’ailleurs au fur et à mesure des soirées, tu réduis le nombre et la taille des vêtements. J’en veux pour preuve nos bas de tenue : on a commencé en pantalon pour passer aux jupes longues, puis courtes puis minimalistes pour finir carrément en boxer.

Tu réduis aussi significativement la taille des chaussures pour ne pas mourir des pieds passé la première heure.

Tu te munis enfin d’un "trukàpoche" pour garder maquillage, déo et thunes de secours que tu vas te trimballer et utiliser tout au long de la nuit.

En gros pour bien faire, une soirée goth faudrait la faire en culotte et en basket et avec un sac de randonnée (mais ce n’est pas très élégant.)

Le dancefloor.
- Tu y passes tout ton temps pour éviter les métalleux/charognards (qui pourtant ont les cheveux longs aussi mais qui sont définitivement trop bourrés et suants et pas à l’aise. Cette race tu ne l’attaques que dans les concerts, leur véritable élément).

- Tu y trouves ton bonheur masculin en allant te frotter au premier gigoteur pas trop dégueulasse physiquement. Tu ne lui parles pas la musique est trop forte et puis ça casserait le mystère de ce tortillage de fion commun.
Oui, bien sûr, tu ne sauras jamais le prénom du machin à qui tu as roulé des pelles toute la soirée, mais est-ce bien important ? Pensais-tu vraiment accoler son prénom au tien sur un faire-part ?
Quand tu reparleras de lui (ce qui sera rare) tu diras le « type de la soirée + lieu + date (facultatif. Uniquement si tu es une grosse chopeuse. Pour ma part il me suffit de préciser l’année).»

- Tu y chercheras tes copines que tu perds toutes les quatorze secondes. Attention aux bracelets à clous quand tu traverses la piste, tu risques l’énucléation et/ou l’éviscération à chaque pas.

La copine CHAUDE est celle que tu trouves en premier grâce aux hurlements : c’est celle qui tente vainement de faire entrer un jeune éphèbe vêtu de noir dans les toilettes des dames pour inspection de son caleçon en cuir.

- Tu y dénicheras ta copine NEOPHYTEqui tente désespérément de prendre une photo du Mec-En-string pour la soirée diapo du samedi d’après son baptême de soirée Gôthe comme elle dit.
Tu l’as soigneusement ignorée quand elle t’a demandé de prendre une photo d’elle avec un serveur aux lentilles de contact blanches et aux locks vertes.
« Ohlalalalala t’es trop coooool toi, on peut prendre une photo ? » a-t’elle gloussé au pauvre homme-reptile blasé qui a accepté en soupirant.

- Tu y détesteras les filles qui hurlent « C’est ma CHAAAAAAAAAAAAAANNSOOOOOOOOON iiiiiiiiih !» en se jetant sur la piste dès qu’elles entendront du Marilyn Manson ou du Rammstein.


Le résultat :
Tu ne repars JAMAIS seule : La douleur à la voûte plantaire et les boutons plein la gueule seront tes compagnons de nuit. La soirée goth, tu en portes les stigmates de la tête aux pieds.

Il y a des chances que tu finisses pieds nus dans le premier train/métro, fourbue, avec une tenace envie de bain et de chocolat chaud.
Par contre les galipettes ne te tentent pas et c’est tant mieux car les goth sont loin d’être connus pour leur vivacité de la coquillette.
En vrai si t’as réussi à discuter deux minutes avec un type pas trop gerbant c’est déjà pas mal et si t’as roulé des pelles à un gars à crinière ET à la langue bifide c’est le gros Jackpot.


De la soirée goth à la soirée fetish’.
Ton intérêt de la soirée goth finira par mourir avec tes jeunes années. Quand tu commences à croiser ton petit frère sur la piste qui discute de son bac avec une « Color goth » déguisée en étudiante japonaise Bondage de maxi 14 ans, c’est pas bon signe, il faut passer à la vitesse supérieure.

A partir du moment où tu passes les Catherinette, tu décides de devenir plus trash. (Rectification : Mes copines sont plus trashs depuis leur 26 ans et moi je les suis.) Tu décides donc de passer à la soirée Fetish en te disant que là ça va niquer sévère et que ça va être plus marrant à regarder (et techniquement à tripoter).

Détrompe toi, hormis un couple d’exhibo de 45 ans qui se trifouille dedans la culotte pour retrouver des sensations perdues après la naissance du petit dernier, une paire de soumis qui se font écraser les couilles à coup de talons et le Mec-En-String (qui est là ici aussi) qui se pavane la croupe à l’air, on est à peu près dans la même configuration que la soirée goth. Et avec les mêmes gens. Mais en plus vieux. *Soupir*.

4 commentaires:

  1. hiiii je veux aller en soirée fetiiiiish ^^
    je veux une photo avec un pony boy (dont je viens d'apprendre la curieuse existence)

    Luv

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  2. Pas mieux... Un petit peu l'histoire de ma folle jeunesse :)

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  3. Énorme, un excellent résumé de ma petite vie début 2000.

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