mardi 12 avril 2011

Mouton a cinq pattes d’accord. Mais bouc, certainement pas.

Après ca, on a fait une pause Ricorée, l’ami du petit déjeuner et du brainstorming nocturne.  
Mon cerveau est très friand de la chicoré, à haute dose, mélangé à du lait et sans sucre. Surtout pas de sucre. Yerk. C’est comme le nutella sur le pain : ca n’a pas de sens.
Ma honte a pourtant dit a tout le monde que  la Ricorée c’était une boisson de vieux, qu’il fallait boire du nespresso en capsule polluante mais sexy ou du thé très cher en vrac. J’aime bien les deux. Mais je préfère la Ricorée.
Elle nous a aussi dit que trouver Pascal Obispo totalement fuckable n’était pas normal. Mais là encore on ne l’a pas écoutée, ma libido a encore des posters de lui accrochés dans sa chambre, c’est pour dire comme on ne l’écoute pas.

Le chat s’était mis en tête d’entamer une toilette du dessous de pattes, on entend slurp slurp slurp,  il restait encore un peu de temps avant que je sombre dans l’abîme.
Alors on s’est rassis, et jacques a repris :
- « Si tu veux vraiment distribuer le love à très très grande échelle, le genre d’échelle ou même ton professeur d’histoire de sixième, monsieur Millet, il reçoit ton love en temps réel… je te conseille d’ouvrir un compte  facebook. »
Il a dit ca très fièrement en remettant sa mèche sur le côté d’un coup de tête. Ca a fait bouger ses lunettes années 80 à monture en écaille. Il a un sale look de pubeux bobo Jacques, un peu comme Julien Doré.

Tressaillement de surprise et  d’horreur de toute la salle. Ils se sont immobilisés, ont levé  leur stylo du bloc-notes où ils gribouillaient toutes sortes de frises et de sudoku géants.
Un « oh » stupéfié est sorti de la bouche de tous les participants, suivi d’un silence consterné.
Plus un bruit n’est venu  troubler le silence de la War Room hormis le grincement de ma confiance en moi qui se rongeait les ongles plus fort que jamais et mon complexe acnéique qui a lâché une bouteille d’eau précieuse sur le pied de son voisin. Personne n’a plus osé bouger ou même se regarder.
Jacques avait brisé, sans le savoir,  un tabou interne. Il avait remis sur le tapis une ancienne  lutte acharnée entre ma curiosité malsaine et mon intégrité. Une lutte qui avait fait des blessés.
Je me raclai la gorge avant de répondre au créatif zélé :
-« Jacques, tu n’étais pas là à la dernière réunion consciente avec nos amis qui nous réclament régulièrement sur ce site, alors je ne te renverrais pas tout de suite faire le zouave chez mon Surmoi. Tu sais comme j’aime tes projets de cauchemars sur mes ex copains que je brûle à l’acide, non non c’est  vrai, tu es un cador et je respecte tes pistes.  Mais là… facebook… tu te lâches. T’es dans le conscient mon grand, ici on ne peut pas tout penser comme ca…  Sache qu’on en a déjà discuté  au cours d’une précédente assemblée générale. Ma pudeur a mis  son veto quand on évoqué l’idée. Elle craint que, comme les autres, nous  affichions nos résultats de frottis dans nos comm'. Elle a peur que notre copain « like » ces résultats. Elle tient au romantisme…
-  Et c’est bien la seule, chuchota ma libido.
- Lorsque l'on a évoqué l’idée des photos de vacances en maillot de bain, repris-je, elle a fait une dépression. Quant à notre jalousie… elle a dit qu’elle exciserait la première femelle qui déposerait un commentaire tendancieux sur la page de notre mâle de compagnie. Tendancieux au sens large du terme. Très large. « Ca va ? »  EST tendancieux. Notre ennui a entamé une grève de la faim, il est déjà malmené par le sujet depuis des années, si tu savais le nombre de photos de bébés/collègues de bureau de copines/anniversaire de beau frère de la tante par alliance de mon cousin/etc.  il a du se coltiner sur les comptes des autres… Il est actuellement sous perfusion de livre de Garcia Marquez pour reprendre un peu de poil de la bête. 
Nous sommes tous d’accord, nous voulons donner du love en grande quantité mais étaler notre vie véritable sur la toile, que notre patron apprenne ce que l’on pense de lui et de ses régimes protéinés a la sauce Dukan, de ses techniques de management sorties de pochettes surprises n’est pas convenable. Nous acceptons d’être une pute mais dans certaine limite. »
Ma libido a protesté. Elle a été la seule.
Nous avons voté contre le facebook à toutes les voix contre deux, celle de Jacques et celle de ma libido qui a voté pour qu’on demande pascal Obispo comme ami. Je lui ai promis d’aller sur le site du fan-club officiel dès ce soir.

1 commentaire:

  1. Une cage en os, du rose vintage, et une bonne narration : on est bien chez toi, oui !

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